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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Sexyvilisation. Figures sexuelles du temps présent
SEXYIIILISATION: telle est la nouvelle. culture planétaire. La culture du « sexe sexy », consommable instantanément, qui nous assaille de toutes parts dans les moindres recoins de notre vie quotidienne. L'envahissement délirant de cette « sexualité prostitutionnelle », dernier avatar de la divinité Argent exhibant sa bruyante libido, « dévalorisant et dévoyant la sexualité en en faisant une valeur marchande et une réalité triviale - sous les labels de libération des moeurs, épanouissement du corps, permissivité, tolérance... » : voilà ce que Roger Dadoun dénonce dans son introduction au piquant ouvrage collectif qui vient de sortir aux éditions Punctum. Dénonciation non pas, bien sûr, au nom des intégrismes xénophobes, mais au nom de nos valeurs de liberté, de féminisme, de refus de toute forme de domination sexuelle.

Huit auteurs aux parcours diversifiés nous offrent ici leurs approches, travaux, relectures et coups de coeur. On y parle de string, de lycra, d'art corporel, de sexoanalyse, d'être et d'avoir amoureux, d'identité sexuelle et d'identité de genre, de défilés de mode, de protoféminité, , de Vénus aux pieds de cochonne, de désir et d'absence de désir, de jouissance et de frustration, d'orgasmes génétiquement modifiés. On y apprend les timides avancées des premiers sexologues, les discours discordants des premières féministes sur la sexualité des femmes, les enjeux théoriques de la différenciation des genres chez les petits garçons et les petites filles.
Loin de « la belle euphorie soixante-huitarde », nous serions, paraît-il, en ce tournant du xxi' siècle, moins libertaires et plus libertins: qu'en penser? L'exemple queer évoque cette liberté nouvelle de l'individu de reprendre en main son anatomie, de défaire « ce qui a été fait », de déconstruire et de reconstruire sa destinée. Un excitant parcours artistique, destiné à- nous enseigner « un art d'aimer plus libre » , nous entraîne des troublantes Vierges et Vénus de la Renaissance au provocant paradis de Jeff Koons.
Redécouvrirons-nous ainsi l'érotisme oublié des vieilles toiles de nos musées? Ou préférerons-nous revisionner les seins géants des films de Fellini, l'amour en caleçon de Woody Allen et les travestis d'Almodovar? Assurément, nous fuirons désormais l'érotisme mortifère des stades, gymnases et vestiaires sportifs, dûment convaincus que, contrairement aux idées reçues, le monde du sport repose sur une répression sexuelle féroce, et férocement niée par les « néo-gourous » de la communauté sportive « qui croient voir de l'éros quand des meutes en fusion dans l'anneau du stade sont prêtes à vider leurs pulsions sous contrôle policier, ou qui croient entendre parler l'orgasme quand des bandes de braillards embiérés unissent leurs gosiers d'oies patriotiques pour entonner quelque Marseillaise ».. .
A l'opposé de la folie des stades, comment nous dépêtrer de ce piège insidieux et toujours renouvelé, où Eros et Thanatos nous aguichent sans relâche: notre inculte sexytélé, « pulsive, compulsive... poussive et répulsive » , que les approches psychanalytiques de Roger Dadoun décrivent comme un « univers séductionnel » où les mécanismes de séduction précoce contribuent à l'infantilisation du spectateur? Menaçant de détruire l'Individu dans ce qu'il a de plus créateur « en l'attirant sur le terrain miné et frauduleux du sexy » , aux antipodes d'un érotisme libertaire, elle lui débite à haut débit émotion téléchargée, imaginaire formaté, relation à autrui en kits conditionnés. « La domestication de la vie amoureuse par la civilisation entraîne un rabaissement général des objets sexuels », écrivait déjà Freud. Domestication, servitude volontaire: ici comme ailleurs, au coeur même de la sexivilisation, nous devons apprendre la résistance! Les luttes féministes, celles des minorités sexuelles, la remise en cause globale des moules sociaux imposés à tou(te)s sont-elles destinées à s'échouer piteusement sur les rives trompeusement paradisiaques de la sexplanète? Faut-il rappeler l'urgente nécessité et la dimension émancipatrice de toutes ces luttes, où le politique immédiat se mêle à la quête d'un « spiritualisme charnel en quoi réside, dans la modernité, l'exaltation d'Eros » , selon la belle formule du philosophe René Schérer ?
Pour un tel sujet, 175 pages, c'est peu. Il nous est heureusement possible d'approfondir les thèmes ici rassemblés en nous reportant aux autres écrits des mêmes auteurs, comme Footmania. Critique d'un phénomène totalitaire de Fabien Ollier (éditions Homnisphères) et le tout récent livre de Sylvie Chaperon: Les origines de la sexologie,1850-1900 (éditions Audibert), où les lecteurs du Monde libertaire retrouveront avec plaisir quelques belles figures du mouvement anarchiste, tels Paul Robin, Nelly Roussel, Eugène Humbert et Jeanne Humbert.

Marielle Giraud


Textes de Roger Dadoun ( directeur de publication), Franck Evrard, Thierry Carrasco, Sylvie Chaperon, Bernard Lafargue, Jean-Max Méjean, Fabien Ollier, Nathalie Vialeneix. Editions Punctum, 2007.

Le Monde libertaire #1484 du 28 juin 2007
Ecrit par libertad, à 09:08 dans la rubrique "Le privé est politique".



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