Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Synthèse de l'Ecopar

Lu sur Xenodus : "L’économie participative est un modèle économique alternatif au capitalisme développé par Michael Albert et Robin Hahnel. Le premier est un activiste alter-mondialiste bien connu qui a fait ses premières armes alors qu’il étudiait la physique au MIT lors de la guerre du Viet-Nam. Le second est aujourd’hui professeur d’économie politique à l’American University à Washington. Tous deux ont écrit de nombreux livres, séparément ou conjointement. Ils ont commencé leur recherche durant les années 70 en remettant en question le capitalisme, les économies planifiés et le keynésianisme. Résultat de cette démarche, le livre Quiet revolution in welfare economics publié en 1990 à la prestigieuse maison d’édition de Princeton fait un état des lieux des problèmes de ces différentes approches de l’économie. Ce livre s’achève sur un chapitre appelé Toward a New Economic System.

Instead, we economists should admit we have not yet done our job. We have not yet fashioned allocative mechanisms that allow individuals to behave in a manner consistent with this simple truth. Once we see clearly what must be done and get down to the task, there is every reason to believe better allocative models will be forthcoming. Implementation is another matter, since material interests and not just intellectual obstacles must be overcome.

Un ouvrage publié par les mêmes auteurs dans la même année et dans la même maison d’édition, Political Economy of Participatory Economics, fait suite à cet appel. Ce livre propose un modèle de production, de consommation et d’allocation des ressources que les auteurs prétendent plus efficace et plus bénéfique pour l’humanité que le capitalisme (même modifiée par le keynésianisme) et l’économie planifiée (même tempérée par un socialisme de marché).

À partir de la publication de ces deux ouvrages, Albert et Hahnel passent à une époque de présentation, de vulgarisation et de défense de leur modèle. La participation à trois numéros spéciaux de revues d’économie politique (Science and Society et Review of Radical Political Economics) où ils ont défendu leur thèse en opposition avec, entre autres, le socialisme de marché, le biorégionalisme et le municipalisme libertaire montre bien les préoccupations de cette époque.

Leur participation à ces discussions sera résumée dans les livres publiés récemment, au début des années 2000. Le livre Parecon, Life after capitalism de Michael Albert est probablement celui qui résume mieux les défenses opposées aux nombreuses critiques faites à l’écopar. De son côté Robin Hahnel a tout récemment publié Economic Justice and Democracy, un livre dans lequel il met à jour les critiques sur les systèmes économiques actuels (en les dotant d’exemples) et où il règle deux questions essentielles auxquelles l’écopar ne s’était pas encore attaqué : l’environnement et les relations internationales.

L’objectif du présent document est de faire une présentation générale, la plus synthétique et concise possible, des valeurs et des institutions de l’écopar. Nous ne nous concentrerons pas sur la critique (très riche et solide) faite par les auteurs des autres modèles économiques.

Première partie : Les valeurs économiques de l’écopar

Les préférences économiques sont endogènes au système économique dans lequel elles apparaissent. C’est-à-dire que les « besoins » ne naissent pas de nulle part et ne sont pas entièrement indépendants de l’environnement économique dans lequel ils font leur apparition. La formation de nouvelles institutions économiques doit donc prendre en compte sa propre influence sur les besoins humains et considérer que les institutions sont autant des formateurs de préférences que des lieux qui permettent de les réaliser. En bref, on a pour objectif de définir ici ce que serait une économie juste. Une économie juste vise la réalisation et l’institution de cinq valeurs économiques: l’équité, l’autogestion, la variété, la solidarité et l’efficience.

Équité

La plupart des économistes conviennent qu’une économie doit être équitable. Les définitions de l’équité et les moyens de sa réalisation varient toutefois beaucoup d’un économiste à l’autre. Sur la question de l’équité des revenus, il existe quatre maximes distributive normalement considérées :
- Maxime distributive 1 : Paiement selon la valeur de la contribution de la personne ainsi que celle des propriétés détenues par elle.
- Maxime distributive 2 : Paiement selon la valeur de la contribution personnelle seulement.
- Maxime distributive 3 : Paiement selon l’effort et le sacrifice.
- Maxime distributive 4 : Paiement selon le besoin.

