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Lu sur la Sociale : "Pour qui veut prendre la mesure des bouleversement sociaux et politiques fondamentaux en cours, les premières semaines de la présidence de M. Sarkozy sont du plus haut intérêt. Toutes les tendances à l’oeuvre depuis le début des années 80 se condensent et se nouent pour dessiner les traits de la nouvelle réalité politique.
On se souvient que les années 80 furent les « années-fric ». Vite dégrisés de l’ivresse de mai 1981, les mêmes socialistes qui promettaient la « rupture avec le capitalisme » (en cent jours » !) et faisaient mine d’enfiler la tenue des Jacobins de 1793 se rallièrent à grande vitesse à la « France qui gagne ». Marx et Jaurès devaient s’effacer devant Bernard Tapie et Yves Montand, héros et hérauts de « Vive la crise » [1].
On a souvent dit que les années 80, en France, mais aussi et surtout aux États-Unis et en Grande-Bretagne marquaient une rupture avec le consensus keynésien d’après la seconde guerre mondiale, pour retourner au « libéralisme » capitaliste pur. Serge Halimi parle du Grand bon en arrière [2]. Il y a du vrai là-dedans : la dérégulation de l’économie, la liquidation systématique des acquis sociaux mais aussi de tous les moyens inventés depuis le « New Deal » pour maintenir les antagonismes de classes dans des limites compatibles avec le maintien du mode de production capitaliste, tout cela semblait marquer un retour en arrière, vers le capitalisme du tournant du XIXe et du XX siècle. Cette analyse de la nouvelle « horreur économique » [3] a produit en réaction « l’antilibéralisme », devenu le drapeau d’une gauche déboussolée.
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