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L'En Dehors


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François Partant, une vie, une oeuvre
C'est au départ son itinéraire professionnel qui a amené François Partant, économiste de formation et cadre de haut niveau dans le secteur bancaire, à prendre ce pseudonyme. Comme il le disait lui-même, tant qu'il était à Paris, chez Paribas, il ne se posait pas beaucoup de questions. Mais, au cours des années soixante, il accepte de partir comme directeur d'agence à Téhéran, en Iran, sous le régime du Shah. Et là, il commence à se poser de sérieuses questions sur les pratiques bancaires qu'il a pour mission d'effectuer. Sur ces entrefaites, rencontrant la "tête pensante" de l'opposition au Shah, il finit par prêter régulièrement sa maison comme lieu de rencontre des différents partis d'opposition au régime.

Après quelques années - et un infarctus - il retourne à Paris puis rentre dans une banque du secteur public, qui l'envoie diriger une société d'investissement à Madagascar durant quatre ans. Il travaille au "développement" de l'île, activité qu'il jugera sévèrement plus tard, disant : J'y fis énormément de conneries". Il revient en France peu avant les événements de mai 1968, qui lui firent, dit-il, "un grand bien".
C'est durant cette période qu'il prend la décision d'arrêter tout travail salarié, et qu'il se met à écrire des livres, aujourd'hui totalement introuvables, et pour cause
c'est lui-même qui les a fait mettre au pilon, estimant a posteriori qu'ils n'étaient pas satisfaisants.
C'est au Sud-Yémen, à Aden, que Partant expérimente sa première intervention non professionnelle en 1969. Le scénario qui deviendra classique se produit: devant l'incompréhension des autorités, il élabore son projet, constamment retravaillé depuis, de Centrale Economique.
En 1971, Partant est contacté parle gouvernement de la République populaire du Congo, afin d'étudier le financement du Plan de développement de ce pays. Rendu méfiant par ses précédentes expériences, il s'y rend d'abord en touriste, histoire de voir de quoi il retourne. Il est consterné, selon ses propres termes, par ce qu'il découvre là-bas. Il rédige alors une notice critiquant les fondements du Plan, notice destinée au ministre concerné qui, sur le point d'être convaincu, fut emprisonné suite à des règlements de comptes internes au parti marxiste alors au pouvoir. Cette notice, considérablement augmentée, constituera la base de son livre La guérilla économique, paru en 1976.
Partant reprend la route, faisant "un détour" par Madagascar pour voir des amis. Ce détour durera en fait trois ans, car il arrive à Tananarive à la veille du "mai malgache" de 1972. Partant se mouille dans les événements révolutionnaires qui se déroulent à ce moment dans ce pays qu'il considère un peu comme le sien. Il fait circuler l'étude qu'il a rapportée du Congo jusque dans les ministères, il analyse la situation dans de nombreux papiers pour la presse malgache ou pour le Monde Diplomatique, sous plusieurs pseudonymes. La situation revenant à l'ordre ancien, et ayant reçu des menaces de mort, Partant rentre en France après un bref séjour en Tanzanie.

Des livres et des films

En 1975 et 1976, il participe au scénario et au tournage de sept reportages de la série "Au nom du Progrès", réalisée par Gordian Troëller et Marie-Claude Deffarge.
Partant se consacre ensuite à l'écriture d'articles et de livres, collaborant occasionnellement à bon nombre de revues. Il publie, en 1978, due la crise s'aggrave, livre au titre provocateur mais au contenu théorique très élaboré, qui s'emploie à bousculer les tabous. Cet ouvrage, comme le précédent, se vend mal. Partant cherche alors une autre façon de faire passer ses idées. Cela donne Le pédalo ivre, paru en 1980, bouquin curieux et stimulant qui raconte la découverte de la société idéale au milieu du lac de Genève, mélange de roman philosophique à la Voltaire et d'utopie libertaire, de traité théorique et... de joyeuse gaudriole.
Deux ans après, en 1982, parait son livre le plus connu, La fin du développement, où, après avoir longuement enterré le développement, il cherche à théoriser ce qui pourrait être une alternative au vieux monde finissant.
Durant cette période, et jusqu'à la fin de sa vie, Partant collabore régulièrement au bulletin de l'association Champs du Monde, animé notamment par François de Ravignan.
Au cours de ses dernières années, Partant travaillait sur un nouvel ouvrage, resté inachevé. Mis en forme par un groupe d'amis, ce manuscrit est paru en octobre 1988 sous le titre de La Ligne d'horizon. Loin de n'être qu'un complément à La fin du développement, ce texte analyse l'idéologie du progrès, traite de la crise comme d'un blocage du système, et de l'agriculture comme, peut-être, l'espoir d'une reconstruction ; et aussi des aventures d'un milliardaire idéaliste...
Un dernier livre, Cette crise qui n'en est pas une, est paru en 1993. Il s'agit d'un recueil d'articles introuvables ou inédits, écrits entre 1977 et 1987, et qui révèlent sans doute quelques facettes méconnues de sa plume.