La première et la deuxième maxime sont rejetées en se basant sur l’a priori suivant:

Of course, historically the most frequently acualized norm is that people should get what they are strong enough to take, but virtually no one morally advocates brute force bargaining power as our preferred criterion for payment. No one thinks this common approach is ethically superior. No one thinks it is efficient.

En quoi les possessions matérielles venues d’un héritage et les capacités humaines venu de la loterie biologique sont-elles plus juste que la force brute comme critère de sélection? En effet, la première maxime affirme que les effets de nos talents personnels et de nos propriétés devraient être déterminants dans les revenus que nous obtenons. En quoi sommes-nous plus responsable du fait que nous ayons des talents innés ou des possessions matérielles acquises en héritage? La deuxième maxime se réduit seulement à la question biologique mais le problème reste le même, on ne choisit pas plus son corps que sa famille.

Défendant la troisième maxime (la rémunération selon l’effort et le sacrifice) comme la seule juste, on attaquera la dernière suivant l’idée qu’elle ne traite pas d’équité et de justice économique mais de compassion. Dans un monde fini et limité la compassion ne saurait être notre seul guide. Une économie peut aspirer un jour à la mettre en pratique mais doit trouver un moyen, en attendant, de distribuer les ressources limités avec justice.

La troisième norme reste la seule juste parce que les humains peuvent choisir où et dans quelle proportion ils concentrent leurs efforts sur une activité. Il ne faut donc pas distribuer les revenus sur « l’output » de la production mais seulement sur « l’input ». Autrement, on récompense la nature ou la chance et non le geste de travailler lui-même.

Une autre part de l’équité, c’est celle des circonstances de vie et de travail. Qu’est-ce qui peut justifier, et jusqu’à quel point cela se justifie-t-il, que des gens soient dans des situations d’inégalité au niveau du milieu de travail dans lequel ils évoluent comme à propos du confort de leur milieu de vie. Il ne s’agit pas ici de parler de l’abolition de toutes différences mais bien de se demander comment il est possible de justifier des inégalités aussi fortes que celles qui séparent le Nord et le Sud. La solution proposée par les auteurs se nomme les complexes équilibrés de tâche, nous en reparlerons plus bas. L’objectif est que tout le monde se situe dans la même branche de revenus avec des différences selon le sacrifice.

Autogestion

Dans leur critique du capitalisme, Albert et Hahnel affirment l’existence dans le capitalisme industriel d’une nouvelle classe (aussi présente dans les économies dirigées), celle des coordonnateurs. Le déterminant de cette classe est le contrôle des activités de travail : est un coordonnateur celui qui contrôle le travail des autres. Cela permet de mieux comprendre la réalité actuelle où la seule séparation entre prolétaires et bourgeois ne suffisait pas à expliquer l’existence de certaines situations (par exemple les PDG non-propriétaires, les actionnaires sous le seuil de la pauvreté ou les travailleurs autonomes). Cette compréhension plus raffinée du monde économique permet de porter la question du contrôle des tâches comme étant centrale à la définition d’une économie.

Ici aussi, trois option sont possibles. La première consiste à donner du pouvoir à peu d’acteurs qui contrôlent la plupart des autres. La seconde consiste en un système égalitaire fonctionnant selon la logique « une personne - un vote » et des décisions majoritaires sur tous les sujets. La dernière détermine le poids décisionnel de chaque acteur en fonction des implications de la décision pour lui.

La première est une logique autoritaire. Elle est donc incompatible avec toute idée de droit humain. La deuxième complexifie à outrance le processus de prise de décision car le vote majoritaire et la représentation égalitaire de tous et de chacun n’est pas toujours à propos. Certaines décisions influencent certaines personnes plus que d’autres et certaines décisions peuvent être prises dans des cadres plus restreints. Conséquemment, la troisième solution est retenue, chaque acteur doit avoir un poids différent dans chaque décision, dépendant de l’influence de cette décision sur sa vie. Cette vision de l’implication des travailleurs dans ce qui les influence, résumée dans le terme autogestion, doit être une des valeur centrale à un système économique juste.

