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Bolo’bolo et l’autonomie relocalisée

Lu sur Décroissance info : "Le projet de sortir l’agriculture de l’économie [1] trouve son inspiration dans le livre Bolo’bolo, que l’on trouve aussi sur Internet en intégralité [2]. C’est une très bonne base pour réfléchir.

L’auteur imagine une sortie de l’économie progressive, en incluant hommes et femmes dans des activités domestiques élargies, dont la production de nourriture locale pour l’autoconsommation fait partie. La partage de ces activités à une échelle plus large que la famille (il cite un chiffre de 300 personnes) permet des gains de productivité retirés de l’économie, permettant aux personnes de réduire leur temps de travail dans l’économie, en compensant par des morceaux d’autonomie, d’autoproduction dans le domaine de la substance, du « minimum incompressible » (Bookchin), bref, de ce qui donc ne doit pas faire l’objet d’échanges, fut-ce avec des monnaies « sociales » ou du troc [3].

Ce qui est intéressant c’est qu’aujourd’hui ce genre de projet peut aussi être justifié écologiquement parlant [4]. Car si chaque quartier urbain a la responsabilité d’un bout de terre, il peut régler sur celle-ci son « empreinte écologique » par lui-même [5], sans passer des médiations marchandes ou bureaucratiques. Aujourd’hui, il n’y a aucun moyen à l’intérieur de l’économie de savoir ce qui est durable dans tel acte de consommation [6], à moins d’imaginer une super dictature écolo, un contrôle accru des populations par un mixte de rationnement et de marchandisation (fut-ce par les marchés noirs) des ressources de bases... ce qui je pense n’est même pas possible (en plus de ne pas être désirable). Les personnes devront faire avec ce qu’elles ont sur place (ce qui suppose qu’elles reprennent la main sur leur espace !...), mais avec toutes les connaissances, le recul historique et un droit d’inventaire sur les techniques d’aujourd’hui. C’est une autre sorte de « deal », une redistribution des cartes pour jouer à un autre jeu que l’économie.

Dans Bolo’bolo, la mobilité et la liberté sont d’abord celles des personnes, qui ne sont pas assignées à un bolo, mais peuvent voyager et être accueillies n’importe où et gratuitement, le temps d’une escale ou plus. Tout cela est développé dans le livre, l’auteur ayant sans doute conscience que les communautés des années 1970 étaient souvent trop repliées sur elles-mêmes.

Et aujourd’hui, toute la nébuleuse cohabitat/écovillage [7], qui va au delà de la France [8], s’éloigne implicitement mais soigneusement de toute référence à ces années, qui globalement ont été soit mal vécues, soit décrédibilisées. Aujourd’hui les personnes sont généralement plus pragmatiques, moins obnubilées par l’ambition de vouloir subvertir la famille, le couple, la sexualité, etc. On trouve même tout un courant d’idées autour des idées d’Orwell, Michéa, de l’historien Lasch qui remet en cause la pertinence politique du modèle de l’avant-garde culturelle (et donc la pertinence du clivage gauche-droite), et défend un « sens commun » traditionnel et propre aux classes populaires en ce qui concerne la "socialité primaire", c’est-à-dire les relations quotidiennes entre personnes.

En fait, il y a sans doute un compromis qu’il faut reprendre à nouveau frais aujourd’hui, entre d’un côté les hippies qui voulaient faire sécession avec le système, et de l’autre les gauchistes qui voulaient le subvertir, les deux se retrouvant assez souvent ensemble dans les communautés des années 1970 [9]. Ce sont ces deux types de marginalité, pertinentes toutes les deux, que le livre Bolo’bolo veut concilier (et que l’auteur a du vivre de l’intérieur), pour formuler une résistance constructive qu’il appelle « substruction »...


[1] Voir aussi pour un exposé plus complet de la critique de l’économie le bulletin Sortir de l’économie.

[2] P.M., Bolo’ bolo, Editions L’éclat, 1998, à télécharger intégralement sur http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/bolo.html

[3] sauf éventuellement pour les surplus.

[4] ...à contre-courant de l’écologie dominante actuelle cependant, par laquelle on pense justifier un regain d’organisation pour rééquilibrer la machine-travail planétaire avec un « environnement » ainsi contrôlé.

[5] ...rendant par là inutiles ces mêmes calculs ou estimations d’ « empreintes écologiques », qui n’ont pas d’autre raison d’être que l’économie elle-même, en tant qu’elle substitue aux activités de subsistance un asservissement à la machine-travail planétaire, dont le lien avec la subsistance s’est éloigné jusqu’à devenir insaisissable, pratiquement et théoriquement. « La croissance économique libère les sociétés de la pression naturelle qui exigeait leur lutte immédiate pour la survie, mais alors c’est de leur libérateur qu’elles ne sont pas libérées. », Guy Debord, La société du spectacle, 40, 1967. Autrement dit, la survie dans l’économie est encore de la survie, où les contraintes proprement économiques s’additionnent aux anciennes contraintes malgré que ces dernières ne sont plus appréhendables simplement. Pour un projet de sortie de l’économie, les limites constituées par un territoire auquel on accède localement, pour vivre, font partie intégrante de ce à quoi on est confronté quotidiennement. Ce n’est pas un paramètre parmi d’autre que l’on peut substituer à un autre par l’intermédiaire d’une somme d’argent.

[6] L’expérience des Amap fait ainsi découvrir que le lien direct consommateur-producteur ne suffit pas pour s’autonomiser car les exploitations agricoles d’aujourd’hui sont très dépendantes d’une myriade de fournisseurs pour le matériel et le « consommable », qui sont autant d’intermédiaires, de boîtes noires (comment est fabriqué ce paillage biodégradable ?), sources d’incertitude, d’instabilité (des prix), de mini-monopoles. L’autonomie au sens agronomique (reproduire la fertilité des sols sans intrants importés, donc achetés) rejoint alors sa définition politique (assurer une subsistance localement permettant à des micro-sociétés de négocier librement leur participation à une entité sociale plus importante).

[7] voir en particulier la revue Passerelle Eco.

[8] voir le site américain http://communities.ic.org/

[9] voir à ce sujet le livre La vie buissonnière, Gérard Mauger, Claude Fossé, Editions François Maspero, 1977

Ecrit par libertad, à 21:47 dans la rubrique "Ecologie".



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