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La lubie de la Libye

Lu sur Bakchich : "Après huit années passées dans les geôles obscures, les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien, naturalisé bulgare, ont été spectaculairement libérés contre la modique somme de 461 millions de dollars, que se répartissent le Qatar et, indirectement, la France et l’Union Européenne (UE). Quel filou ce colonel Kadhafi, qui revient sur le devant de la scène avec ce gros coup fourbi depuis 1999. Coïncidence hasardeuse, cette date marque à la fois le début du calvaire de l’équipe médicale en mission à l’hôpital douteux de Benghazi et la livraison par Tripoli de deux suspects dans l’attentat de Lockerbie. Triomphante, la dream team de Sarko Ier, composée de sa douce Cécilia escortée par le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, a bel et bien arraché la victoire en rendant la liberté à l’équipe médicale condamnée à mort puis à la prison à vie par la justice libyenne. Les images tournées sur le tarmac de l’aéroport de Sofia, où s’est posé l’avion griffé « République française », ont fait le tour du monde et ont assuré la com de l’équipe de l’Élysée qui s’est subitement dépatouillée mordicus pour arracher les bulgares des griffes de Kadhafi, alias le Guide. Eclipsant peu ou prou les longues négociations menées dans l’ombre par l’UE à coup de promesses tous azimuts.

Le déroulement heureux de cette sombre affaire a fait sauter le cadenas commercial avec la Libye et ouvre les portes de la fastueuse caverne de Kadhafi Baba. Après les âpres négociations diplomatiques, place à l’épilogue économique. En visite ce mercredi 25 juillet avec le père Kouchner et la gracieuse Rama Yade pour palabrer bizness sous la tente présidentielle du Guide, Sarko Ier a plusieurs chapitres à aborder. Outre le chantier de l’Union méditerranéenne, la dite coopération « dans tous les domaines » entre Paris et Tripoli est plus que jamais à l’ordre du jour.

Après la tempête est venu le temps des chèques

Soucieux de clarifier le sens de son déplacement, le résident de l’Élysée a tenu à préciser qu’il n’y avait « aucun lien » entre le « mémorandum d’entente sur la coopération dans le domaine des applications pacifiques de l’énergie nucléaire » signé par les deux pays et la libération des praticiens, survenue ce mardi. Soulignant tout de même le fait que « si elles n’avaient pas été relâchées, je ne serais pas venu ». Ce mémorandum prévoit la fourniture d’un réacteur nucléaire pour permettre à la Libye de désaliniser l’eau de mer. Mais ce n’est pas tout, la délégation française a informé qu’ « un deuxième projet » était actuellement à l’étude concernant « la recherche avec les Libyens pour savoir s’il y a des ressources en uranium en Libye ».

Le leader nucléaire Areva, qui détient le monopole de l’exploitation de l’uranium du voisin nigérien, est sollicité par le prince du pétrole africain qui demande à jeter un coup d’œil sur le catalogue de centrales proposées. Depuis mars 2006, date de la signature avec Paris du protocole d’accord sur la recherche nucléaire civile, le Guide se tourne, entre autre, vers la France pour assouvir ses envies atomiques et… militaires. Sur ce plan, Dassault Aviation, le fleuron de la technologie militaire française et équipementier officiel du Maghreb – exceptée l’Algérie, client historique de la Russie –, serait en passe d’écouler plusieurs exemplaires de son dernier joujou aéronautique au doux nom de Rafale (cf : Les libyens prennent le Rafale à l’essai). Les industriels de l’armement franchouillard se lèchent les babines à l’idée d’enfin exporter le Rafale. Et Kadhafi le sait bien.

Toutefois, la palme du plus gros investisseur français en terre libyenne revient à Total qui, depuis 2003 prend un malin plaisir à exploiter l’or noir , ô combien réputé pour sa qualité. Le second producteur africain, derrière le Nigeria, avec ses réserves prouvées avoisinant les 36 milliards de barils, est aussi à la recherche d’investissements massifs pour moderniser ses installations vieillottes en vue de doubler sa production d’ici 2010. Kadhafi accueille donc à bras ouverts le pétrolier français.

Mon ami Kadhafi, ex-terroriste

Le milieu bancaire n’y échappe. La première privatisation d’une banque libyenne revient à la fameuse BNP Paribas. Au nez et la barbe d’une kyrielle de banques arabes et anglo-saxonne, elle décroche le contrat en alignant sur la table 145 millions d’euros pour l’acquisition de 19% du capital de la Sahara Bank. Pour ce dépucelage bancaire, celle-ci s’est faite conseiller par le bon vieux Rothschild. Aux antipodes du socialisme protectionniste d’antan, la Libye fait saliver en offrant la possibilité, d’ici trois ans, de porter la participation de la BNP Paribas à 45%. Ces dernières années, le pays penche plus du côté du libéralisme avec sa vague de privatisation massive des entreprises publiques et sa politique d’ouverture économique. Ce qui excite naturellement l’appétit des investisseurs de l’Hexagone et leurs VRPolitiques, au coude à coude avec la concurrence anglo-saxonne.

En plus du pactole destiné à indemniser les familles des victimes, le Guide s’en tire avec un bon paquet d’aides dédiées à la réalisation de grands projets d’infrastructures en vue de moderniser le pays, renforcer la surveillance de ses côtes, le rendre plus attrayant, rebooster l’industrie touristique… et là encore la France serait sur le coup. Un « accord cadre » de partenariat sur les questions migratoires, culturelles, a été paraphé en plus de la coopération économique, commerciale et de défense. Sixième partenaire commercial de la Libye, la France entend bien gravir les quelques marches pour se hisser sur le podium et combler ainsi son retard.

Jouissant d’une normalisation des relations avec l’UE, qui a déjà versé 2,5 millions d’euros pour la rénovation de l’hôpital de Benghazi, le Guide est sur le point de signer un « accord de commerce et de coopération » qui lui ouvrira alors la voie vers le marché des 27. L’UE n’a pas fini de payer la facture salée de cette libération pendant que la France, elle, signe des contrats. Belle traversée de désert pour le Guide bédouin qui, par un coup de baguette diplomatique, s’échappe de son costume traditionnel de paria.

Joan Tilouine

Ecrit par libertad, à 10:05 dans la rubrique "International".



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