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L'En Dehors


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La dette est blette
APPAREIL D'ÉTAT TSARKOZYSTE, tel le père Ubu, nous rebat les oreilles avec la pompe à phynances en faillite. Il y a environ 1200 milliards de dette publique, à laquelle le banquier Peyrelevade (c'est amusant qu'on commande un rapport sur la dette à un dirigeant financier qui y a le plus grand intérêt; c'est comme si on demandait à un pyromane de pondre une étude sur les incendies de forêt), a généreusement ajouté 800 milliards de droits acquis à retraites.

On oublie de signaler que les retraites par répartition seront servies sur des décennies et ne constituent pas une dette à l'instant T, comme celle de l'État, car il n'y a pas d'emprunt sauf pour la différence, inquiétante en effet, entre les rentrées de cotisations et les sorties du service des retraites. Elles sont un flux et non un stock. On néglige donc de dire que pour servir les retraites il y aura en même temps les recettes des cotisants. On oublie de dire que dans un PIB augmentant, notamment grâce aux progrès de productivité -pouvant être supérieur à l'accroissement des dépenses, le poids relatif des dépenses sociales peut ne progresser que de façon compatible avec le progrès économique. Il ne faudrait donc parler que du solde entre sorties et rentrées pour les retraites, actualisé sur au moins cinquante ans compte tenu de l'évolution du PIB et des salaires. C'est un bon exemple de truquage des chiffres aux fins de propagande idéologique. Car, en outre, si les retraites constituent une vraie dette, c'est uniquement dans les régimes de capitalisation. Le Royaume-Uni devrait effectivement rajouter ainsi 700 milliards de livres aux 645 milliards de dette publique qu'il se contente d'afficher, capitalisation à laquelle il faudrait s'abandonner pour financer nos chères entreprises.
Pour revenir à « l'énormité de la dette », les actifs de l'État, non pris en compte, sont estimés à 540 milliards, le tout devant venir normalement en déduction de la dette publique affichée par nos excellences. Dans les actifs, il faut compter les participations de l'État; par exemple celle au capital d'EDF, qui représente plus de 130 milliards en 2007, ou au capital de France Télécom, pour 15 milliards. Il faudrait tenir compte en plus de l'immense parc immobilier de l'État (40 milliards, dit-on, mais c'est sûrement grossièrement sous-évalué), que du reste le gouvernement s'emploie à brader à hauteur de 600 millions par an. M. Roussely, apparatchik socialiste, ex PDG d'EDF, avait déjà fait le coup en vendant les immeubles de l'entreprise (7 milliards de francs) pour financer ses rachats d'entreprises à l'étranger, ce qui transformait la-boutique en locataire de ses locaux, ce qui évidemment coûtait plus cher.
Une grosse partie de ladite dette publique (environ la moitié) est détenue par les épargnants français, pour lesquels les intérêts forment un revenu hélas payé par les contribuables, ce qui est quand même moins dangereux que si elle était possédée entièrement par l'étranger. D'autant plus que l'épargne française représente dans les 17 % du revenu, ce qui permettrait amplement de financer l'amortissement de ladite dette. Rappelons que de plus en plus ce sont la Chine, l'Inde et le japon qui détiennent la dette publique nord-américaine pour, en contrepartie, y vendre leurs produits. Ces pays, cependant, pourraient se raviser si le dollar continuait de baisser relativement à l'euro. De plus, l'endettement n'est pas si honteux lorsqu'il est consacré à l'investissement dans des infrastructures d'avenir, de la recherche, de la formation. Cependant, depuis vingt-cinq ans, la France s'endette pour payer ses seuls frais de fonctionnement et les cadeaux fiscaux aux plus riches... Lesquels, déjà détaxés en IRPP, cotisations sociales et ISF, en profitent pour souscrire des titres de dette de l'État et en toucher les intérêts, ce qui fait qu'ils palpent deux fois aux frais des contribuables, saturés d'impôts indirects (TVA, TIPP, etc.). Enfin, prétendre que l'on assassine les générations futures avec la dette, cela afin de culpabiliser les Français qui ne sont pourtant pas responsables des énormes gaspillages de l'État et des collectivités locales, c'est oublier qu'ils laissent aussi à leurs héritiers un énorme capital accumulé au cours des siècles. Les déclinistes français montent en épingle l'exemple britannique. Or le Royaume-Uni vit à crédit et