Variété

La différence entre les humains et leurs goûts, l’incapacité de faire soi-même toutes les tâches de production des choses nécessaires à notre confort et l’obligation de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier sont les principaux arguments en faveur de la diversité. En bref : « Homogenization of tastes, jobs, life conditions, material outcomes, and thought patterns is not a virtue. » Il faut des possibilités diverses et des options nombreuses, tant au niveau de la consommation, de la production que du style de vie.

Solidarité

Toutes choses étant égales par ailleurs, il est préférable que tous les humains vivent dans les meilleures conditions possibles. Favoriser que tout le monde porte attention au bien-être des autres membre de la société est indéniablement bon. « No one who is at all progressive would disagree » . Qu’on se le tienne pour dit.

Efficience

L’efficience (atteindre ses objectifs sans gaspiller) est la valeur propre à l’économie. La science économique existe pour aider l’humanité à accomplir dans les meilleures conditions possibles l’allocation des ressources et leur traitement de façon à ce que le moins de ressources remplissent le plus de besoins existants.

Conclusion sur les valeurs

On aura remarqué l’inspiration libertaire des valeurs soutenues par les tenants de l’écopar. Bien que leur fondement philosophique soit généralement passé sous silence, voir même complètement escamoté, on reconnaît les idées chères, entre autres, à Kropotkine et Bakounine. C’est donc à partir d’une analyse des effets des structures de pouvoir en général, et non seulement des structures économiques, que se construit l’écopar. Cela fait une différence majeure avec les modèles d’économie dirigée.
En effet, ces modèles se centrent uniquement sur la question de la possession des moyens de production comme moteur déterminant de l’histoire et des relations humaines. Or, le pouvoir fonctionne de manière plus complexe et d’autres facteurs sociaux entrent en ligne de compte. Loin d’être suffisante, la propriété publique des moyens de production peut même devenir un instrument particulièrement efficace du totalitarisme. En faisant la promotion de valeurs comme l’autogestion et la variété, l’écopar tend à saborder, dès son origine, les possibilités de prise de contrôle du système économique par une classe (qu’elle soit de technocrates, de théocrates, de possédants ou d’intellectuels). Délier les points nodaux où se concentre le pouvoir, voilà sa stratégie.

Néanmoins, la base philosophique qui appuie ces valeurs est fort peu développée. Les inspirations citées plus haut ne sont généralement pas admises d’emblé dans les « textes officiels » de l’écopar. Des questions qui portent sur le sujet de l’écopar (l’individu, les classes ou le social?) ou sur ce qu’elle considère comme le « souverain bien » pour les humains (le Juste, le Bon, le Vrai, le plaisir?) restent toujours sans réponses. J’ai tendance à croire que les auteurs de l’écopar ne verraient pas ces absences de développement philosophiques comme un problème, de mon côté je pense qu’ils peuvent receler certains dangers dont l’antidote se trouve dans les travaux de Michel Onfray. Tout cela sera développé plus longuement en conclusion mais surtout dans d’autres documents, plus étoffés.

Deuxième partie : Les institutions de l’écopar

Pour réaliser les valeurs présentées en première partie, l’écopar propose un ensemble d’institutions économiques liées les unes aux autres. Ces institutions doivent répondre aux trois objets principaux de l’économie c’est-à-dire la production, la consommation et l’allocation des ressources. Pour ce faire, il lui faut mettre en place des systèmes de division du travail, de propriété, de rémunération, d’attribution et de prise de décision.

Nous verrons donc les propositions suivantes formulées dans l’écopar et qui constituent en fait l’essentiel de ce qu’elle est comme système économique : la propriété des moyens de production aux travailleurs, l’existence de conseils de consommateurs et de producteur qui pratiquent la planification participative, des complexes de tâches équilibrés, la rémunération selon l’effort et le sacrifice et l’autogestion participative des milieux de travail.

