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« Fruits de l'aliénation à l'entreprise »
--> Par Laurent Willemez, maître de conférences en sociologie à l’université de Poitiers (1)
Lu sur l'Humanité : "De quoi parle-t-on quand on parle de souffrances au travail ? Ont-elles connu une évolution récente ?
Laurent Willemez. Même si elles n’étaient pas forcément mesurées et n’ont pas toujours été considérées comme un problème public, il y a toujours eu des formes de souffrances au travail. Le fait est que le travail à la chaîne, pour prendre cet exemple, a toujours généré des souffrances, des maladies professionnelles ou des accidents du travail. Il reste qu’aujourd’hui se développe un nouveau type de souffrance apparu dans les années quatre-vingt avec l’émergence de nouvelles techniques managériales centrées sur les concepts de responsabilisation et d’autonomisation des salariés. Il est également incontestable que l’augmentation de la pression exercée sur les salariés via notamment l’accélération des cadences ou la disparition des espaces de liberté à l’intérieur de l’entreprise génèrent de nouvelles atteintes physiques ou psychologiques. L’exigence des entreprises que leurs salariés adhèrent à leur projet est aussi factrice de souffrances.

Des catégories, comme les cadres, qui semblaient jusqu’à présent relativement épargnés, sont de plus en plus touchées…

Laurent Willemez. Les cadres subissent effectivement, eux aussi, les conséquences des nouvelles technologies managériales. Ils se retrouvent souvent en situation de porte-à-faux entre les exigences de profit et de rentabilité des entreprises et l’idée qu’ils se font de lde leur métier. Ils souffrent également du fait que la séparation entre le travail et le hors-travail est de moins en moins nette. Les agents du service public sont également de plus en plus concernés. Confrontés à la misère sociale grandissante des populations qu’ils côtoient, ils souffrent d’être dépourvus des moyens nécessaires d’y faire face.

Qu’est ce qui motive cette évolution ?

Laurent Willemez. C’est la priorité unique et absolue au profit donnée par les entreprises et l’impératif d’insertion dans la compétition économique internationale qui expliquent l’accroissement comme l’évolution des souffrances au travail. Alors que pendant très longtemps les salariés étaient au coeur de l’entreprise, les résultats les ont supplantés à cette place. La logique de profit se substitue à celle de production.

Vous mettez en garde contre la limitation à l’aspect psychologique du traitement des souffrances au travail. Pourquoi ?

Laurent Willemez. On constate l’émergence d’une approche uniquement individuelle du phénomène de la souffrance au travail. Une vision clinique et psychopathologique se développe en particulier autour de la question de harcèlement au travail. Sans remettre en cause la réalité de ce problème, je pense qu’il ne peut être traité uniquement sur le plan individuel. Ses causes relèvent en effet de l’organisation du travail. Se limiter à une vision clinique et psychopathologique revient finalement à traiter les symptômes plutôt que la maladie.

Quel regard portez-vous sur la prise en compte de ces thématiques par les organisations syndicales ?

Laurent Willemez. Cette prise en compte est un phénomène important car elle offre de nouveaux angles d’attaque aux organisations syndicales. Cela explique l’apparition de nouvelles formes de luttes plus qualitatives que quantitatives (comme l’étaient celles liées aux questions de salaire ou de temps de travail, par exemple). Cela peut être très positif, à condition que ces nouvelles luttes ne se développent pas au détriment de revendications plus traditionnelles, comme celles portant sur les salaires, qui restent centrales.

Quelle appréciation portez-vous sur la politique du travail de l’actuelle majorité ?

Laurent Willemez. La suppression d’un quart des tribunaux de prud’hommes me paraît particulièrement significative. Sous couvert de rationalisation dans l’utilisation des moyens de la justice, il s’agit en fait de réduire le nombre de contentieux. Cette réforme va de pair avec celles du contrat de travail, du statut des fonctionnaires et du Code du travail. Au prétexte de « sécuriser l’entreprise », le gouvernement cherche à remettre en cause les droits des salariés et favorise ainsi le développement de ce que Robert Castel a appelé « l’insécurité sociale ».

(1) dernier ouvrage paru : le Code du travail, Éditions du Croquant, 2007.

Entretien réalisé par P.H.L.sociologie à l’université de Poitiers (1).
Ecrit par libertad, à 21:52 dans la rubrique "Actualité".



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