Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Le cas des « chasses aux sorcières » Deux siècles de sexocide.

Lu sur Indymédia Paris : "C'est sur un fond de troubles que paraît en 1486, directement inspiré par la bulle papale Summis desiderantes affectibus d'Innocent VIII, le Malleus maleficarum. Ses auteurs, les inquisiteurs Henry Institoris et Jacques Sprenger, ont le sentiment de vivre la désintégration d'un monde : « Au milieu d'un siècle qui s'écroule, l'hérésie des sorcières, attaquant par d'innombrables assauts, réalise en chacune de ses oeuvres, son incarnation totale »

Ce livre se révèle être l'un des éléments déclencheurs des deux vagues de persécutions des sorcières perpétrées par l'Inquisition et par les différents parlements. Ils y font une lecture démonologique centrée sur le maléfice, puis anthropologique et sexologique accablant la femme, accusée d'être la complice de Satan. La théologie s'est alors muée (mais est-t-elle fondamentalement différente aujourd'hui ?) en une idéologie amalgamant hérésie, folie et frénésie sexuelle. Le modèle démonologique de « la femme au diable » est né, aussitôt pris en charge par l'imprimerie, c'est-à-dire véhiculé par une abondante littérature d'où se détache le traité de Jean Bodin Démonomanie des sorciers (1580). Dans les premières sociétés néolithiques matriarcales, la femme avait socialement, le rôle le plus important. A l'ère chrétienne, les religions et croyances anciennes sont le diable de la nouvelle et c'est pourquoi le christianisme associa les femmes à des rôles maléfiques. Ce qui explique la prépondérance sur les bûchers des sorcières sur les sorciers. la chasse aux sorcières fut donc la répression des croyances ancestrales des cultures populaires par le pouvoir religieux augmentée d'un vaste mouvement de répression de la sexualité féminine et même, de la femme ensoi. A tel point que certains historiens parlent d'un « gynocide » ou encore d'un « sexocide » selon l'écrivaine Françoise d'Eaubonne dans Le sexocide des sorcières (1999). La phrase de Michelet extraite de son plaidoyer La Sorcière (1862), illustre bien l'ampleur de la persécution dont elles ont fait l'objet : « pour un sorcier, dix mille sorcières » Démontrant l'acharnement des inquisiteurs à juger et parfois brûler des femmes plutôt que des hommes, car entre 70 et 80% des condamnés au bûcher étaient des femmes. La sorcellerie serait donc en partie due à une misogynie tenace autant dans la culture populaire que dans la culture savante, principale responsable de cette extermination. Elles y sont rendues coupables, comme dans la bible avec la figure d'Eve, de la dénaturation de l'être humain en général, et de l'homme en particulier. Il apparaît souvent, au cours des procès du tribunal de l'Inquisition, une dimension sexuelle importante. Ces faits sont à mettre en relation avec les valeurs socioculturelles que l'Eglise et l'Etat tentent d'implanter dans l'esprit des ruraux et dans les fondements de la culture populaire. A travers la persécution des femmes s'exprime une répression plus générale de la sexualité. Les missionnaires de la réforme catholique combattent la relative liberté des mœurs qui existait dans les campagnes avant 1550. Ils imposent au monde paysan des « freins sexuels » efficaces. Les « aveux » extorqués par la torture aux prétendues sorcières peuvent être interprétés par rapport à cette lutte puritaine bien réelle. La copulation avec Satan, ou avec des démons, rappelle la survivance dans le monde rural des « fiançailles à l'essai », des concubinages, que veulent extirper de la culture populaire les autorités. Le sabbat, cette « fête sacrilège », n'est que la transposition diabolique des fêtes populaires multiples qui débouchaient fréquemment, l'ivresse aidant, sur des débordements sexuels. En fait, les multiples péchés imputés aux sorcières résultent d'une insatisfaction profonde des missionnaires devant la résistance d'une conduite sexuelle paysanne qui ne se coule pas suffisamment dans le moule théorique véhiculé par la réforme catholique du concile de Trente. Les procès en sorcellerie, dans ce contexte, permettent de culpabiliser les foules en reliant au diable la femme et la sexualité hors mariage. Dans le Malleus Maleficarum qui inspira ces vagues de répressions, les femmes sont l'emblème de la luxure. Avec elles, la sorcellerie prend la forme d'une débauche sexuelle : orgies, accouplements contre nature avec le diable, la sorcière est succube, fécondable par le diable et susceptible de donner naissance à des êtres démoniaques en transgressant les lois chrétiennes de la procréation. Les sorcières révèlent également en creux les angoisses sexuelles profondes de l'imaginaire masculin : elles sont supposées sectionner le membre viril des hommes à des fins rituelles, attenter à leur puissance sexuelle, ou encore, comme dans certains récits, engloutir des hommes par leur vagin (n'est-ce pas typiquement freudien ?).