Comme le disent souvent les auteurs, l’écopar doit être comprise comme un tout. Porter un jugement sur ce qu’elle est avant de bien comprendre chacune de ses composantes porte plus souvent qu’autrement à la déplacer dans un contexte qui n’est pas le sien (mais bien celui du capitalisme actuel) ou à faire des suppositions qui n’ont pas lieu d’être. Il est donc chaudement recommandé de faire la lecture de la totalité des institutions et de bien porter attention à la façon dont elles s’appuient les unes sur les autres avant de juger de la valeur de cette proposition de système.

Propriété des moyens de production

L’économie participative entend socialiser les moyens de production et faire disparaître ainsi la classe capitaliste qui les possède. Non par élimination physique de celle-ci mais en rendant impossible son existence : si personne ne peut plus posséder les moyens de production la classe capitaliste vient de prendre fin. Ce sont les collectifs de travailleurs qui les utilisent qui possèdent les moyens de production, pas l’État ni le capital. Nous verrons comment ils s’organisent pour en faire la gestion, tant à l’intérieur de leur groupe qu’entre les groupes eux-mêmes.

Question centrale cependant : où commence et où finit la notion de moyen de production? Selon une réponse que Robin Hahnel a fournit par courriel :

There’s no problem if people want to own a hammer or a sewing machine to use in their house. But all natural resources and all machinery and factory buildings are publicly owned and worker councils have to request permission to use them in their proposals during the participatory planning process.

C’est donc à partir du moment où l’on produit pour les autres dans un objectif d’échange qu’on est face à un moyen de production. Ou, plus simplement, tous ceux qui travaillent avec un moyen de production s’en répartissent la « propriété » au sens où ils décident comme l’utiliser.

Conseils

« Economics is conducted by and for workers and consumers. Workers create the social product. Consumers enjoy the social product. In these two roles, mediated by allocation, people conduct economic life. » Tous les lieux de travail d’une économie participative sont dirigés par des conseils de travailleurs où tous les travailleurs ont les mêmes pouvoirs.

Conseils de travailleurs
Ces conseils sont démocratiques et divisibles (pour s’adapter aux questions plus particulières de certains secteurs des lieux de travail). Il ne fonctionne pas sous le modèle d’une assemblée générale constante ni sous la forme d’un conseil exécutif représentatif. Ils utilisent différentes procédures et différents degrés de consensus pour prendre leur décision. Ils se séparent aisément en petits groupes ne rassemblant que les personnes concernées. Comme la responsabilité des tâches de quelqu’un lui revient directement à cause de l’inexistence de superviseurs dédoublant constamment la responsabilité à cause du système hiérarchique, les conseils ne fonctionnent pas non plus comme une réunion corporative actuelle. Ils laissent la prise de décision à ceux qui sont affectés par ces décisions. Dans ce système, chaque travailleur a son mot à dire dans la gestion de son travail.

Conseils de consommateurs
L’économie participative se base également sur des conseils de consommateurs qui vont de l’individu jusqu’à la nation. La nécessité de leur existence est basée sur le fait que: « consumption activity, like production activity, is largely social, [so] we must insist that consumption decision-making, like production decision-making, be participatory and equitable». Tous les conseils sont imbriqués les uns dans les autres. Cela signifie que chaque instance supérieure décide si l’instance inférieure prend des décisions de consommation qui l’affect. Par exemple, l’achat de sous-vêtement d’un individus ne concerne pas son conseil de quartier, c’est n’est donc pas à lui d’en décider. Par contre, si un individus veut faire agrandir sa maison ou couper un arbre dans le voisinage, alors la communauté doit se prononcer à cet égard.

Prise de décision
Certains groupes d’activistes font la promotion du consensus comme seule méthode réellement démocratique de prise de décision. Comme mentionné plus haut, l’écopar ne préjuge pas de la manière dont les décisions doivent être prises et elle est favorable à une flexibilité des choix en ce domaine. L’écopar prescrit que tous les participants aux conseils aient leur mot à dire sur les décision à un niveau qui corresponde au degrés auquel ces décisions les affectent.

