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Dossier Orwell - Des technologies au service de la surveillance
Lu sur A voix autre : "« A voix autre » sort un numéro hors série pour cet été 2007. Il brosse rapidement un tableau des récents développements dans le domaine des technologies au service de la surveillance comme les puces RFID, les drones, la biométrie...

Film, « La vie des autres », 2007

La multiplication des moyens de surveillance et de contrôle de la population ne cesse de croître, du téléphone portable en rue aux drones dans le ciel. Ces dispositifs se mettent en place dès l’école avec des bornes biométriques… Une aurore nouvelle grandit à l’horizon et la couleur du soleil nous inquiète. « A voix autre » s’est donc penché sur les différentes technologies susceptibles d’être mises au service d’une société totalitaire, que l’écrivain George Orwell avait prophétisé dès 1949 dans son célèbre roman : « 1984 ». Le « Big Brother » omnipotent et omniscient dénoncé par Orwell a bien des facettes. Il y a beaucoup de choses à dire. Ce numéro d’été d’ « A voix autre » passe uniquement et rapidement en revue certaines technologies méconnues malgré leur présence dans le domaine public et la menace qu’elles font peser sur les droits humains.


QUAND L’ANATOMIE INDIVIDUELLE TRAVAILLE POUR LES MACHINES

Nous commençons à voir surgir les machines biométriques dans les écoles, les aéroports ; les cartes et passeports biométriques sont en passe de devenir réalité. Avec d’un côté le discours de la facilité, de la prouesse, de la sécurité ; de l’autre, celui du contrôle social et politique, de l’enfermement, de la transformation en bétail.

La biométrie incarne comme jamais le désir bureaucratique d’un monde fluide, zoné, lisse, sans parole, qui tournerait en silence. Avec la biométrie, c’est le corps qui est en jeu. C’est le corps qui caresse la borne, le corps qui s’enregistre, le corps qui identifie. C’est le corps qui est modélisé, numérisé, qui sert à ouvrir les portes, à authentifier. Qui sert déjà, à l’intérieur de l’espace Schengen, à contrôler l’unicité du dépôt de dossiers de demandeurs d’asile. Comme pour les OGM ou la génétique, le vivant devient ligne de code, est réduit pour qu’il soit rendu opérationnel, susceptible d’action et de contrôle. L’informatique joue un rôle immense, à la fois comme outil d’analyse et comme outil pour l’action. On se demande si cela peut marcher sans danger : qu’adviendra-t-il des codes, ne pourront-ils pas être centralisés ? Que se passera-t-il lorsque sera volé - et c’est grandement possibe - l’identité biométrique de quelqu’un ?

Ce qui est en jeu, c’est le corps qui parle, le corps qui s’oublie et disparaît. On ne parle pas à une machine, on ne monnaye pas, on n’arrange rien. La machine reconnaît ou ne reconnaît pas, laisse passer ou pas. La binarité l’emporte sur le flou, sur les deals, sur les paroles. C’est le corps qui demande asile, pas une personne, juste cette ligne de code. C’est 11-38 qui veut manger ce midi. C’est 08B67 qui arrive en retard à son travail, et on n’efface rien, on garde tout, pas d’excuse.

Il est vrai, nous dira-t-on que nous sommes déjà des numéros de carte pour les marchands, pour l’Etat, pour les policiers comme pour la Sécu. Nous rétorquerons qu’effectivement, notre situation est déjà remarquablement terrible : que les multiples codes que nous avons tous dans nos portefeuilles témoignent d’autant de dépossessions, d’autant d’aliénations, d’autant de dépendances. Mais avec la biométrie, la vraie étape se franchit. L’union se concrétise. Mon corps est pour l’Etat, plus seulement mon corps qui vote, mon corps qui demande de l’aide, mon corps qui dévie de la légalité bourgeoise, mon corps qui se fait éduquer, c’est mon corps de tous les jours, mon corps intime, avec ses replis et ses zones d’ombre, ses traces infimes, qui est reconnu, centralisé, codé, numérisé. C’est mon corps secret qui se faufile, qui magouille dans les ténèbres, qui est enregistré, susceptible d’un traitement approprié. Par un renversement, mon intimité devient étatique : de quels écarts, de quelle autonomie, de quelles indépendances collectives pourrais-je rêver quand autour de moi, divers systèmes de reconnaissance biométrique me proposeront les aliments, dont a besoin mon corps, les traitements qui s’imposent à moi, m’enjoindront préventivement de ne pas commettre des actes car on sait qui je suis ?

De quelles révolutions pourrons-nous rêver quand notre aliénation à l’Etat sera à ce point aboutie, quand nous serons si bien gérés ? Avec la biométrie se montre de manière radicale le projet immanent de gestion et de contrôle de la population qui n’a pu émerger avec l’Etat moderne. Michel Foucault a bien raconté la constitution en son sein d’un biopouvoir, pouvoir disciplinaire s’exerçant sur les corps, pouvoir pouvant aussi s’assimiler à l’exercice d’une gestion du cheptel humain. Ce biopouvoir, par effet d’hommogénéisation, a permis la constitution d’un « Nous » de masse, d’un « Nous » sans parole.

La biométrie, de son côté, laisse entrevoir la possibilité pour l’Etat d’une gestion non-massive du cheptel, productrice cette fois de « Je » circonscrits par leurs enveloppes corporelles. Elle permet une disctinction sans parole, des séparations sans recours, elle re-zone le territoire selon des fonctions impératives, empêche les entrelacements, les chevauchements, c’est-à-dire toute possibilité que s’énonce le « Nous » d’un sujet-groupe. Et cela simplement pour que ce monde tourne.

[D’après Kamo] dans le n°10 d’« Offensive », trimestriel d’Offensive sociale et libertaire.


AU DOIGT ET A L’OEIL

« L’empreinte digitale. Pas chère, fiable, facile à conserver dans un fichier informatique, c’est la plus répandue des techniques biométriques. La machine se sert du relief cutané, ces stries qui dessinent des boucles, des arches, des tourbillons. Sur ces crêtes en contact avec l’écran du capteur sont repérées plusieurs dizaines de minuties, des points situés soit à la fin ou à une bifurcation de ces lignes papillaires, soit entre ces stries. Il n’y a guère qu’une chance sur plusieurs milliards de trouver deux empreintes comportant au moins 17 points de similitudes. »

Source : « Le Monde 2 » du 16 septembre 2006


APPARITION DE LA BIOMETRIE DANS UNE ECOLE DE LIEGE

Le 5 février 2007, les élèves du collège Marie-José de Liège ont dû s’identifier par leurs empreintes digitales pour entrer dans leur école. Ce collège est le premier à introduire la biométrie en Wallonie. Il suit en cela la piste suivie par deux écoles de Bruxelles.

