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L'En Dehors


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De quoi témoignent les sans-papiers grévistes
Lu sur Claude Guillon : "Je reproduis ci-dessous les témoignages figurant dans le deuxième numéro du Journal des occupants du chantier de la rue Xaintrailles (mai 2008), que l’on m’a remis au Salon du livre libertaire de Paris.

Les travailleurs sans-papiers de ce chantier de démolition du XIIIe arrondissement de Paris sont en grève depuis le 15 avril 2008. Ce site a fait l’objet d’une attaque de militants fascistes ; ils ont blessé à coups de barre de fer une personne faisant partie du comité de soutien.

Le mouvement de grève des sans-papiers continue à s’étendre, y compris contre la volonté limitante de la CGT et les réticences de telle ou telle organisation (J’en prends 100, pas plus !). Bien au-delà de la question de la régularisation, évidemment centrale pour les principaux intéressés, la grève des sans-papiers fait apparaître au grand jour le fonctionnement réel de l’économie : importation hypocrite de main-d’œuvre, surexploitation, et patrons dans l’illégalité. Le capitalisme se moque de ses propres règlementations, même s’il préfère encore les supprimer (voir le nouveau code du travail). La grève des intermittents du spectacle avait, de la même manière, révélé au plus grand nombre le rôle économique des intermittents et précaires sur lesquels repose plusieurs secteurs d’activité (spectacles, donc tourisme, donc restauration, etc...).
1.

Kande Diarra : Je m’appelle Kande Diarra. Je suis arrivé ici le 4 août 2001. Bon. Bon, quand je suis arrivé ici, heureusement qu’il y avait ma grande sœur, car j’ai passé un an sans trouver de taf et tout. C’est elle qui me donnait de l’argent pour manger, acheter des habits, des cartes orange et tout. Après j’ai trouvé un taf dans une société de démolition. Depuis que j’ai commencé à tafer, y a aucun problème, le patron est quelqu’un de très gentil, c’est un portugais. Bon. J’ai fais 7 ans 1/2 dans une entreprise. Bon. A la fin 2007, c’était le 1er décembre, on était six personnes sans-papiers. On partageait le chantier avec d’autres qu’on avait fait venir parce qu’il y avait trop de boulot. Bon. Des collègues sont montés dans une camionnette de la société et ils se sont fait arrêter en chemin. On avait un chantier à 150 kilomètres d’ici, quand on est arrivé les flics étaient déjà là. Ils ont fait arrêter la camionnette au péage, et ils ont arrêté deux amis qui avaient pas de papiers. Ils les ont emmenés dans le commissariat. Après le patron il est intervenu pour savoir qu’est-ce qui se passait. Il a été mis en garde à vue lui aussi ! Une heure de garde-à-vue. Après, quand ils l’ont relâché, ils ont aussi relâché les autres. Les patron nous a prévenus que les policiers savaient qu’il y avait des sans papiers. Ils nous a dit de faire des photocopies de nos papiers et de les envoyer à la préfecture pour qu’elle vérifie. On a fait une petite réunion. Après, il nous a expliqué qu’avec ce problème là on est obligé d’envoyer des photocopies. Moi je lui ai dit que c’était pas la peine, que je savais que ma pièce était pas bonne. Tout le monde a répété la même chose. Après, le patron il a dit qu’il a pas le choix, que maintenant il est obligé d’arrêter sinon ils vont fermer l’entreprise. Bon. On a arrêté. Le patron connaît pas les démarches. C’est pour ça qu’on est parti voir le syndicat. Il a appelé le patron pour lui dire d’aller se renseigner à la préfecture. Après, il est parti là bas, et il a pris un avocat. Il a dit que la promesse d’embauche c’est pas la peine, ça fonctionne pas. Après, il n’y a rien qui avance, jusqu’à cette grève là. Je crois qu’avec cette grève là ça va s’arranger.
2.

Sadio Dramé : Je m’appelle Sadio Dramé. Depuis que je suis venu en France, je suis venu pour travailler quand même. Mais si t’as pas de papiers t’as pas de travail. Donc on a fabriqué un faux, pour travailler avec. Des fois tu trouves du travail, des fois tu trouves pas. J’ai pas trouvé pour travailler avec une boîte, mais je travaille avec une société d’intérim. Cinq ans. Je travaille pour « Lang TP », dans le métro. Je suis venu en France depuis 2000. J’ai pas de papiers, je peux pas repartir, et j’ai pas de moyens ici. J’ai trois enfants au pays, et cette année ils vont devoir quitter l’école parce que j’ai pas d’argent pour leur envoyer. C’est ça. Ici j’ai de la famille, un grand frère et sa femme, mais je vis tout seul. Comme je suis intérimaire, je suis allé voir mon patron, ils ont regardé les documents à remplir et ils m’ont dit que non, ils pouvaient pas remplir les papiers que la préfecture demande. Le contrat ils le donnent pour un mois, et depuis huit mois ils ne m’ont pas fait travailler. Alors comment je fais pour gagner mes papiers ? Pour manger, je vais voir mon grand frère, ou mes amis. Ils me prêtent de l’argent. Mais pour sortir chercher du travail c’est une galère, parce que j’ai pas d’argent pour les tickets, et j’ai peur de voler. C’est vraiment la galère. C’est trop de soucis. Trop. Trop. Je peux pas appeler ma femme tellement je suis galère. Parce qu’à chaque fois qu’elle me demande quelque chose je peux pas lui envoyer. C’est dur la vie ici. Depuis que la grève est commencé, quand j’appelle mon patron il me dit : quand tu auras tes papiers, reviens travailler. Mais comment je peux avoir mes papiers si il ne veut pas remplir les documents pour ça ? C’est bizarre. J’ai le souci, c’est obligatoire. Je suis en grève depuis un mois.

Ecrit par libertad, à 21:55 dans la rubrique "Actualité".



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