Personnellement, Michael Albert s’oppose à la seule méthode du consensus et croit que la faveur actuelle pour l’utilisation unilatérale de ce modèle origine d’une confusion des termes. On confond d’abord la question du mode de transmission de l’information et du mode de prise de décision. Le mode de transmission devrait bien sûr être optimal et faciliter une discussion qui ne prend pas trop de temps et qui permet de laisser tout le monde s’exprimer le mieux possible sur la question débattue. La façon de prendre la décision, quant à elle, doit rendre possible la juste mesure des implications sur la vie de tous. Cette position suppose, bien que cela ne soit pas indiqué clairement, une éducation à la démocratie et aux prises de décision.

Complexes équilibrés de tâches

Si la fin de la propriété privée des moyens de production et la gestion démocratique des milieux de travail étaient la seule modification qu’on apporterait au capitalisme, nous aurions encore de graves problèmes. Par exemple, comment un travailleur aux tâches répétitives, un cadre et un employé de bureau peuvent-ils avoir accès à la même information et à la même préparation face à une prise de décision? Poser la question, c’est y répondre : ils ne peuvent pas. Certaines tâches facilitent non seulement le développement humain mais aussi la centralisation d’informations essentielles pour la compréhension de l’entreprise. Conséquence : l’application seule des mesures mentionnées plus haut perpétuerait la domination de la classe des coordonnateurs.

Parecon’s antidote to corporate divisions of labor imposing class division is that if you work at a particularly unpleasant and disempowering job task for some time each day or week, then for some other time you should work at more pleasant and empowering tasks. Overall, people should not do either rote and unpleasant work or conceptual and empowering work all the time. We should each instead have a balanced mix of tasks.

Ce « balanced mix of tasks » nous le nommons en français, les complexes équilibrés de tâches. Ces complexes sont donc un ensemble de tâches qui font que chacun des travailleurs aura des tâches à différents niveaux de l’entreprise. Ainsi, les tâches qui favorisent le mieux le développement de l’individu seront équilibrées par d’autre qui le favorisent moins.

Pour déterminer la « valeur de sacrifice » de chaque tâche, chaque travailleur de chaque milieu de travail note (disons de 1 à 20) chaque tâche existante dans ce milieu. On assemble tous les votes et un comité trace une moyenne pour chaque tâche. Avec le nombre d’heures qui doit être consacré à chaque tâche on établi une moyenne de la valeur des tâche pour le milieu de travail complet. Une séparation des tâches est alors faite entre les travailleurs en fonction de leurs goûts et compétence et de la capacité à arriver le plus près possible de la moyenne du milieu de travail (nous verrons plus bas comment le salaire incite à cette tendance). La société entière, à travers des comités de délégués pour chaque industrie, établi une moyenne de chacun des milieux de travail et une moyenne générale qui est la moyenne de tous les milieux de travail. Les travailleurs doivent s’approcher le plus possible de la moyenne sociale en variant également leur milieux de travail, ce qui évite la création de classes entre les différents milieux de travail. Une fois la première évaluation réalisée, les complexes de travail s’ajusteront assez facilement.

Rémunération

Comme mentionné plus haut, il s’agit de rémunérer les travailleurs en fonction de l’effort et du sacrifice. Les économies de marché ne rémunèrent pas en fonction de l’effort mais bien selon l’influence de chaque individu sur le résultat. Cette méthode n’est pas juste car elle rémunère pas les gens en fonction de choses sur lesquelles ils ont le contrôle. Si les tâches dans une écopar étaient organisées selon le même principe que dans une économie de marché, ceux qui ont les emplois les plus difficiles donneraient droit à de meilleures paies alors que les emplois les plus intéressants et qui demandent le moins de sacrifices seraient les moins bien rémunérés, tout le contraire de ce que nous vivons aujourd’hui. Mais, comme nous venons de le voir, le travail dans une écopar est divisé selon de complexes équilibrés de tâches.

With everyone having balanced job complexes, each worker will earn either the base income or some higher amount due to having worked longer or more intensely, or some lower amount du to having worked fewer hours or at below average intensity.

