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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Une expérience d'éducation « libertaire »
Lors de notre séjour au Brésil à l'occasion du 1er colloque international sur l'éducationlibertaire (Sào Paulo, 7 et 8 septembre 2007) nous avons eu l'occasion de visiter la Escola Municipal Amorim Lima et de discuter longuement avec sa directrice Ana Elisa Sigueira. Cette école et son équipe ne se réclame pas explicitement de la pédagogie libertaire mais son fonctionnement, de fait en est très proche.

CETTE EXPÉRIENCE PÉDAGOGIQUE alternative, il est vrai à son origine, s'est largement inspirée de la escola da Ponte créée en 1976 par José Pacheco au Portugal dans la foulée de la Révolution des ceillets. Cette école est une école publique municipale située dans un quartier populaire de Sào Paulo, elle compte 800 élèves en « enseignement fondamental » et reçoit 90 adultes le soir en cours d'alphabétisation. Il fallut sept ans pour convaincre les autorités légales et mettre en place le projet. Depuis quatre ans l'école a adopté le principe d'un fonctionnement auto-organisé.

Mais cette école est plus qu'une école puisque au-delà de sa mission d'enseignement fondamental en direction d'un public scolaire, l'école est ouverte sur le quartier et à ses habitants. En effet, elle demeure ouverte 7 jours sur 7, le soir pour des formations pour adultes et le week-end pour favoriser un accès à la bibliothèque (de 8 à 15 heures) et à des activités sportives et culturelles.

Pédagogie

La règle fondatrice de la Escola Amorim Lima répond aux exigences des « Écoles démocratiques » adoptées aux congrès de Berlin en 1985. Les enfants apprennent quand ils veulent, où ils veulent et avec qui ils veulent. Les enfants ne sont pas astreints à l'enfermement dans une classe - de nombreuses cloisons ont d'ailleurs été supprimées - ou à un groupe de pairs. Ils se regroupent par tranches d'âge et par centre d'intérêt autour et avec adulte, appelé tuteur, qui prend en charge la progression des enfants dans un cadre jours pluridisciplinaire où il s'agit de les faire découvrir pour apprendre et non pas de les enseigner, de les « gaver ». Partout et sur tous les thèmes, la libre discussion et le respect de l'autre sont de rigueur. Ils sont aussi la condition nécessaire à l'appropriation des savoirs à la naissance de l'esprit critique.

Seule contrainte: parcourir en 8 ou 9 ans les 130 objectifs d'acquisition nécessaires pour l'accès à l'enseignement secondaire. L'itinéraire est libre, selon les centres d'intérêts et les motivations et le rythme de chacun. Rien d'ailleurs n'empêche un groupe d'enfants de proposer de nouveaux thèmes d'acquisition de connaissance, voire d'en produire les supports pédagogiques comme ce fut déjà plusieurs fois le cas par le passé.

L'évaluation sommative (les notes) n'existe pas. Certes des critères ont été définis pour chaque objectif et sont imposés par l'administration publique (pleinement satisfaisant, satisfaisant, non satisfaisant) mais ils ne servent qu'en cas de départ d'un enfant pour une autre école ou lors de son passage dans le secondaire. L'évaluation est permanente, croisée et formative durant la totalité du parcours éducatif. Après chaque projet de recherche ou suite au travail sur un objectif, chaque enfant commence par s'auto-évaluer à l'aide d'une grille, puis participe à l'évaluation de son groupe dans le cadre d'un débat collectif ou le tuteur fait connaître son appréciation. Une fois cette étape effectuée, les parents sont invités à venir discuter des résultats atteints.

Les enfants sont donc bien au centre du processus d'apprentissage, ils en sont les acteurs et les auteurs.

Dans l'enceinte de l'école tous les lieux sont considérés comme pédagogiques, tout est prétexte à apprentissage: les espaces traditionnellement pédagogiques (ateliers, salle informatique, salle de « cours ») autant que la cour, le potager, la cuisine... ou encore la case offerte aux enfants - mais construite avec eux - par un groupe d'indiens Guarani. Il en va de même des activités, chacune d'entre elles, est l'occasion d'observer, d'apprendre à connaître et à comprendre le monde. L'atelier Capoeira permet de découvrir autant la résistance des populations noires à l'esclave que les sociétés africaines, les origines du Brésil, la danse, la musique et l'activité physique... À Amorim Lima, les cloisonnements disciplinaires et leur visée réductrice n'existent pas. L'atelier lecture à l'inverse peut s'ouvrir sur le jardinage autant que sur l'acquisition des bases de la communication et de l'écoute active d'autrui.

L'équipe est constituée d'une centaine d'adultes, 40 enseignants, 10 administratifs, 10 personnels d'entretien et 40 adultes volontaires (retraités, parents, ex-parents, voisins...) qui tous participent au projet pédagogique et qui selon leurs talents, leurs spécialités et leur disponibilité partagent leurs savoirs et leurs expériences avec les enfants.