Le directeur de l’école a justifié la mise en place du système par plusieurs problèmes : « Des personnes qui n’ont rien à faire à l’école viennent dans l’établissement pour faire des dégradations, voir s’ils ont un contentieux avec nos élèves. Dans d’autres cas, ce sont des parents de mauvaise humeur qui veulent venir rencontrer professeurs ou élèves. » Ce système permettrait également aux éducateurs de se consacrer davantage à leur tâche plutôt qu’à celle de compteur de présence. Symptomatique de l’état de l’enseignement belge, le déficit de personnel éducatif et enseignant est ici résolu par l’introduction d’une technologie suspecte.

En février 2007, la Commission de la protection de la vie privée a par ailleurs déclaré qu’aucune école n’avait alors pris contact avec elle avant d’installer ce système. Le procédé est donc plus que limite. La Commission a clairement souligné le problème : « Les écoles justifient l’installation du système pour des raisons de sécurité. Mais n’est-ce pas un peu excessif ? Il nous semble en effet que les moyens mis en place sont disproportionnés par rapport aux objectifs recherchés. ». Et après les paroles ?

La solution viendra des principaux intéressés. Nous ne pouvons qu’encourager vivement les élèves à refuser ce genre de pratiques. Parce qu’elles sont une autre forme de violence, plus insidieuse, plus intime. Parce qu’elles sont une atteinte aux libertés et à la vie privée. Parce qu’elles relèvent pratiquement du système carcéral et non pas de l’enseignement.

Vers le contrôle permanent

Les expériences de contrôle biométrique de nos activités (contrôle de l’accès à l’entreprise, au self, au parking etc.) se multiplient. Si de nombreux moyens technologiques de contrôle existent déjà et permettent depuis peu la traçabilité de nos comportements sociaux (le téléphone portable, Internet, la carte bancaire etc.), la biométrie, le plus souvent présentée de façon anodine, constitue bien de part les données qu’elle enregistre, le moyen de contrôle potentiellement le plus dangereux pour la liberté individuelle.

Pour des raisons déontologiques, professionnelles et politiques, nous dénonçons plus particulièrement son installation « expérimentale » dans les écoles.

Dans le contexte actuel, où le gouvernement répond aux problèmes des établissements scolaires par un discours répressif et sécuritaire, nous craignons que, ajouté à la vidéosurveillance et à la circulaire « PLP41 » qui vise entre autres à signaler les individus « déviants » à la police, ce nouveau moyen transforme l’école en instrument de contrôle social. S’il y a effectivement des actes d’incivilités et de violence qui perturbent la vie scolaire, il temps de s’interroger sur leurs causes économiques et sociales, ainsi que sur les raisons qui poussent certains élèves à rejeter violemment une institution qui ne convient pas à leur personnalité ou qui ne les aident pas à s’émanciper intellectuellement et socialement ni à se valoriser (en témoignent notamment les classes de professionnelles, souvent employées comme lieux de relégation des plus faibles et des plus turbulents). Et il est temps de résoudre ces problèmes en amont.

La situation nous inquiète d’autant plus que, en acceptant la biométrie, l’Ecole familiarise les plus jeunes à son usage. Elle participe donc à la normalisation de cette technique de surveillance et prépare les jeunes à un monde de contrôle permanent. Elle concourt à la mise en sommeil des consciences au lieu d’être un lieu privilégié d’exercice de l’esprit critique. La résistance ne viendra pas d’esprits au garde-à-vous.

Qu’adviendra-t-il quand on pourra à l’avenir pour chaque individu croiser son dossier scolaire, ses données médicales, familiales et son casier judiciaire ? L’échec scolaire stigmatisera-t-il la « dangerosité sociale » d’un individu ?

Enfin, nous refusons la biométrie car elle sera plus que probablement synonyme d’une raréfaction du personnel d’éducation dans les enceintes des établissements scolaires. La mécanisation des entrées et sorties des élèves qui prétend alléger la tache de la vie scolaire, finira par la vider de ses éducateurs et retirer à l’espace scolaire toute dimension éducationnelle et pédagogique.

Par ailleurs, les écoles (et particulièrement celles en « discrimination positive ») jouent un rôle social bien après le parcours scolaire des élèves. Combien ne reviennent pas chercher un conseil ou un peu de soutien moral auprès de leurs anciens éducateurs et professeurs ? La mise en place de bornes biométriques cassera ce rapport tout simplement... humain.

En viendra-t-on à la situation d’un collège californien qui, en 2005, a imposé à ses élèves de porter des badges Rfid (des puces radio-communicantes), afin de simplifier l’intendance de l’établissement, contrôler les absences, réduire le vandalisme. Ni les élèves ni les parents n’avaient été consultés.

Nous appelons toutes les organisations syndicales et pédagogiques conscientes des risques soulevés par le contrôle biométrique et technologique à l’école à se concerter pour organiser un front du refus et réaffirmer notre attachement au projet d’une école pour tous au service de chacun. Etudier à l’école Huxley et « Le Meilleur des mondes » deviendra-t-il bientôt sulfureux ?

[Louise, « A voix autre »]

Sources :
- RTBF du 5 février 2007
- « Le Soir » du 5 février 2007
- http://www. cnt-f. org
- http:// www.internetactu. net du 15 février 2005


LA BIOMETRIE AU QUOTIDIEN : CRASH TEST NEGATIF

Pour faire accepter à la population les nouvelles technologies telles que la vidéosurveillance ou les contrôles biométriques, les industries de microélectronique préconisent qu’il en soit fait usage dès le plus jeune âge et dans les gestes les plus quotidiens (cf. Gixel, « Livre bleu », 2004). Il en va de même pour la résistance à la robotique concentrationnaire : des faits récents montrent que les jeunes machines, non encore légitimées par l’appareillage institutionnel, se révèlent chétives et peuvent être écartées dans le cadre d’une pratique quotidienne de simple bon sens.

Lycée de la vallée de la Chevreuse, Gif-sur-Yvette, mi-novembre 2005. Une bande de clowns attaque les lecteurs biométriques installés à la cantine en remplacement des badges, tandis qu’un débat pédagogique est engagé sur l’aliénation et les nouveaux gadgets. Les bornes cèdent au premier coup de masse, et s’effondrent.

Lycée Maurice-Ravel, Paris, mi-décembre 2005. Peaufinant la vitrine high-tech de son lycée, Mme la Proviseure fait installer des bornes biométriques à l’entrée du self-service. Les élèves sont enrôlés sous peine d’exclusion de la cantine. Parents et professeurs, furieux de n’avoir pas même été avisés, et indignés par l’absurde dispositif, se réunissent, distribuent des tracts et pétitionnent. A la rentrée de janvier 2006, les machines ont été planquées dans un entrepôt.

Bilan : trois saboteurs présumés sur le banc des accusés au tribunal d’Evry, un appareillage provisoirement débouté au lycée de Ravel, et une lutte naissante contre le conditionnement cybernétique. Ces expériences nous enseignent donc :
- 1°) que la biométrie est une technologie des plus vulnérables, deux coups de marteau et quelques tracts suffisent à assommer les appareils.
- 2°) qu’en matière de nouvelles technologies, les organes de décision spontanés réagissent autrement plus efficacement que les commissions d’Etat.

[Offensive libertaire et sociale]


LES LOBBIES DES BIOMAITRES

En 2004 (déjà), les animateurs des Big Brother Awards ont épinglé les industriels de l’électronique pour leur désormais fameux « Livre Bleu ». (1) Dans cet ouvrage destiné aux décideurs patronaux et gouvernementaux, plusieurs lobbies industriels (Gixel, Alliance TICS, Simtec, Sitelesc, SNESE, Sycabel, SPDEI, GFIE), avec en tête le Gixel (Groupement des industries de l’interconnexion des composants et des sous-ensembles électroniques), délivraient leur stratégie : « la sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles, il faut donc faire accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles. » Cet argumentaire était tellement inavouable que le Gixel a tenté ensuite d’édulcorer son propos dans le plus pur style orwellien, c’est à dire en effaçant certains passages du rapport comme s’ils n’avaient jamais existé (2).

(1) Dossier des BBA 2004 : http://bigbrotherawards.eu.org/GIXEL-Groupement-des-industries.html
(2) Lire à ce sujet le communiqué du 1er février 2006 qui republiait le document non-censuré : http://bigbrotherawards.eu.org/Livre-Bleu-du-Gixel-les-BBA-republient-la.html


CE QUE DIT LA LOI BELGE

Jusqu’où peut aller une école pour contrôler la fréquentation scolaire et les allées et venues au sein de l’établissement ? Jean-Yves Woestyn, juriste au service administratif de de la Fédération de l’enseignement secondaire catholique : « En fait, légalement, rien n’interdit l’usage d’un contrôle électronique ou d’un pointage à l’entrée d’un établissement, car les élèves sont dans l’obligation de rester au sein de l’école. Et c’est encore d’avantage le cas dans notre réseau, car les parents se trouvent dans une relation contractuelle avec l’école et se sont donc engagés à respecter le règlement auquel ils ont adhéré en inscrivant leur enfant. Quant à l’autre aspect de la question, la présence dans l’école de jeunes qui n’y sont pas inscrits, c’est très clair : dans l’enseignement libre, l’école est un domaine privé, on ne peut donc y entrer qu’avec l’autorisation du pouvoir organisateur ou du directeur… Et de ce point de vue-là, les pouvoirs organisateurs sont libres de mettre en œuvre les moyens qu’ils souhaitent pour éviter les intrusions »

Source : « Entrées libres », octobre 2006.


FRANCE - BASE-ELEVE : UN FICHAGE DANGEREUX

En France, depuis plusieurs années, le nombre de fichiers informatiques considérés comme indispensables par les autorités administratives est en constante augmentation, alors même que la Commission nationale de l’informatique et des libertés a subi une réduction de ses pouvoirs, en particulier après la loi du 6 août 2004. Aujourd’hui, force est de constater que la plupart de ces fichiers ont été détournés de leur objectif initial d’outils administratifs pour se transformer en instruments de contrôle social.

Le secteur éducatif n’a pas échappé à cette vague de mise en place de fichiers électroniques. Après deux années d’expérimentation, le ministère de l’Education nationale se prépare à généraliser l’utilisation d’un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « base-élève 1er degré ». Ce système concerne tous les élèves des écoles maternelles et élémentaires, privées et publiques, y compris ceux recevant une instruction dispensée en dehors de l’école. Officiellement, il s’agit de constituer une base de données destinée à la gestion administrative des élèves, au pilotage pédagogique, au suivi des parcours scolaires de la maternelle à l’entrée en 6ème et à l’élaboration de statistiques académiques et nationales.

La section française Ligue des droits de l’Homme constate que ce fichier comportera de nombreux éléments relatifs à l’identité de l’élève et à son cursus scolaire, que chaque élève recevra un identifiant national différent du numéro national d’identification des personnes physiques et surtout que ce fichier, destiné à être centralisé, est d’accès partagé à différents niveaux, des mairies au ministère, et notamment à des élus politiques.

Elle constate également que, contrairement à ce que prévoit la loi informatique du 6 janvier 1978 modifiée (dite loi informatique et libertés),
- les parents des élèves fichés n’ont reçu aucune information préalable sur l’existence de ce fichier, et par conséquent sur le caractère obligatoire ou facultatif des informations recueillies ;
- le droit à la confidentialité sur les informations détenues n’est absolument pas garanti. La sécurisation invoquée depuis deux ans par le ministère de l’Education nationale vient d’ailleurs d’être démentie et le ministère lui-même a dû le reconnaître.

Parce qu’elle refuse une société où les individus seraient mis en fiche dès le plus jeune âge, parce qu’elle pense que les familles doivent pouvoir continuer à faire confiance à l’école, parce qu’elle n’accepte pas que ces fichiers se mettent en place en absence de tout débat public, la LDH demande que le ministère de l’Education nationale mette fin à cette expérimentation qui porte atteinte au respect des libertés individuelles et notamment à celui du droit au respect de la vie privée.

[Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme - France]


BIOMETRIE - DES CARTES MEDICALES SOUS LA PEAU

Le 27 juin 2007, le site de Rtlinfo.be a annoncé que des médecins étudient la possibilité de stocker dans des puces électroniques des données médicales qui seraient implantées dans la peau des patients. Selon l’American Medical Association, « ces puces, de la taille d’un grain de riz et introduites grâce à une aiguille, pourraient donner aux médecins en cas de traitements d’urgence toutes les informations médicales sur les patients souffrant de maladies chroniques. » Le but : améliorer la continuité des soins et réduire les risques d’erreurs médicales.

« Ces « étiquettes intelligentes », qui fonctionnent selon le procédé technologique de l’identification par radiofréquence [RFID], sont déjà utilisées par des groupes de distribution sur des produits de consommation pour accélérer les processus de livraisons », précise Rtlinfo.be Le parallèle avec le troupeau humain saute aux yeux. La confidentialité des patients risque d’être gravement remise en cause par cette technologie dont on parle depuis longtemps et qui a, par exemple, déjà été employée dans des boîtes de nuit. Qu’en sera-t-il si un patron veut s’assurer de l’état de santé d’un travailleur avant de l’engager : cette technique ne risque-t-il pas de provoquer (un peu plus) de discrimination à l’embauche ? Une fois, testées dans le domaine médical, ces puces sous-cutanées ne pourraient-elles pas servir à un régime autoritaire pour contrôler les individus ? C’est pour le moins troublant…

Mais le transfert de technologie peut aussi présenter des risques physiques. « Les puces sont faites pour rester en place mais en raison de leur petite taille, elles pourraient se déplacer à l’intérieur du corps. Elles pourraient aussi provoquer des interférences avec des appareils électriques, comme les défibrillateurs » Enfin, on ignore quel pourrait être leur impact sur les médicaments prescrits. Les firmes pharmaceutiques peu scrupuleuses arriveront-elles à convaincre (grâce à de l’argent ou des promesses de vacances) les médecins de prescrire tel ou tel médicament sur la puce ?

Source : http://www. rtlinfo. be du 27 juin 2007


FICHIER ADN EN FRANCE - DES FAUCHEURS VOLONTAIRES JUGES COMME DES CRIMINELS

Les 26 et 27 février 2007 s’est déroulé, au tribunal correctionnel d’Orléans, le jugement des « 32 de Villereau » suite au fauchage d’un champ de maïs OGM à Villereau (Loiret). Neuf d’entre eux devaient comparaître également pour leur « refus de se soumettre au prélèvement destiné à l’authentification de leur empreinte génétique ». Les anarcho-syndicalistes de la Confédération nationale du travail (CNT) se sont dits inquiets de la dérive sécuritaire que constitue cette disposition de la loi sur la Sécurité Intérieure de mars 2003 dite « loi Sarkozy » et ont appellé à une mobilisation générale.

Ces 9 réfractaires au fichage ADN encouraient une peine d’un an de prison et 15000€ d’amende. Refuser de donner son ADN est un « délit continu ». Le procureur peut engager des poursuites tant qu’il y a refus de se soumettre au fichage.

D’abord limité aux auteurs de crimes sexuels et de violences, le fichage ADN est étendu aux suspects de tous poils : syndicalistes, faucheurs volontaires, déboulonneurs de publicité… Les contestataires à surveiller côtoient dorénavant les criminels et les violeurs dans des fichiers conservés de 25 à 40 ans.

La loi Sarkozy a été renforcée par la loi Perben 2 de 2004. Aujourd’hui sont susceptibles d’être fichées ADN toutes les personnes impliquées dans une enquête, les témoins par exemple. Ce fichage trouve sa « justification » (comme la vidéosurveillance) dans la lutte contre l’insécurité et la violence.

S’il permet la résolution de quelques crimes, le fichage génère des dommages co-latéraux. En effet, il constitue un moyen de coercition comme l’illustre ce procès. C’est une atteinte à l’expression de toutes formes de contestations sociales.

Pour la CNT, le fichage ADN est un dispositif supplémentaire dans l’arsenal législatif pour contrôler, discriminer, les bons citoyens des mauvais, les serviles des rebelles.

Source : Confédération nationale du travail http://www.cnt-f.org


BELGIQUE - LES CAMERAS POINTEES DU DOIGT

Dans son édition du 23 mai 2007, « Le Soir » annonçait que la Ville de Waremme avait opté, elle aussi pour la vidéosurveillance. Comme Liège, Huy et d’autres communes liégeoises avant elle. « Le conseil communal a voté, lundi soir, la première phase de l’installation de caméras. Un budget de 100.000 euros est inscrit au budget 2007. » Les caméras seront placées à la gare et ses abords.

Avec l’installation de nouvelles caméras, c’est le respect de la vie privée qui se trouve à nouveau le cœur du problème. A plusieurs reprises, et notamment le mercredi 7 février, lorsque la Commission de l’Intérieur de la Chambre des représentants a voté le projet de loi réglant l’installation et l’utilisation de caméras de surveillance, la Ligue des droits de l’Homme s’est inquiétée. A l’occasion du vote du projet, elle a dit craindre que ce projet ne faisait que légitimer les caméras de vidéosurveillance existantes et favoriser l’expansion du recours à la vidéosurveillance plutôt que d’encadrer véritablement ce type de système.

Ainsi, pour la Ligue, « le législateur a manifestement fait un choix très clair : celui d’encourager le recours aux caméras de surveillance, pourtant potentiellement attentatoires à une multitude de droits fondamentaux, plutôt que de poser une interdiction fondamentale de principe à leur utilisation, interdiction à laquelle il pourrait être dérogé dans des conditions très strictes. Le renversement du principe aurait valeur de symbole : celui d’une société qui ne délègue pas aux acteurs privés le soin d’exercer des fonctions régaliennes et qui n’encourage pas ses concitoyens à la méfiance généralisée, voire à la délation, sans pour autant nier les réalités qui sont les siennes. En voulant réglementer a minima la vidéosurveillance, le législateur pose les jalons d’une société de la surveillance.

Les « garanties » prévues par le projet de loi ne sont que de simples formalités qui laissent à penser que l’installation d’un système de vidéosurveillance sera possible en toutes circonstances.

L’étude de sécurité et d’efficience constitue un exemple parlant. Nécessaire en son principe, elle n’est aucunement définie. Il suffit donc d’attester qu’elle a été réalisée, peu importe dans quelles conditions et selon quelles méthodes. La loi ne doit-elle pas à tout le moins consacrer l’obligation de consulter la population de la zone concernée et d’établir une nécessité objective d’installation du réseau de vidéosurveillance ? Ne conviendrait-il pas en outre qu’elle soit communiquée obligatoirement au Conseil communal et le cas échéant au Conseil de Police, avant qu’ils ne prononcent leurs avis conformes respectifs ?

Dans le même ordre d’idée, il conviendrait de prévoir que la Commission de protection de la vie privée bénéficie d’une compétence d’avis conforme, c’est-à-dire un avis contraignant et préalable à l’installation. A l’heure actuelle, cet avis conforme n’existe pas, même s’il existe une obligation de déclaration à la Commission. Officiellement, seuls 742 dossiers ont été rentrés par les communes à la Commission. Le nombre de caméras installées est bien plus important…

De nombreuses autres critiques sont à émettre, notamment sur la qualité des personnes habilitées à visionner les images (est-il légitime que des acteurs privés visionnent ces images ?), sur la sanction en cas de non respect de la procédure (la désinstallation du réseau illégal n’est pas prévue), sur l’évaluation des systèmes dans le temps (les autorisations valent ad vitam eternam…), sur la protection des données sensibles (opinions philosophiques, religieuses, politiques, syndicales, origine ethnique… font l’objet d’une protection largement insuffisante), sur l’utilisation pénale d’images illégales (quid ?), sur l’information des citoyens, sur l’obligation active de destruction ou d’effacement des images après un temps déterminé, etc. »

La Ligue note également que suite à l’intervention du Ministre de l’Intérieur, la Commission a voté ce texte sans aucune discussion ni aucun amendement, alors même que les parlementaires avaient convenu que le projet était loin d’être abouti et qu’il était nécessaire que le travail parlementaire se poursuive.

Sources :
- communiqué de la Ligue des droits de l’Homme du 8 février 2007
- « Le Soir » du 23 mai 2007


LA VIDEOSURVEILLANCE, UN PHENOMENE EUROPEEN

Dans les rangs conservateurs, on commence aussi à s’interroger sur le phénomène de surveillance en Europe. Le 2 novembre 2006, « Le Figaro » titrait ainsi « La société britannique menacée par Big Brother » à propos d’un rapport dressé par l’Information Commissionner’s Office (ICO), commission en charge de l’informatique et des libertés.

« Le Figaro » décortique : « Avec une caméra pour 14 habitants dans les rues ou les commerces (4,2 millions au total), la Grande Bretagne est, la nation la plus espionnée du monde. Les premières caméras de surveillance ont été installées dès 1953, à l’occasion du couronnement d’Elizabeth II. A cet « œil attentif » s’ajoutent le suivi à la trace des paiements par cartes bancaires, des communications des téléphones mobiles, ou des GPS embarqués dans les voitures. »

Le rapport de l’ICO souligne que la vidéosurveillance a pris un essor considérable depuis le 11 septembre et le début de la « Guerre contre le Terrorisme » des Etats-Unis, auxquels est alliée la Grande-Bretagne. Point important, le rapport constate quatre phases dans le processus de généralisation de la surveillance : « d’abord, la surveillance se donne un but précis et public. Puis elle devient une « routine », s’intègre au paysage, avant de se faire « systématique ». Dernière étape : la vidéosurveillance devient « focalisée ». Elle ne se contente plus d’observer, mais cherche d’elle-même des détails, croise les informations, les classe, et les échange. Avec parfois des erreurs. La commission recense 2.700 cas d’erreurs d’identification par le système de lecture vidéo des plaques d’immatriculations, pourtant des plus simples. »

Non seulement la surveillance généralisée nourrit la suspicion, la perte de confiance au sein de la société, elle entraîne également des discriminations sociales. « La commission note que la vie quotidienne des personnes d’origine étrangère a été considérablement compliquée et « ralentie » depuis le 11-Septembre. Ils sont en effet soumis à plus de « points de contrôle » que les autres populations. A l’appui, l’ICO souligne que 40% des hommes noirs ont été intégrés aux fichiers ADN britanniques, contre 9% des blancs, et 13% des asiatiques. »

Le rapport estime que cette tendance à la surveillance conduit la Grande-Bretagne à un « suicide social ».

Big Brother en nous

Depuis mai 2006, pour 15 livres par mois, Shoreditch TV branche ses abonnés à plus de 400 caméras de surveillance d’un quartier populaire de l’Est de Londres. Si un spectateur juge une personne suspecte, il peut envoyer un courriel de dénonciation directement et anonymement à la police, via un clavier sans-fil fourni avec l’abonnement. On n’arrête pas le « progrès ».

Les caméras ont été installées autour de la zone pilote, après consultation des résidents, des organisations communales et de la police. L’idée provient du conseil local-travailliste (les socialistes de gestion du centre-gauche) et est en partie financée par l’Union européenne.

Mesure électoraliste et démagogique ; coup porté aux conséquences et non aux causes de la délinquance (réelle) ; danger de fichage associatif, politique et syndical ; intégration d’attitudes policières par chaque habitant et donc renforcement du pouvoir… Les opposants au projet ont égrener les objections. Sans résultat. Mais le hasard travaille pour eux : le système de Shoreditch TV connaît des défaillances : zooms impossibles, caméras cassées.

Big Brother nous parle

En avril 2007, le minsitère de l’Intérieur du Royaume-Uni a prévu une enveloppe équivalente à 750.000 euros pour placer des caméras de surveillance qui parlent, dans les zones « sensibles ». Le personnel de contrôle peut ainsi donner des injonctions en cas de dépôt d’ordure illégal ou d’attroupements de « jeunes délinquants », etc. La distanciation qui s’opère entre le surveillant et le citoyen par l’emploi d’un objet intermédiaire (la caméra parlante) favorisera sans doute l’application froide des règlements : il n’y a plus de contact humain direct, avec ce que cela implique de négociations. Les caméras de ce nouveau type ne permettent certainement pas la discussion, elles n’ont qu’un œil et une bouche mais pas d’oreille. Tiens, tiens : à quand des caméras qui nous écoutent lors de rassemblements syndicalistes ?

Sources :
- http://www.lefigaro.fr du 2 novembre 2006
- « Métro » du 15 mai 2006
- « Journal du Mardi » d’avril 2007

Film, « 1984 ». Big Brother s’adresse à la foule


UN DRONE AU-DESSUS DE BRUXELLES

L’info n’a eu l’honneur que d’une brève, tant dans « Le Soir » que dans « La Libre » du 25 juin 2007. Pourtant les tests d’un drone silencieux par la police de Bruxelles-Nord ne relèvent pas du fait divers. Que ce minuscule avion sans pilote circule au-dessus de Bruxelles n’est pas innocent : la ville abrite le parlement et le palais royal. Mais aussi les institutions européennes, l’Otan et biens d’autres lieux sous haute sécurité.

A quoi pourrait servir un tel appareil, équipé d’une caméra infrarouge ou d’un appareil photo ? Réponse : au maintien de l’ordre sur une manifestation, observation pour une perquisition, descente sur un chantier pour traquer des travailleurs au noir...

Les images captées en altitude sont instantanément envoyées au sol, sur un ordinateur portable ou dans une paire de lunettes spéciales portées par un policier.

Si les tests de ce damné drone s’avèrent concluants, il y a fort à parier que l’on voit se multiplier ce genre de coucous infernaux, tant à Bruxelles que dans les villes importantes comme Liège, Charleroi, Anvers, Gand... Manifester, entre autres auprès des institutions démocratiques installées à Bruxelles, deviendra-t-il un acte surveillé par un oeil céleste ?

Au Royaume-Uni, aussi

Début juin, l’état major du Merseyside au Royaume-Uni a, lui aussi, lancé un drone au-dessus de la ville de Liverpool, dans le cadre de la lutte contre la criminalité. Les tests devraient durer trois mois avant une possible mise en place définitive.

Avec son mètre de diamètre et son poids plume ce drone patrouilleur était à l’origine destiné à des fins militaires. Petit, capable de prendre des clichés d’une altitude de 500 mètres, ce drone est de surcroît ultra silencieux et possède des capacités de vision nocturne. A haute altitude ou de nuit, il est donc indétectable à l’œil nu et à l’oreille. L’espion rêvé... D’autant plus que l’engin peut être contrôlé à distance grâce à une télécommande ou encore grâce à un système de navigation pré-programmé et géré par GPS.

Plus inquiétant encore, la gendarmerie locale planche d’ores et déjà sur un système d’armement embarqué. Qui serait visé ?

En France, également

Au même moment, le policier du ciel est testé en France, comme l’indiquait « Le Figaro » du 28 avril 2007. L’appareil a été imaginé par Antoine Di Zazzo, le directeur général de… Taser France. Tout se recoupe dans le domaine du contrôle de la population : c’est Taser qui a équipé policiers et gendarmes français des pistolets électriques.

L’engin vole à 80 km/heure, jusqu’à 9 000 pieds d’altitude. Et est stable, même en période venteuse. Quant à ses caméras thermiques, elles peuvent repérer une variation de température de 5 degrés à 235 mètres de hauteur. Buts déclarés du drone français : rechercher des disparus à la campagne ou en mer, surveiller les chauffards. Cet appareil est donc adaptable à la surveillance tout court. Autre info pertinente dans la période de tensions sociales que l’on connaît : le drone est aussi sensible à la moindre fumée et pourrait aussi survoler les cités en cas de violences urbaines. Selon le « Figaro », les concepteurs devaient se rendre le 20 mai 2007 « dans le désert du Nevada, afin de mener des tests avec le Pentagone. Objectif : embarquer des poudres ou des gaz hilarants qui seraient largués sur des émeutiers... » Les gaz ne sont pas nécessaires : rien que comme ça, il y a de quoi rire… jaune.

La porte s’ouvre lentement sur le cauchemar de « 1984 »

« De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée. » (G. Orwell, « 1984 »)

Sources :
- « La Libre Belgique » et « Le Soir » du 25 juin 2007.
- http:// www. rtlinfo.be du 23 juin 2007.
- http:// www. generation-nt. com du 3 juin 2007.
- « Le Figaro » du 28 avril 2007


TELEPHONES PORTABLES - ON TIENT VOTRE OREILLE A L’OEIL

C’est « Le Monde » qui a livré l’info le 1er juillet 2007. Des scientifiques et des sociétés de télécommunication ont mis leurs talents au service d’une société de la méta-surveillance.

Des chercheurs du MIT ont utilisé les signaux émis par les téléphones portables des abonnés de Telecom Italia pour comptabiliser le nombre de supporters venus accueillir l’équipe de football italienne victorieuse de la Coupe du Monde. C’était le 10 juillet 2006. Même procédé inquiétant, un mois plus tard, le 6 août, lors d’un concert de Madonna.

Automobilistes, piétons, cyclistes... Tous suivis… « Sur de grands écrans étaient représentés des quartiers entiers de Rome où points lumineux, flèches rouges, vertes, orange, courbes colorées en trois dimensions représentaient les mouvements de population, les lieux les plus fréquentés, les embouteillages... Des représentations rendues possibles par l’utilisation de données anonymes et collectives fournies par l’opérateur téléphonique », explique « Le Monde ».

C’est la première fois qu’une foule entière a été suivie à la trace et comptée. Jusqu’ici la géolocalisation était employée à petite échelle. La justice y a déjà eu recours, lors de certaines enquêtes criminelles, pour identifier et localiser des téléphones portables de suspects. Mais cette technologie a basculé dans le domaine public. Des parents peuvent suivre le parcours de leur enfant en temps réel, via leur téléphone portable. Et « des entreprises, pour mieux surveiller leur flotte automobile... et leurs salariés, peuvent installer des systèmes de localisation par satellite (GPS). » Au-delà des questions de sécurité, cette méthode interroge le respect de la vie privée, observable y compris par des particuliers.

Cette technique est susceptible d’intéresser tant des régies de transport voulant réorganiser le tracé des bus (les transports romains Atac se sont déjà signalé dans ce but) que des afficheurs urbains soucieux de connaître l’affluence réelle devant leurs panneaux (JC Decaux et Clearchannel ont d’ailleurs déjà contacté les chercheurs du MIT)... Non seulement, avec la géolocalisation généralisée, nous évoluerions dans une ville normée et au service des entreprises, mais comme s’en inquiète « Le Monde » : « cette innovation ne peut-elle pas déboucher sur un outil gigantesque de surveillance, digne de George Orwell, alors que près de 3 milliards d’individus sur la planète sont équipés de téléphones portables ? » La question de la liberté de mouvements se pose clairement.

Sans parler des banques qui, à l’aide des cartes bancaires, peuvent suivre leurs clients en fonction de leurs dépenses, la traçabilité des individus est désormais possible. Les opérateurs téléphoniques sont techniquement capables de savoir d’où et quand un appel est émis, et bien sûr où il est reçu. Même lorsqu’il est en veille, il est possible de localiser la puce d’un appareil. Si ces informations sont utilisées en principe seulement dans le cas d’enquêtes policières, la vigilance est de mise face à la multiplication des outils de géolocalisation. Aujourd’hui, 3 milliards d’individus disposent d’un gsm, l’étape d’après consiste-t-elle à en munir chaque être humain ?

Source : « Le Monde » du 1er juillet 2007


MISE SUR ECOUTE EN BELGIQUE - VOTRE OREILLE PARLE

Le téléphone portable peut servir à localiser une personne mais aussi à surveiller ses propos et donc ses activités, entre autres politiques. Le 17 avril 2007, une conférence de presse était donnée par les trois militants altermondialistes qui ont été mis sur écoute en 2001 par les services de police, avec autorisation d’un juge d’instruction et cela de façon totalement abusive, au moment où ils ont organisé une manifestation pacifique (de surcroît autorisée et n’ayant pas provoqué de débordements). Cette manif entendait protester contre le sommet des ministres des finances européens (Ecofin) qui s’est tenu à Liège dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne. Se sont ensuivis pour eux deux procès (deux parce que le ministère public a fait appel de la première décision) qui se sont soldés par un acquittement et la mise en évidence d’une faute dans le chef de l’Etat.

Soutenus notamment par la Ligue des droits de l’Homme, la FGTB liégeoise, le Collectif pour la liberté d’expression et d’association et le Centre d’action laïque de Liège, les « mis sur écoute » ont décidé de contre-attaquer et ont lancé à présent une citation contre l’Etat belge. Ils appellent également à une révison des différentes législations d’exception qui se multiplient ces temps-ci en Belgique qui représentent un grave danger pour la liberté d’expression et d’association, entre autres. Pour ce faire, ils lancent notamment une pétition (disponible sur http://petitions.agora.eu.org/missurecoute/index.html) qu’ils invitent tout un chacun à signer.

On trouvera tous les détails sur le site http://missurecoute. be, notamment un dossier de presse très fourni, dans lequel sont notamment reproduites une série de pièces du dossier qui montrent à quel point tout cela serait profondément dérisoire si ces pratiques dans le chef de la justice ne portaient pas gravement atteinte à certaines de nos libertés fondamentales.

Source : http:// bulles.agora.eu. org


POLICIERS SANS CONSCIENCE - DES ROBOTS EQUIPES DE TASER

Fin juin 2007, l’entreprise iRobot a annoncé la mise en place d’un partenariat stratégique avec la société Taser, spécialisée dans la production d’armes à « létalité réduite » (autrement dit le risque de mort n’est clairement pas supprimé, quoique Taser n’aime pas qu’on le lui rappelle).

« Cette entente iRobot et Taser devrait se concrétiser par l’intégration d’une arme à impulsion électrique au PackBot Explorer, un robot de reconnaissance équipé de senseurs audio et vidéo déjà utilisé par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Cette annonce marque un pas de plus dans l’utilisation des robots comme instruments coercitifs pour des missions de maintien de l’ordre ou de police. On est bien entendu loin de Robocop, mais de plus en plus d’initiatives visent à introduire les robots dans des missions de sécurité intérieure, qu’il s’agisse de surveillance des espaces publics et des infrastructures essentielles, de sauvetages lors de catastrophes naturelles ou d’interventions pour désamorcer des engins explosifs. »

La mise en place de cette robotisation soulèvent de nombreuses questions. Avec les caméras parlantes et les drones, ces avions sans pilotes, les autorités seraient désormais à même de quadriller parfaitement le territoire, tant à partir du ciel que du sol, à l’aide de machines froides. Avec un policier, on peut discuter. Avec un robot, non. Le droit à la désobéissance en cas d’ordre immoral risque de se faire bien rare dans les rangs de forces de l’ordre robotisées... Souvenons-nous que si, durant la Seconde guerre mondiale, de nombreux policiers ont collaboré avec les nazis, de nombreux autres se sont résolument engagés dans la Résistance. Qu’en serait-il aujourd’hui ? Le rêve de Big Brother émerge : des policiers sans conscience...

De tels équipements de contrainte physique peuvent être employés aussi bien par des démocraties musclées que par des systèmes clairement totalitaires, sans qu’il y ait besoin de recommencer la formation morale des « soldats-robots. Le glissement d’un système politique autoritaire à un régime fasciste pourrait se dérouler non seulement sans résistance des « troupes » (robotisées), voire même avec l’aide des « troupes. Une nouvelle porte s’ouvre vers le cauchemar de « 1984.

Source : http://securisphere.blogspot.com/


LE FABRIQUANT D’ARMES A IMPULSIONS ELECTRIQUES TASER POURSUIT UN DE SES OPPOSANTS

Le 13 juin 2007, « Le Monde » annonçait que le candidat trotskiste à la présidence de la république française Olivier Besancenot était poursuivi par l’entreprise Taser pour avoir déclaré dans une entrevue télévisée que les armes à « létalité réduite » qu’elle produit ont causé la mort de plus de 150 personnes. Ces chiffres sont tirés d’un rapport d’Amnesty International. Cette agressivité juridique contraste avec la posture défensive dans laquelle la société se trouve aux USA, où elle s’est défendue avec succès dans 45 poursuites pénales. L’enjeu est bien ici de taille, puisque toute admission publique ou juridique de la dangerosité de ce qui reste avant tout une arme compromettrait la survie de l’entreprise, qui occupe une position hégémonique sur un marché extrêmement juteux. En France, la police utilise déjà plus de trois mille pistolets Taser, une arme conçue pour immobiliser une personne en lui infligeant une décharge électrique de 50 000 volts à 2 milliampères.

D’une part, les risques mortels d’une telle décharge électrique sont réels pour les personnes qui souffrent de problèmes cardiaques, qui se trouvent dans des situations de stress intense ou qui sont sous l’emprise de drogues. D’autre part, la tentation est forte pour de nombreux policiers d’étendre l’usage de cette arme qui ne laisse pas de traces à des situations non violentes, mais où la personne fait preuve d’un certain degré de résistance aux ordres qui lui sont donnés.

Sources :
- « Le Monde » du 13 juin 2007
- http:// securisphere.blogspot. com


Puce RFID

EN BREF !

Qui dort avec son chien attrape ses puces

« La Commission européenne a affirmé son intention de se désengager vis-à-vis du marché de la RFID( puces radio communicantes) en renonçant à réglementer son utilisation en Europe. La CE espère ainsi ne pas entraver le développement économique de ce marché prometteur. L’organe exécutif de l’Union européenne entend ainsi responsabiliser les sociétés en les laissant libres de recourir à ce mode d’identification et en leur laissant le soin de trancher sur les questions de confidentialité et de respect de la vie privée. » Quand l’économique passe avant le respect des droits humains, il ne faut pas trop se faire d’illusion sur le respect de ces droits. (« The Inquirer », 16 mars 2007).

ADN et empreintes en réseau

Les ministres européens de l’intérieur se sont entendus, mardi 12 juin, à Luxembourg pour mettre en réseau leurs fichiers de signatures génétiques ADN et d’empreintes digitales. Une telle mise en commun est censée faciliter les enquêtes policières dans l’Union européenne. Cette proposition est à mettre en parallèle avec la criminalisation des mouvements sociaux. L’objectif est « contre la criminalité organisée et le terrorisme » et permettra sans aucun doute de mettre à jour des concordances dans des affaires d’homicides ou d’agression sexuelles. Une bonne chose. (« Le Monde », 13 juin 2007) Le hic, néanmoins, c’est que des prélèvements d’ADN ont récemment été réalisés sur des faucheurs d’OGM. Sera-t-on poursuivi dans chaque pays d’Europe pour la défense d’une nourriture saine ?

Des passeports RFID belges très bavards

« Une équipe belge de chercheurs en cryptographie vient de découvrir avec stupéfaction que 720 000 passeports à puce RFID, délivrés en Belgique entre fin 2004 et juillet 2006, n’étaient tout simplement pas cryptés. Il suffit donc d’un lecteur de puces RFID du commerce pour accéder à leur contenu, à 10 cm de distance. Ce qui peut se faire en toute discrétion et en quelques secondes n’importe où. Comme si cette gaffe ne suffisait pas, le passeport RFID belge contient un ingrédient de plus que ses confrères européens : la signature du titulaire. » (« Aïetech.com », 6 juin 2007) Bonjour, la confidentialité et le respect de l’identité. « Il suffirait de voler le passeport, voire un sac à main pour obtenir toues les informations voulues. Mais ce serait oublier que tout le charme (et le danger) du vol d’identité via la puce RFID est précisément qu’il peut être effectué sans que sa cible se doute de quoi que ce soit. » (« Aïetech.com », ibidem)

La trop bonne mémoire de « Google »

Le moteur de recherche « Google » stocke actuellement « toutes les recherches des internautes, associées à leur adresse IP (liée à leur connexion et abonnement), une date et un numéro associé à un cookie (logiciel espion) placé sur leur ordinateur », annonce « Le Soir » du 12 juin 2007. Et de préciser « Dans un message sur son blog officiel, Google explique mardi qu’il « rendra anonyme » ces données au bout de 18 mois (supprimer l’adresse IP et le numéro liés à la machine) » Ce délai est encore celui d’une trop bonne mémoire. Cela ne semble satisfaire ni les militants ni la Commission europénne qui va étudier la réponse de Google et questionner les autres moteurs de recherche sur leur politique de respect de la vie privée. Une position étonnante lorsqu’on sait que les puces radio communicantes (RFID) ne sont, elles, pas inquiétées.


DANS LA POCHE GAUCHE

- George Orwell, « 1984 », éd. Gallimard, coll. Folio, 1949, 408 p.

« On ne pouvait en général présumer que l’on se trouvait plus en sécurité à la campagne qu’à Londres. Il n’y avait naturellement pas de télécrans. Mais il y avait toujours le danger de microphones cachés par lesquels la voix peut être enregistrée et reconnue. Il n’était pas facile, en outre, de voyager seul sans attirer l’attention. Pour des distances inférieures à une centaine de kilomètres, il n’était pas nécessaire de faire viser son passeport, mais il y avait parfois des patrouilles qui rôdaient du côté des gares, examinaient les papiers de tous les membres du Parti qu’elles rencontraient, et posaient des questions embarrassantes. » (George Orwell, « 1984 »)

George Orwell (1903 – 1950) a été policier aux Indes, clochard à Paris, combattant en Espagne, speaker à la B.B.C. et surtout un grand écrivain. Son prophétique « 1984 » décrit un monde totalitaire.

- Michel Alberganti, « Sous l’œil des puces. La RFID et la démocratie », éd. Actes Sud, mars 2007, 207 p., 22 euros.

« Small Brothers are watching you ! » Grâce aux nouvelles puces radio communicantes (RFID), ces étiquettes intelligentes qui remplacent peu à peu le code-barre, une multitude d’informations peuvent être collectées à des fins commerciales mais aussi sécuritaires voire militaires. En France, le passeport biométrique comme le passe Navigo des transports de la RATP ou celui des péages d’autoroute fonctionnent déjà avec une puce RFID. Bientôt, la plupart des objets de la vie quotidienne en seront équipés. Sous l’œil des puces propose une enquête sur la RFID, son fonctionnement, ses premières applications et ses perspectives. Des milliards d’étiquettes (ou tags) RFID vont être utilisées dans le monde entier au cours des prochaines années. Pour Michel Alberganti, cette technologie fait peser une réelle menace sur la démocratie. Grâce à la communication avec les objets via Internet, rares seront nos déplacements, nos habitudes, nos préférences et, même, nos pensées qui échapperont aux mouchards du plus grand réseau de surveillance jamais créé. Face à la panoplie impressionnante des systèmes de « traçabilité », les institutions semblent bien fragiles. Comment la société peut-elle contenir l’invasion de ces puces radio qui, déjà, s’insinuent jusque sous la peau des citoyens ?

Michel Alberganti est journaliste scientifique au « Monde ». Il est spécialiste des nouvelles technologies.

- Collectif, « La tyrannie technologique », éd. L’Echappée, mai 2007, 256 pages, 12 euros.

Quelques chiffres. Après le travail et le sommeil, la troisième activité des occidentaux est de regarder la télévision. En France, 80% de la population possède un téléphone portable contre moins de 5% dix ans plus tôt.

Les nouvelles technologies, fer de lance et alibi d’une industrie obsédée par la rentabilité, participent chaque jour un peu plus à la destruction du lien social et à la disparition des formes anciennes de sociabilité, d’organisation du travail et de la pensée. Leur diffusion massive et leur omniprésence posent les bases d’une véritable mutation anthropologique comparable à l’apparition de l’écriture. Si l’alphabétisation fut bien souvent la compagne de l’émancipation, les technologies contemporaines préparent et organisent un monde fondé sur la vitesse, l’immédiateté, la superficialité, le profit et la mort. Et le contrôle des individus.

Au sommaire de cet ouvrage : la tyrannie technologique, l’emprise des écrans, le cauchemar informatique, le téléphone portable et la biométrie.

Les auteurs, militants ou universitaires, et leur éditeur anarchiste, dresse un panorama percutant de l’emprise des nouvelles technologies sur notre vie quotidienne.

- Coordination des groupes anarchistes, « Ordre sécuritaire et inégalités sociales », éd. Esprit frappeur, 2005, 177 p., 4 euros.

Ce livre est issu d’une démarche militante collective, l’implication de ses auteurs dans les luttes sociales leur a permis de mener une réflexion critique sur le phénomène sécuritaire.

Comment les gestionnaires du pouvoir, quelle que soit leur couleur politique, ont peu à peu créé le cadre idéologique, administratif et judiciaire leur permettant de réaffirmer, à chaque échéance électorale leurs soi-disant préoccupations « sociales » tout en préparant et en légitimant les offensives du système capitaliste... Comment ils testent sur des populations « marginales », toujours plus isolées et précarisées, les outils policiers et judiciaires qui, demain, pourront être utilisés contre bien d’autres... À toutes ces questions, des militants anarchistes proposent des éléments d’analyse et de réponse.

- Duncan Campbell, « Surveillance électronique planétaire », éd. Allia, 2001, 169 p., 6 euros.

Echelon, le système surveillance électronique mis en place par les Américains, et qui fait appel aux technologiques les plus avancées, est un élément crucial du réseau mondial qui permet d’espionner toutes les communications, privées ou commerciales, à l’échelle planétaire. Sous couvert de « lutte contre le terrorisme », conversations, fax, e-mails, sont interceptés et analysés à des fins économiques et politiques ? Voilà ce que révèle, documents à l’appui, le rapport de Duncan Campbell rédigé pour le Parlement européen et dont la présentation a suscité l’ouverture une enquête internationale.

Duncan Campbell est journaliste d’investigation et producteur de télévision spécialisé dans les questions de protection des libertés civiles.

Ecrit par libertad, à 21:55 dans la rubrique "Actualité".



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