La rémunération pour le travail accomplit s’établit donc en fonction de la valeur en effort du complexe équilibré de tâches par rapport à la moyenne sociale. Il y a donc un équilibre de base qui permet en même temps une variété et des choix quant aux efforts qu’on investi dans son travail et aux dépenses que l’on peut faire pour sa consommation personnelle. Cette variation n’a pas de conséquences aussi fâcheuses que dans une économie capitaliste car il est impossible de transmettre une quantité exagérée d’argent à ses enfants, d’acheter de la main-d’œuvre ou des moyens de production dans une écopar.

Allocation

Pour le travail d’allocation, l’écopar fait le pari de la communication et de l’information. Les consommateurs doivent être au courant de l’effort et du coût de la matière demandée pour la production des produits qu’ils veulent obtenir. Les producteurs doivent voir les effets de leur moins grande production sur les consommateurs. Les producteurs et les consommateurs doivent trouver un juste milieu entre le minimal et l’excessif. On doit chercher à ce que tout le monde ait accès à un coût social le plus près possible de la réalité. Pour se faire il existe trois outils de communication pour l’allocation : les prix, les mesures de travail et l’information qualitative.

Les prix
Au lieu de rendre compte de la force de négociation (bargaining power) des individus, dans une écopar, les prix rendent compte du coût social de production. Cette tentative est réalisée à travers le système de planification participative qu’elle aide à réaliser du même coup. Dans le processus de planification participative, les prix sont des indicateurs représentant la meilleure évaluation actuelle du coût social. L’écopar tente de mettre fin au silence qui règne sur la production et ce qu’elle demande comme effort. Les produits ne sont plus des objets vides et sans histoire que l’on désir sur les tablettes d’un supermarché. Ils sont le résultat d’un processus de production rendu compréhensible pour permettre une meilleure planification participative.

Les mesures de travail
Comme dans une écopar il existe des complexes équilibrés de tâches, il est plus facile de distinguer l’effort nécessaire pour la production d’un objet.

These estimates can in turn be revised in light of effort ratings. In pursuing various routes to personal consumption flexibility, only significantly unbalancing job complexes will be prohibited. The measure of work is therefore another information component of participatory planning.

Activité qualitative
Pour éviter que seule soit tenue en compte les questions quantitatives, chaque acteur a accès, dans une économie participative, à de l’information qualitative sur chacun des produits. Cela veut dire que chacun aura à produire un compte-rendu des expériences pertinentes pour informer les consommateurs et les producteurs des effets de certains usages d’un produit. Cette mesure permet que devant une situation inexplicable au niveau quantitatif il existe un moyen de comprendre les raisons d’un changement drastique de consommation ou de production.

Organisation de l’allocation
Les conseils de producteurs et de consommateurs mentionnés plus haut sont les acteurs centraux du système d’allocation. Il existe, pour les accompagner des « comités de facilitation » (facilitation boards) qui rendent plus faciles l’échange et la transformation d’information venant des différents conseils. Ils sont également des lieux centralisés pour que les groupes de travail cherchant des travailleurs affichent leurs disponibilités. Ces comités de facilitation sont au cœur du processus d’allocation car ils tentent de simplifier la procédure de proposition itération qui a lieu entre les différents conseils et fédérations.

En effet, la planification participative des ressources, qui est le mode d’allocation de l’écopar, suppose que chaque acteur rédige une proposition de consommation ou de production. Par un processus d’itérations entre les différentes propositions de tous les acteurs, on arrive à une proposition finale qui les rassemble toutes. C’est donc un jeu d’aller-retour entre les propositions qui permet la planification de l’allocation. Il se crée par ce principe un genre de version optimale d’une étude de marché, qui n’est pas parfaite et qui peut toujours changer mais qui trace les grandes lignes des besoins et capacités de l’économie concernée. Voyons plus en détail de quoi il s’agit.

