Lu sur
le Jura libertaire : "La politique capitaliste et libérale vit une accélération vertigineuse depuis l’arrivée au pouvoir de Sarkozy. Tandis que les cadeaux se multiplient pour les riches (réformes fiscales entre autres), les pauvres se voient sans cesse plus pauvres. Et comme si la culpabilisation des chômeurs et RMIstes ne suffisait pas, le ministère du budget a déposé le 30 janvier dernier un décret concernant les «modalités d’évaluation des biens et des éléments de train de vie des personnes éligibles aux minima sociaux».
Les éléments évalués concernent les biens immobiliers, les véhicules à
moteur, l’électroménager, le matériel informatique, vidéo et son, les
voyages et séjours, l’adhésion à un club de sport, etc. Même les œuvres
d’art seront prises en compte. L’octroi du RMI, de la CMU et d’autres
prestations familiales pourra être mis en cause si le montant de
l’évaluation dépasse la moitié du montant annuel du RMI (soit X euros).
En gros, il
suffit désormais d’avoir un frigo, un lecteur CD, un vieil ordinateur
et une mobylette en panne pour être considéré comme «trop riche» pour
bénéficier des minima sociaux. On peut s’attendre à ce qu’une part
importante d’allocataires se voie privée d’un revenu déjà bien
misérable.
Ce décret constitue donc une attaque très grave au système de
solidarité sociale. Les personnes privées d’emploi risquent de se
retrouver très rapidement dans des situations d’extrême précarité,
contraintes de vendre les maigres biens qu’elles possèdent encore, et
finalement poussées à la rue.
Un système de contrôle inacceptable
D’autre part, ce décret implique la mise en place d’un système de
contrôle à grande échelle sur la vie privée des individus. Évaluer tous
les biens présents au domicile s’apparente bel et bien à une forme de
perquisition, quand bien même elle est menée par des agents de la CAF.
On imagine déjà les visites intempestives répétées à domicile et
l’épluchage des comptes bancaires. Les données de ces évaluations vont
venir compléter les multiples fichages liberticides déjà mis en place
(identité, code génétique, déplacements, revenus, démarches de santé,
etc.). L’État pourra bientôt accéder en quelques clics au moindre
détail de la vie privée de chacun d’entre nous.
L’argument de la lutte contre la fraude aux minima sociaux est
évidemment mis en avant pour justifier la mise en place de ce contrôle.
Pourtant, les conditions d’obtention de ces minima n’ont cessées de se
durcir ces dernières années, et celui ou celle qui a eu à solliciter
des aides sociales sait bien quel parcours du combattant cela
constitue. Les quelques fraudeurs qui ne doivent pas manquer d’exister
ne peuvent pas faire oublier le nombre sans cesse plus important de
personnes qui subissent une précarité qui est partie intégrante de la
logique capitaliste. Sans le chômage et l’exclusion, les dirigeants et
les possédants auraient bien du mal à faire accepter des conditions de
travail aussi dégradées et des salaires aussi bas.
Cette société-là, on n’en veut pas !
Ce décret est à intégrer à l’ensemble des mesures politiques,
économiques et sociales qui sont en train de laminer les acquis de
solidarité sociale pour instaurer une société basée sur le seul pouvoir
financier.
Nous, en tant qu’anarchistes,
refusons cette logique libérale qui ne peut que renforcer les
inégalités et la misère humaine, alors qu’il n’y a jamais eu autant de
richesses produites. Il est grand temps de faire fléchir la logique
libérale, avant que la notion de solidarité sociale ne soit plus qu’un
souvenir lointain.
Ils ont le pouvoir de l’argent, nous avons le pouvoir de la rue et de
la production. La misère n’est pas une fatalité, l’obéissance et la
soumission non plus.
Pour avoir la liberté et l’égalité, il va falloir lutter !