est le lieu privilégié de la spéculation financière internationale. Qui plus est, il a du pétrole et du gaz en mer du Nord. Les actifs de la Grande-Bretagne sont largement surévalués (ce sont des actifs financiers dont la valeur réelle est non calculable et très volatile), comme la livre sterling, ce qui mettrait son PIB réel en dessous de celui de la France si l'on calculait les choses correctement. De plus, le Royaume-Uni est infiniment moins riche que la France en monuments, en bâtiments et en terres, ce qui devrait être compté dans la richesse d'un pays. En bref, rapportée à la valeur objective de ses actifs non imaginaires, la dette britannique est infiniment supérieure à la française et, surtout, elle n'est pas gagée sur quoi que ce soit de réel.
Par ailleurs, si l'on considère l'ensemble de la dette, publique et privée, la France doit dans les 4800 milliards d'euros mais est créancière pour 4900. La France ne doit donc rien à l'étranger... pour l'instant, car la balance commerciale ne cesse de se dégrader, ce qui entraînera à plus long terme un déficit de la balance des paiements et donc l'apparition d'un solde de plus en plus négatif entre les dettes et les créances de la France. On en est encore assez loin, n'en déplaise aux spécialistes du déclinisme français.
On se demande pourquoi ceux qui maintenant veulent affoler les Français avec la prétendue énormité de la dette et la menace de faillite du pays n'ont rien fait auparavant pour la circonscrire et la diminuer. Tout au contraire, ils n'ont fait que l'augmenter en permanence, tous gouvernements confondus, notamment avec de multiples cadeaux fiscaux aux plus riches et aux entreprises (baisse des cotisations sociales patronales, baisse de la taxe professionnelle). De ce point de vue, la présidence Tsarkozy n'introduit aucune rupture; elle continue sur la lancée.
La réponse est double: d'une part, l'augmentation de la dette permet un double cadeau aux riches (les exonérer d'impôts et leur servir des intérêts sur les bons et les obligations assimilables du Trésor); d'autre part, elle est délibérément voulue. Sur ce volet, il s'agit tout simplement de la stratégie du pire: rendre l'État et la Sécurité sociale insolvable pour que ses dirigeants puissent enfin imposer un plan draconien de redressement, plan qui permettra de supprimer tout financement collectif des choses, tous les services publics, les retraites par répartition, la Sécurité sociale, le droit du travail, etc., au profit de financements privés (des écoles, des universités, de la protection sociale, de l'énergie, de la poste, etc.). Reagan avait initialisé cette stratégie dans le plus pur style du néolibéralisme qui ne connaît que la propriété privée et le contrat commercial. Bush fait de même et vient d'utiliser son droit de veto à une proposition d'assurances sociales pour les enfants démunis, toujours au nom du même néolibéralisme qui refuse toute assistance publique aux pauvres. Il reste l'assistance privée, pas recommandée, mais le néolibéralisme ne saurait empêcher que des riches aident les pauvres en tant que charité privée que la loi ne peut interdire, sinon la liberté des charitables serait limitée par une horrible interdiction étatique. Pas si néo que ça car cela ressuscite Malthus, Bentham, Spencer et Pareto: le premier a dit que les pauvres baisaient trop, ce qui les rendait responsables de leur misère; le deuxième a prétendu que le sacrifice des pauvres contribuait au maximum de bonheur de la société; le troisième a affirmé que la sélection naturelle des plus aptes éliminait les pauvres et que c'était tant mieux; le quatrième a établi que l'optimum résidait dans le fait que, par rapport à une situation inégalitaire de départ, la situation d'équilibre n'enlevait rien aux pauvres [optimum dit de Pareto]. Le tout postule qu'il ne faut pas assister les pauvres, car ils sont responsables de leur situation.
Voilà donc pourquoi votre fille est muette et pourquoi les gouvernants persévèrent dans le machiavélisme, la perversité, le sournois et le mensonge qui consistent à aggraver les choses en catimini et à en rendre le peuple responsable, sans aucune vergogne! Vieille pratique nazie, fasciste et bonapartiste comme avec Tsarko Ier : foutre la merde pour désespérer le peuple qui finit ensuite par appeler un sauveur.

Jacques Langlois

Le Monde libertaire #1493 du 8 novembre 2007
Ecrit par libertad, à 23:43 dans la rubrique "Economie".



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