La première proposition
On commence par utiliser la production et la consommation enregistrée l’année précédente. On se base sur les prix (qui sont en fait une représentation des coûts sociaux, ne l’oublions pas), les mesures de travail et l’information qualitative du dernier processus pour commencer. Tous les acteurs ont accès à cette information. Les acteurs commencent par prendre conscience des faits qui les intéressent dans cet ensemble de données. Les comités de facilitations leur envoient leurs prévisions économiques qui sont une autre source de données et de réflexions. Les conseils de production et de consommation font également parvenir les projets à long terme qui continueront pendant l’année à venir. Avec tous ces facteurs à prendre en compte, ils voient les changements qui pourraient être apportés à leur proposition de l’an dernier par rapport aux changements qui se sont produits cette année. Ils remplissent alors leur première proposition en fournissant non seulement de l’information quantitative mais aussi de l’information qualitative sur leurs choix. Ces propositions sont larges et n’entrent pas dans le détail des choix, il s’agit de catégories générales et les variations facilement prévisibles statistiquement sont laissées au soin des conseils de production qui réagissent aux rapports de consommation réels qu’ils obtiennent et dont l’extrapolation n’est pas difficile.

D’une proposition à l’autre
La première proposition est plus du domaine des vœux que des possibilités. En voyant ce que tout le monde voudrait faire/avoir et la marge entre le désir de production et celui de consommation, on passe à la prochaine étape. Les prix sont réajustés en fonction de ces nouvelles demandes, les consommateurs et les producteurs peuvent donc proposer de nouveaux plans suivant cette première expérience.

Each round of planning, or iteration, yields a new set of proposed activities. Taken together, these proposals yields new data regarding the status of each good, the average consumption per person, and the average production « benefit cost ratio » per firm. All this allows for calculation of new price projections and new predictions for average income and work, which in turn lead to modifications in proposals, all of which recurs until excess demands are eliminated and a feasible plan is reached.

Une mise à jour flexible
Qu’advient-il lorsqu’un consommateur veut modifier sa consommation par rapport au plan qu’il avait envisagé? Si, au niveau macro, les modifications de l’ensemble des consommateurs finissent par s’équivaloir, aucun besoin de changer la planification. Qu’arrive-t-il si la demande agrégée diminue ou augmente dans un domaine ou pour un produit? Cette information peut être prévu par la gestion des stocks par ordinateur (en fonction d’une répartition des achats prévus vérifié à la lumière des achats effectués réellement, comme le font tous les jours les grands magasins). Devant un changement important, un processus de négociation et de dialogue entre les différents acteurs concernés commence. Ces négociations peuvent mener à la réduction ou l’augmentation du temps de travail ou du nombre d’employés dans certains secteurs de l’économie, mais il n’y a aucune raison de craindre que ces modifications soit plus grande que dans n’importe quelle autre modèle économique. Les planifications économiques sont flexibles, il existe une capacité de production inemployée pour toutes les industries. Évidemment, une connaissance d’une telle planification existe déjà dans la société, il suffit seulement de la nourrir d’information plus juste.

Les variations de prix que causent l’utilisation d’un prix représentant le véritable coût social peuvent faire que certains produits aient été achetés ou vendu très loin de ce prix véritable. Plusieurs options sont alors valables : recalculer l’ensemble à la fin de l’année et que chacun contracte une dette ou un déficit, republier les prix à chacun des mois pour permettre aux gens de s’adapter ou, aussi, ne pas s’en soucier et considérer que les variations s’équivaudront à long terme.

Atteindre un plan final
L’ajustement des besoins et des ressources n’est simple que dans les livres de théorie. Pour rendre ces démarches efficaces, différentes options sont possibles. On peut établir une procédure qui n’impose pas de biais tout en réduisant les choix possibles à chaque itération. Cette procédure peut être faite par ordinateur ou par un groupe d’humains. Dans une écopar ce genre de mesure pour aider à l’atteinte des planifications n’est pas définie par le système économique, il fait partie des décisions que chacune des économie peut prendre selon ses intérêts. Un exemple serait d’instaurer, après un certain nombre d’itérations, un pourcentage maximal de changement par rapport à la proposition précédente. De cette manière, les propositions arriveraient plus rapidement à se rencontrer.

La question des « externalités »
Comment, selon cette procédure, traiter des demandes qui affectent d’autres sujets que ceux qui veulent prendre une décision? Comment traite-t-on des « externalités » dans l’économie participative?