Discipline

En cas de refus d'apprentissage, aucune sanction n'est prévue, l'équipe fait le pari de l'émulation, de l'éveil de l'intérêt et du désir d'apprendre. Le « promeneur » est accepté jusqu'à ce qu'il trouve un thème lui permettant d'engager avec d'autres sa propre dynamique d'apprentissage. L'école de fait ne connaît que peu de souci d'ordre disciplinaire. Néanmoins, en cas de problème, le « groupe risque » composé uniquement d'adultes se réunit pour étudier la difficulté, envisager des solutions et faire des propositions. Suite à quoi, les enfants concernés sont priés d'expliquer leurs gestes devant tous les conseils (voir ci-dessous). Ils ne s'agit pas de sanctionner, l'exclusion n'existe d'ailleurs pas, mais de responsabiliser par le truchement de la compréhension des actes commis et de l'explication collective. Il s'agit là encore et avant tout d'un dispositif éducatif individuel et collectif.

Fonctionnement

Les règles de fonctionnement suivent un processus « démocratique » complexe. Le règlement intérieur a été élaboré par les enfants eux-mêmes lors d'une longue discussion. Suite à quoi une assemblée générale de 72 représentants s'est tenue (2 représentants pour 36 groupes d'élèves) et a produit un premier texte remis en débat et affiné par 10 coordinateurs (issus des 72) et 2 parents (un père et une mère). Ce second texte est ensuite soumis à l'approbation des 72 qui de là produisent une troisième texte de règlement qui sera proposé et adopté au Conseil de l'école à l'unanimité. Le processus est le même pour toutes les décisions importantes. Ce Conseil de l'école est composé uniquement de représentants de la communauté des adultes et il est habilité à discuter de tout ce qui concerne l'école y compris les programmes. Seul le poste de direction et la nomination des enseignants sont hors de son champ même si des mécanismes d'ajustement dans ce domaine existent aussi (acceptation du projet et des pratiques pédagogiques, pression de la communauté enfantine . . .) . Afin de prendre ses décisions le Conseil d'école, seule instance habilité, est alimenté par un conseil pédagogique et un conseil financier.

Pour le fonctionnement régulier du groupe d'apprentissage, une fois par semaine, chaque tuteur fait le point avec son groupe d'élèves. Pour les questions plus large, une assemblée générale composée de deux représentants par groupe se tient tous les quinze jours. En bref, l'école fonctionne globalement sur un mode coopératif où toutes les décisions sont débattues et soumises à des processus collectifs

Conclusion

Au-delà du fonctionnement et des principes pédagogiques affichés, l'objectif de la escola et de son équipe « militante », et c'est le principal à nos yeux, est bien de permettre aux enfants de devenir des individus autonomes, libres, socialement actifs et responsables. Il n'y a pas dans cette expérience le projet durkheimien de modeler une pâte molle et de produire un homme nouveau ou une femme nouvelle prédéterminés et surdéterminés par une conception autoritaire de la société. Il s'agit bien, et en cela le projet de la Escola Amorim Lima s'inscrit bien dans une perspective libertaire, de permettre aux enfants « d'être » ce qu'il souhaite devenir et non pas « devoir être » ce que d'aucuns souhaiteraient qu'ils soient.

Francisco Codello

(Revue Libertaria )

Hugues Lenoir


Le Monde libertaire #1490 du 18 octobre 2007

Ecrit par libertad, à 10:07 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Rakshasa
05-12-07
à 12:05

En France: que dalle !!!!!

Y a-t'il encore en France des personnes que la création d'une école libertaire intéresse ? Ayant un enfant, ma compagne et moi n'avons eu de cesse de proposer à tous les parents libertaires que nous rencontrions de se pencher sur ce projet qui nous semblait une nécessité de premier ordre pour nous, ne souhaitant pas scolariser notre enfant dans les écoles de la république. A chaque fois, toutes ces personnes faisant partie d'organisations ou autonomes se sont montrées en paroles très intéressées, mais aucune n'a réellement souhaité être à l'origine d'un tel projet. Plusieurs raisons à cela:
-pas de temps
-des parents libertaires nous ont souvent dit qu'il souhaitaient que leur(s) enfant(s) soient confronté(s) à la réalité. Quelle réalité? Celle de grandir dans l'apprentissage à la soumission ?
-pas de réelle volonté
A ce jour nous créons un lieu d'activités autogéré pour enfants et parents avec en projet des conseils mixtes parents/enfants et non-mixtes.
Nous sommes quand même bien dépité(e)s sur l'état des forces anarchistes et volonté individuelles de construire un autre monde, en l'occurence pour ce qui est de la production d'une alternative à l'école autoritaire, surtout quand on voit le grand nombre d'intellectuelle(s) et de professeurs dans le marigot anar.


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