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Le travailleur roumain : un européen allégé
Lu sur CQFD : "L’Europe, c’est la panacée. Et le travail, c’est la santé. Sauf pour les Roumains, citoyens de l’Union depuis le 1er janvier, mais toujours considérés comme une plèbe indolente et débraillée. Pour eux, le marché français du travail est bien verrouillé. Témoignage.

Cosmin [1] attend deux choses de la vie : que tout roule avec sa nouvelle fiancée, et une autorisation provisoire de travail pour entrer un peu de maille, la couvrir de fleurs et l’inviter au resto. Il ne devrait pas y avoir de lézard puisque Cosmin, zingueur, a un savoir-faire particulièrement recherché dans le bâtiment. Pour parfaire son CV, il s’est spécialisé dans les toitures en ardoise et touche sa bille en carrelage et autres planchers. Bref, le mec idéal à faire trimer sur un échafaudage. La « valeur travail » étant à ce point sanctifiée à Sarkoland, il serait saugrenu que Cosmin ait à subir quelques tracasseries administratives pour se faire essorer sur un chantier du sud de la France. De plus, le bougre est roumain, donc ressortissant de l’Union européenne depuis le premier janvier dernier. Mais, contre toute attente, s’il peut passer les frontières comme bon lui semble, ça fleure bon l’embrouille dès qu’il s’agit d’aller au chagrin. Car la Roumanie est un pays européen particulier, plein de Roumains et de Roms qui viennent mendier sans vergogne jusque sur nos trottoirs, quand ils n’ont pas le toupet d’y exposer des filles. Voilà pourquoi l’État français organisait, à quelques jours de l’adhésion de la Roumanie à l’Union, des expulsions groupées (pour faire du chiffre !), comme ce vol du 7 décembre 2006 qui décolla de Roissy avec soixante-dix sans-papiers à son bord à destination de Bucarest. Vingt-quatre jours plus tard, toute la Roumanie pouvait se pointer en Hexagone munie d’une simple carte d’identité...

(JPEG) Cosmin, échappant à ces retours gracieux, a bossé au noir jusqu’à la fin de l’année 2006, attendant patiemment l’intégration de son pays à l’UE. En janvier, il s’est inscrit sans anicroche dans une boîte d’intérim, convaincu de son bon droit. « J’ai bossé jusqu’en mars, puis un jour un gars de la boîte d’intérim est venu me chercher sur le chantier. Il m’a ordonné d’arrêter tout de suite : j’étais dans l’illégalité », explique-t-il à CQFD. Pour toucher sans encombre un SMIC français, il doit être en possession d’un titre de séjour et d’une autorisation de travail. Et pour obtenir ces précieux sésames, il faut un papelard pas facile à dégoter quand on est le dernier arrivé dans l’Europe : un contrat de travail. Un patron français qui souhaite faire marner un Roumain doit justifier son choix et faire paraître une annonce ANPE pendant cinq semaines, des fois qu’un Francaoui pure souche soit intéressé. Ces démarches sont obligatoires, sauf pour les « métiers en tension » comme le bâtiment, l’hôtellerie, l’agriculture... Fatigants, salissants et mal payés, les super-Dupont en sont peu friands. Cosmin échapperait donc à ces tracasseries, et il a eu la chance de trouver rapidement un patron prêt à lui faire un CDD. « Mais pour m’embaucher, il doit payer une redevance auprès de l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations : pour un salarié payé un SMIC, c’est 893 euros de redevance, servant en grande partie à payer une visite médicale ! » ; s’énerve Cosmin. Il poursuit : « Quand j’ai vu ça, j’ai eu peur que le patron refuse, je lui ai proposé de payer la moitié. » À défaut de « travailler plus pour gagner plus », le Roumain doit payer plus pour obtenir le droit de porter des sacs de ciment ! Son employeur potentiel a toutefois refusé le deal et s’est engagé à régler la totalité de la douloureuse.

Mais son calvaire ne s’arrête pas là : « En avril, j’ai pris rendez-vous à la préfecture pour obtenir un titre de séjour. Ce sera fin juillet. Mais d’ici là, la DDTEFP ne veut pas me délivrer d’autorisation provisoire de travail », explique notre Européen de seconde zone. La Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle ne lui délivrera pas d’autorisation avant qu’il n’ait son titre de séjour. « Je fais quoi moi pendant trois mois, en attendant le rendez-vous ? Je dois travailler au noir ? Je dois faire la manche ? Je dois voler ? », a rétorqué Cosmin au bureaucrate de la DDTEFP. Le brave homme a haussé les épaules : ces Roumains, juste bons à mendier !

Article publié dans CQFD n° 46, juin 2007.

Ecrit par libertad, à 22:54 dans la rubrique "Actualité".



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