Nombres d'historiens, et principalement Jules Michelet (1798 - 1874) dans La Sorcière, affirment que la pratique de la sorcellerie était l'expression d'une marginalisation volontaire, d'un refus de l'impérialisme religieux et d'une rébellion antisociale. Une révolte naïve de la culture populaire rurale contre les oppressions de l'Eglise et des élites urbaines et savantes, car c'est majoritairement dans les zones géographiques en cours de christianisation et dans lesquelles le pouvoir religieux était faible, dans les zones tardivement conquises, éloignées des centres de décisions et aux confins de la chrétienté qu'ont proliférés ces marginaux rebelles hostiles aux efforts de normalisation, d'intégration et d'acculturation déployés par la réforme catholique et le pouvoir monarchique. En effet, l'impiété est à l'époque baroque, un acte de rébellion. La sorcellerie peut donc être vue comme la réaction de la marginale qui sait son mode d'existence et sa liberté menacés par un nouvel ordre des choses imposé par les autorités religieuses. Loin de la considérer comme la manifestation d'un obscurantisme archaïque ou comme d'absurdes superstitions, Michelet voit dans la sorcellerie à la fois la conséquence de la misère des « temps du désespoir » et l'expression d'une révolte. La naissance, en réaction a l'impérialisme du dogme chrétien, d'une contre-culture féminine ancrée dans le paganisme -à qui l'Eglise et l'Inquisition font la guerre- pour mieux rejeter l'ordre moral chrétien. Seulement, nous pouvons voir que pour l'Eglise et les monarques européens, la plus grande menace est tout simplement la femme. Le pouvoir, les hommes et parfois même les femmes aiment voir le genre féminin comme la raison de leurs malheurs. Comme si la femme portait en elle le germe de la subversion.

Extrait de Non Fides N°1

Contact : non-fides@hotmail.fr Forum : http://s188024357.onlinehome.fr/foro/index.php

Ecrit par libertad, à 18:59 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Rakshasa
11-03-08
à 22:35

"Les sorcières révèlent également en creux les angoisses sexuelles profondes de l'imaginaire masculin"
Non, plutôt les angoisses des curetons. A cette époque il y a aussi bon nombres de gnostiques et libres penseurs hommes qui payent cher, sur le bucher ou le billot le fait de ne pas avoir ces craintes, Walter de Hollande, Quintin, Eloi de Prystinck y passent entre autres. A priori les historien-ne-s s'accordent sur le fait qu'un homme pour trois ou quatre femmes aurait été brûlé. Donc, craintes de certains hommes et particulièrement des chrétiens, pas du genre masculin dans sa totalité.
En fait ici, les auteur-e-s de ce texte adoptent le point de vue du bourreau pour défendre la victime,  car en effet des sorcières il n'y en avait que dans la tête des curetons et autres inquisiteurs.

Dans la même veine:"La naissance, en réaction a l'impérialisme du dogme chrétien, d'une contre-culture féminine ancrée dans le paganisme"
Idem, il n'y a de contre-culture féminine à l'époque que dans l'esprit des tortionnaires de l'Eglise qui vont construire ce mythe, cette théorie du complot féminin des sorcières, dans la même lignée que le délire sur Eve, la pomme et tout le baltringue.

Ou encore: " Seulement, nous pouvons voir que pour l'Eglise et les monarques européens, la plus grande menace est tout simplement la femme."
Non, c'est encore prendre pour argent comptant les dires de l'Eglise. Que la femme soit un danger pour l'Eglise c'est un alibi. Ce n'est pas la femme que "nous pouvons voir" comme danger pour l'Eglise, c'est l'idée de la femme que se construit l'Eglise qui est dangereuse pour elle-même.
Pour comparaison, et on ne pourra taxer de point Godwin celle-ci, c'est comme si l'on admettait, parce que les nazis l'ont écrit que les juifs étaient un danger, qu'ils étaient une contre-culture dangereuse. Ce sont les nazis qui ont construit cette idée. Tout comme c'est l'Inquisition qui a produit le mythe des sorcières et sa répression bien réelle celle-là.
Ce qui est dangereux pour l'Eglise c'est celles et ceux qui n'en sont pas quelques soient leurs genres.

Enfin: "Comme si la femme portait en elle le germe de la subversion."
Evidemment que non, aucun genre ne porte en soi les germes de quoique ce soit. C'est encore une idée d'inquisiteur ça, que la femme puisse porter en elle (par essence?) des comportements subversifs ou non.
D'ailleurs la subversion n'est pas genrée.

Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
11-03-08
à 22:42

Re:

D'ailleurs je cite un commentaire d'Indymédia, remarque à tenir en compte à mon avis, je vais creusé...

"Effectivement, Michelet est totalement dépassé, historiquement parlant. En particulier sur un point important et qui malheureusement est l'argument central de ce texte : à savoir le sexe des personnes qui sont passées en procès pour sorcellerie. Les études les plus récentes semblent indiquer qu'il y avait à peu près autant de "sorciers" que de "sorcières". Ce qui n'enlève rien au caractère patriarcal et sexiste des religions dominantes, d'ailleurs : mais quitte à faire de l'histoire, autant le faire rigoureusement."
Répondre à ce commentaire

  clown
11-03-08
à 23:07

Re:

"comme si la femme portait en elle le germe de la subversion": cette phrase ne reflète pas l'avis de l'auteur de cet article, mais bien la façon dont les inquisiteurs abordaient les cas de sorcellerie au moyen-âge, en liant plusieurs répressions: celle de la femme d'abord, répression liée au sexisme, sexisme ayant lui-même une profonde origine biblique et donc catholique, et répression plus "classique" de la subversion dans son ensemble.
Répondre à ce commentaire

  clown
11-03-08
à 23:13

Re:

Je rajoute que l'objectif de ce texte (l'auteur ne vient pas souvent sur le site de l'En Dehors) n'est pas d'hériger la sorcellerie (qui est bien un thème monté par l'Inquisition) en tant que modèle martyr et subversif, encore moins comme "sujet révolutionnaire" potentiel, loin de là. Il s'attache à mettre en lumière une répression, qui a été qualifiée à la fois de sexocide et de "chasse aux sorcières", et qui occupe une grande place dans l'hitoire médiévale, contribuant à sortir un peu des discours martelant la lutte des classes comme unique moteur de l'histoire.

Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
11-03-08
à 23:37

Re:

Oui, mais le texte ici expose plutôt une version "guerre des sexes" de l'Histoire alors que c'est plutôt une guerre idéologique qui se joue pendant des siècles. Les hommes ne sont pas "patriarcaux" par essence, et ici, il est question d'un certain patriarcat (l'Eglise), auquel adhère un certain nombre d'hommes et de femmes, qui fait la guerre à toutes celles et ceux qui n'oeuvrent pas dans son sens et qui se sert, entre autres, des femmes comme alibi à la terreur à exercer sur la société.

Répondre à ce commentaire

  clown
12-03-08
à 01:14

Re:

Il me semble que le texte souligne bien que cette oppression est orchestrée par l'Eglise, et pas par "toute la société", ni par "tous les hommes". Je pense qu'on manque pas mal d'éléments historiographiques pour estimer à quel point le sexisme et le patriarcat étaient ancrées dans les moeurs populaires à l'époque, et donc pour estimer à quel point la propagande ecclésiastique trouvait des relais dans le peuple. Une analyse à approfondir.
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
12-03-08
à 02:02

Re:

Un texte intéressant sur le sujet ICI
Répondre à ce commentaire

  satya
12-03-08
à 10:11

Re:

"Les sorcières révèlent également en creux les angoisses sexuelles profondes de l'imaginaire masculin"
Non, plutôt les angoisses des curetons

si je me souviens bien de fait, les "curetons" avaient à l'époque des relations sexuelles comme tous, mais il me semble que c'est à cette époque que l'église et certains ordre religieux ont commencé à imposer l'abstinence totale. c'est sur que dans les monastères cela a dû faire un sacré changement y compris d'énormes frustrations :D
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
15-03-08
à 00:39

Re:

"Il me semble que le texte souligne bien que cette oppression est orchestrée par l'Eglise, et pas par "toute la société", ni par "tous les hommes"."
Et bien non justement. En reliant Eglise=oppression des femmes et Eglise=Patriarcat =hommes, on obtient une relecture de l'histoire par hommes=oppressions des femmes. Ce texte ne le dit pas ouvertement, mais de nombreux passages laissent entendre que c'est la position de l'auteur (voir mon post plus haut). L'auteur (sans "e" puisque tu sembles le connaitre) va jusqu'à utiliser du Freud pour justifier comme ça en passant, l'air de rien, ce qu'il nous expose comme une vérité scientifique:
"Les sorcières révèlent également en creux les angoisses sexuelles profondes de l'imaginaire masculin : elles sont supposées sectionner le membre viril des hommes à des fins rituelles, attenter à leur puissance sexuelle, ou encore, comme dans certains récits, engloutir des hommes par leur vagin (n'est-ce pas typiquement freudien ?).."
Freud appliqué à l'histoire, le tout matiné du plus pur sexisme de l'idée préconçue sur un genre. Quelles angoisses ? Qui le dit ? Comment l'auteur peut-il affirmer que tous les hommes ont ces angoisses ou les ont eu à l'époque ? L'imaginaire de qui en fait ? Bref, qu'est-ce que c'est que cet enfumage pseudo-historico-psychanalitique?
Les procès en sorcellerie ont concerné beaucoup d'individus de la Libre-pensée, hommes et femmes, hédonistes chrétiens (voir contre-histoire de la philo tome 2 d'Onfray), qui s'adonnaient effectivement à des plaisirs interdits par l'Eglise et surtout qui entretenaient des philosophies contraires au dogme chrétien. Certaines sectes philosophiques pratiquaient l'ingestion de sperme, de menstrues, épuisaient leurs corps dans des orgies de nourritures et de sexe...considérant qu'une fois le corps épuisé (pendant la vie) l'âme s'en détachait (la mort). Pour ces hommes et ces femmes, a priori il n'a jamais été question des angoisses sus-citées et empruntées à Papa Freud.
Bref, ce texte est fortement influencé (comme d'hab, ça devient lourd ces temps-ci...) par le dogme binaire des féministes radicales et comme le relevait un intervenant sur indymédia, il est d'une rigueur historique plus que douteuse.






Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom