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L'En Dehors


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15 janvier 2005
Lu sur Gendertrouble : "Google - image. Masturbation, pas grand chose. 18 images, 3 de masturbations, 3 hommes debout, nus. Masturbé, 69 images, c’est le bon mot. Les premières images : 15 d’une femme dans toutes les postures imaginables et possibles, nue : exceptés talons aiguilles, face à la glace, par terre. Plus loin, du même ordre et quelques images d’hommes.


A voir, elle prend du plaisir, se touche de partout, fantasme sûrement à l’Homme. Car à qui d’autres pouvons-nous penser. Et ne rien penser, le faire de manière mécanique, impossible. L’orgasme, la sexualité doit être centrale à notre vie. D’ailleurs, ne nous masturbons-nous pas seulement parce que nous sommes en manque, en manque de l’autre bien sur : le Mâle.

Je suis en colère, je suis en colère de ce que l’on fait de la sexualité, du plaisir, de la masturbation. Je veux me révolter contre cette société qui fait second mon plaisir avec moi-même. Le milieu squat-anarcho-féministe-lesbien m’apporte des forces par son ouverture aux sexualités divergentes, et parfois m’enferme dans son ambiance sensuelle-sexuelle. Jusqu’où remettons-nous en cause la sexualité ? J’entends parler (et je parle) de multiples sexualités/sensualités, de multiples partenaires, mais peu de non-sexualité ou d’une simple masturbation mécanique. La masturbation, j’en entends souvent parler : avec des ustensiles, les doigts dans la bouche, en se caressant, envies frénétiques, fantasmes délirants... Ceci me semble très loin de la façon dont je la vis, du moins ces temps-ci.
Je me masturbe de façon mécanique, en me concentrant sur mon clitoris et mon vagin, me désintéressant du reste de mon corps. 5 minutes, voir 10. Je ne suis pas attachée à ce que ça dure plus longtemps, je ne cherche pas le triple orgasme. Derrière, je suis naze, je dors. Parfois je me masturbe juste pour pouvoir mieux dormir, d’autres fois parce que j’en ai envie, et des fois, j’ai la flemme, je dors.
A côté, je n’ai pas de relations sexuelles. Ça ne me manque pas, c’est un choix. Je dors avec des garçons, mais l’idée de me mettre en branle pour avoir du plaisir avec l’autre me décourage. C’est les rapports de domination, susceptibles d’être présents avec l’autre, qui me rebutent. Alors je me dis qu’il faut que je me mette aux rapports lesbiens. J’aime dormir avec des femmes, mais je ne suis jamais allée plus loin.
Je culpabilise de ne pas arriver à sortir de l’hétéronormativité. Ça me demande de l’énergie, de dépasser mes peurs de l’inconnu, de l’autre, de la sexualité avec l’autre. Ensuite, en ce moment, je n’ai pas le temps. La sexualité n’est pas une priorité, et la sexualité avec les autres, ça prend des heures.
Alors la masturbation, toute seule, de 5 minutes, c’est parfait. Actuellement, ma sexualité c’est uniquement du plaisir avec moi-même, peut être que demain ce ne sera plus d’orgasme du tout. On verra.
A l’inverse, l’affection et le toucher sont capitaux pour moi. Présentement, je vis un peu à l’écart des personnes qui me sont proches, et les prendre dans mes bras, leur faire des bisous dans le cou, ça me manque.

J’ai appris tard à me masturber, vers 20 ans. Toute petite fille, je me donnais du plaisir en introduisant divers objets (phalliques de préférence) dans le vagin. Je trouvais du plaisir, mais je ne connaissais pas l’orgasme. Là, je m’amusais à m’inventer des histoires. J’étais à 9 ans une prostituée faisant jouir les hommes jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus se passer de moi, et là, je les méprisais. Je savais que la plus part des femmes prenaient du plaisir avec le clitoris, moi, il me semblait sans intérêt.
C’est à travers une relation un peu longue avec un homme que j’ai découvert mon clitoris et l’orgasme. J’ai un peu honte de ne pas avoir découvert l’orgasme toute seule, surtout par rapport à mon féminisme. Cette relation m’a fait découvrir mon clitoris et surtout m’a amenée à réinvestir l’onanisme (dico : recherche solitaire de plaisir sexuel). J’avais souvent envie de faire l’amour, d’avoir du plaisir, et plus souvent que lui. Dans ces moments, je ne me permettais pas de me caresser devant lui ou à côté de lui, alors que lorsque l’inverse se produisait, il se caressait (avec mon accord). Je me sentais nulle, idiote et surtout dépendante de lui. Ce sentiment m’étant en horreur, j’ai réinvesti ma sexualité par moi-même, jusqu’à trouver bien plus de plaisir avec mes petites mains qu’avec les siennes. Bien que je n’arrive toujours pas à me caresser devant une autre personne, me sentant ridicule d’avoir besoin d’ustensiles pour me donner mon propre plaisir, j’ai l’impression d’avoir (re)trouvé une autonomie dans le plaisir.

J’arrête là, en étant contente d’avoir dépassé la page d’écriture que je m’étais fixée d’atteindre. L’écriture étant principalement monopolisée par les hommes, dans la société comme dans mon entourage, je m’étais promise d’écrire quelque chose pour cette brochure. Puis, je me rappelle que la brochure "Ça rend sourdE [#1]" m’avait énervée.
Avant de me mettre à écrire ces lignes, je m’étais dit que je n’avais rien d’intéressant à dire, qu’il fallait que ce soit réfléchi, parfait pour que les autres continuent de m’aimer, etc. Bref, ma socialisation en tant que sexe féminin m’embrumait (et m’embrume encore) et ce texte est l’occasion d’essayer de la dépasser.
Post-scriptum
1st February 2005 by Phall
Ecrit par libertad, à 23:17 dans la rubrique "Le privé est politique".



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