Une oeuvre originale

J'ai découvert François Partant en 1983, en lisant son livre La fin du développement un peu par hasard. Et cette lecture m'a fait l'effet d'une révélation : des idées auxquelles je croyais plus ou moins confusément, sans bien savoir comment les exprimer, prenaient clairement forme ; toute une série de concepts sur le tiers monde et les rapports Nord-Sud s'articulaient au fur et à mesure de la lecture et le tout prenait du sens, notamment autour de la notion de développement. J'ai ensuite voulu rencontrer l'auteur pour réaliser une interview, qui est ensuite parue dans une revue (non, ce n'était pas Silence, qui existait tout juste à l'époque, mais la revue Terminal 19/84). Lauteur ressemblait à ses livres : dense et complexe. Malgré sa santé déjà très dégradée à l'époque (sans souffle, il avait beaucoup de mal à se déplacer), il recevait beaucoup de gens venus discuter avec lui, et les entretiens étaient très riches, notamment parce qu'il défendait des idées peu communes à l'époque.
En voici quelques exemples, que j'emprunte à François de Ravignan (1)
Lorsque parut «Que la crise s'aggrave», un titre aussi provocateur ne pouvait que déplaire à beaucoup. François Partant s'engageait là dans une voie catastrophiste que beaucoup lui ont reprochée; à savoir que les difficultés connues actuellement par l'Occident, notamment le chômage, ne peuvent pas trouver de solution dans le cadre d'un système économique qu'on ne veut ni ne peut changer. La crise doit alors dissiper les espoirs chimériques entretenus par les pouvoirs politiques, selon lesquels l'enrichissement devrait résoudre les problèmes de société, alors que ceux-ci sont précisément générés par l'évolution du système lui-même. Dans ses derniers ouvrages, François Partant va plus loin, en se livrant à une critique radicale
de la notion de développement, acceptée comme objectif par nos sociétés et proposés au tiers monde.
A la source de la pensée de François Partant - ce qui la rend d'ailleurs de plus en plus actuelle - il y a un refus absolu de l'exclusion sociale et une intolérance radicale à l'égard de tout ce qui peut la provoquer. Cette exclusion, François Partant l'avait rencontrée dans les pays du tiers-monde où i1 avait travaillé, avec un degré de généralisation tel, qu'à moins d'inconscience ou de malhonnêteté intellectuelle, on ne pouvait l'expliquer par des considérations sur le tempérament des gens ou les «retards culturels» des sociétés. Les causes de cette situation s'enracinent, au contraire, dans l'histoire économique et politique des cent dernières années, en somme l'histoire de la colonisation.
Mais, pour François Partant, ce n'est pas tant l'exploitation des matières premières en tant que telles, ou celle du travail dans l'échange inégal, qui appauvrit le tiers monde, que la privation même de travail. Celle-ci résulte d'une part, du fait que l'Occident s'est réservé le travail productif (fabrication de machines, transports, assurances, financement), d'autre part l'introduction de méthodes industrielles hautement productives dans ces pays: Dans cette optique, 1e tiers-monde souffre plus de ce que nous lui apportons que de ce que nous lui prenons. L'expression première de cette souffrance est la croissance du chômage, urbain bien sûr, mais aussi du chômage caché des campagnes, condamnées à pratiquer une agriculture résiduelle face à la faible. demande des villes, satisfaite d'ailleurs par les importations à bon marché des pays du Nord. Des richesses créées, il ne
reste sur place qu'une faible partie, une valeur résiduelle, une fois payés les amortissements et les salaires des expatriés, qui les uns comme les autres, retournent au Nord.
A partir de l'expérience riche d'invention sociale, mais éphémère, du printemps malgache (mai 1972), François Partant a très tôt imaginé que les exclus du système pourraient s'organiser entre eux pour produire ce qui leur serait nécessaire et échanger, toujours entre eux, selon des règles convenues d'un commun accord. Il était très attentif à toutes les expériences alternatives qui pourraient éclore çà et 1à, des marginaux berlinois à divers pays du tiers-monde, en passant par les régions rurales françaises. I1 se passionnait pour les informations qui lui provenaient d'Andalousie, où l'intégration économique de l'agriculture dans le Marché commun européen, mettait au chômage des milliers d'ouvriers agricoles, mais où des groupes s'organisent dans une perspective de survie aussi autonome que possible.
François Partant était cependant très critique sur les alternatives et les rejetait catégoriquement si elles lui paraissaient revenir tôt ou tard à une quelconque forme d'intégration au «système». Sans doute faudra-t-il encore du temps pour qu'à travers de telles activités, les coordinations qu'elles se donneront et les organismes d'initiatives qui en naîtront, s'incarnent les intuitions et les idées de celui qui, bien que cloué dans ses dernières années à sa table de travail, voulait passionnément voir mitre l'alternative sur laquelle il méditait. Mais cette longue marche aboutira-t-elle avant que les forces de destruction, aujourd'hui en . ouvre, n'aient creusé des fractures irrémédiables ?
C'est bien toute la question à laquelle nous sommes confrontés, et qui se pose avec une acuité encore plus grande aujourd'hui.

Jean-Marc Luquet


(1)"Actualité de la pensée de François Partant", François de Ravignan, http://www.lalignedhorizon.org/html/textes/partant/ravignan_actualite.htm

S!lence #349 septembre 2007
Ecrit par libertad, à 17:57 dans la rubrique "Pour comprendre".



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