Les demandes collectives sont d’abord adoptées par le niveau d’où elles origines. Comme nous l’avons mentionné plus haut, elles sont ensuite passées au niveau plus général (par exemple : du quartier à la ville ou de la ville à la région) jusqu’à qu’à ce qu’un niveau supérieur dise qu’il n’est pas affecté par cette demande et, conséquemment, ne veut pas avoir d’influence sur la prise de décision. Quand tout le monde a précisé à quel point cette décision l’affecte positivement ou négativement (cette détermination pouvant aller jusqu’à un droit de veto), les prix sont modifiés en conséquence et l’instance originale prend sa décision en fonction de ces nouvelles données.

À partir du moment où la consommation individuelle a des effets qui dépassent l’individu (en dehors de la production des biens) les conseils sont appelés à délibérer sur un coût majoré ou diminué du produit en question. Par exemple, sur la question de la santé publique, le prix d’un certain nombre de produits peuvent être majorés par les conseils de consommateur nationaux, à travers des plans à long terme, à cause de leur influence néfaste.

Conclusion sur les institutions

Pour résumer le lien entre les institutions proposées par l’écopar et les valeurs dont elle souhaite faire la promotion, soulignons quatre préoccupations, sous forme de questions, qui sont au centre des institutions de ce modèle économique.
1. Voulons-nous que chaque personne soit récompensée en fonction de la contribution au produit fini ou en fonction de l’effort et des sacrifices pratiqués?
2. Voulons-nous que peu de gens coordonnent le travail de la majorité? Ou devrions-nous avoir un mot à dire sur les décisions économiques en fonction de la manière dont elles nous affectent?
3. Voulons-nous une structure qui favorise la consommation individuelle par rapport à la consommation sociale ou souhaitons-nous avoir le moyen de nous concerter sur les décisions sociales avec autant d’information que pour les questions individuelles?
4. Préférons-nous que la logique de compétition des uns contre les autres domine l’allocation des ressources ou voulons-nous plutôt participer activement à la planification et le faire sciemment?

Finale en ouverture

Quel est le propos, en fait, de l’écopar? Pourquoi s’attabler à la tâche si ardue de construire et de défendre, dans l’abstrait, un système économique? Ne serait-il pas préférable de laisser le « mouvement » bâtir, selon sa propre démarche, le système qui lui convient? Est-ce que ceux qui s’opposent quotidiennement et dans la pratique au capitalisme ne devraient pas s’occuper de construire eux-mêmes le monde de demain, sans en faire un système fermé qui peut mener, on l’a vu avec d’autres systèmes, au dogmatisme et au refus d’inclure.

Au contraire, le dogmatisme n’est pas la seule option pour ces propositions de système. L’écopar peut être vue comme une inspiration générale (comme c’est le cas dans les quelques coopératives qui la mettent en place) ou comme un exemple qui permet de bien définir ce qui est intérieur et extérieur au capitalisme. Un mélange se fait actuellement entre ce qu’est l’économie, ce qu’est le marché et ce qu’est le capitalisme. Avoir un modèle économique qui n’est pas le capitalisme permet de mettre les choses au clair. De plus, et voilà qui est plus important, un système comme l’écopar permet de penser au-delà des réformes immédiates du capitalisme et de faire ces réformes dans le sens de la construction d’un autre système économique. L’amoindrissement des maux du capitalisme ne devient plus une fin en soit mais seulement une priorité conjoncturelle qu’il faudra dépasser un jour.

De façon plus pragmatique, l’écopar offre la possibilité de répondre sur le champ à quelqu’un qui demande : « Mais qu’est-ce que vous voulez si vous ne voulez pas le capitalisme? » En fait, plus qu’une simple réponse, ce modèle devient une possibilité de séduction. Certains aspects de l’écopar, lorsqu’ils sont bien présentés, peuvent être attrayant pour une grande majorité de la population. Même si d’autres sont plus rébarbatifs, il semble que la majorité des travailleurs pourraient y voir un avantage évident si la chose leur était bien présentée.

Lire aussi le dossier Michael Albert et l'économie participaliste

Ecrit par libertad, à 10:19 dans la rubrique "Economie".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom