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L'En Dehors


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Humeur noire
--> HUMEUR par François Cailleau
Je viens d’apprendre que je ne suis jamais né. Personne n’a cherché à procréer dans le désir conscient de me créer. Je viens de nulle part, ou presque. J’aurais préféré naître dans les années deux mille. C’était sûrement une époque plus douce, plus naturelle. La plupart des gens faisaient l’amour pour assurer leur descendance. Leur enfant provenait alors du fruit de l’amour ou d’un désir, d’un sentiment réel. Cent ans plus tard, chacun a acquis le droit de « produire » son rejeton. Les couples hétérosexuels, une femme ou un homme seul, les homosexuels peuvent choisir les caractères, le sexe, la couleur des cheveux ou des yeux, la date de naissance et même la durée de vie du futur être humain qu’ils programment à la carte avec leur généticien.

Mon père vient de fermer les yeux pour longtemps. Mais avant de s’envoler pour le grand voyage, juste avant que ses paupières ne se ferment à jamais, il m’apprit l’insoupçonnable… Il était évident que seules des expériences pouvaient conduire à la réussite de ces techniques de « production » de nouveaux êtres. Malgré tout, dans les années deux mille dix, et malgré le principe dit alors de précaution ; les expériences menées en secret avaient été accélérées par les politiques qui comptaient bien éradiquer toutes les sortes de racaille qui menaçaient alors leur suprématie. En effet, si ils arrivaient à supprimer les gènes négatifs ou dangereux des compositions chromosomiques : alors le monde serait libre ! Libre de travailler, libre de se taire, libre de suivre à la lettre les indications d’une caste politico-économique qui détiendrait la vérité… Sa vérité.

Partant de ce principe, ces femmes et hommes politiques avaient injecté des millions d’euros dans la recherche, étant persuadés de devenir les maîtres du monde à court terme. A cette époque, ces personnes ont tout simplement oublié qu’il était possible et d’ailleurs jamais prouvé que le crime, le viol, les délits divers et variés, la fainéantise, la pensée et autres traits de caractère n’étaient pas ailleurs que dans les gènes mais bel et bien dans autre chose. Ces autres choses se composaient dès l’enfance, la base étant l’éducation. Cette éducation qui, selon, la condition sociale, pouvait être si différente. La condition sociale provenant, elle, directement de la prospérité du pays et de sa faculté à partager ses richesses, à proposer du travail, des logements, à privilégier l’accès à la santé pour tous… En y repensant cent ans plus tard, tout cela nous paraît si bizarre aujourd’hui.

Pour revenir à mon histoire, mon tout récent défunt père vient de m’apprendre que je provenais ni plus ni moins de ces expériences de clonage sélectif un peu louches. Ma mère morte à trente ans dans un accident de voiture était enceinte de deux mois en deux mille sept. L’ADN du fœtus qu’elle portait fut prélevé et neuf mois plus tard, je « naissais ». Je fus un des premiers essais du programme de recherche du tout nouveau Président de la République (la Vème à l’époque). Malheureusement pour lui, il n’avait pas dû bien saisir la complexité génétique et ne savait pas à ce moment que son premier avorton, en ma personne, allait entraîner l’anarchie et la décadence dans laquelle nous vivons aujourd’hui. L’éducation, le travail, le logement, la santé et tous ces anciens ministères qui tenaient le pays (à peu près) debout furent trop vite déboutés au profit de ce projet et d’autres ministères tels que l’armée, la justice, l’immigration.

Cet état policier ne dura même pas cinq ans, la durée légale du mandat que le leader de l’époque devait assurer (et assumer). L’anarchie s’est mise en place à cette époque et c’est la seule et véritable raison du KO dans lequel nous vivons depuis. Je suis un privilégié mais sur les deux milliards d’êtres humains qu’il reste sur la planète, quatre vingt dix pour cent mourront de faim d’ici à deux mille cent vingt. Les politiques économiques désavoués, les pays du dit tiers-monde devenus rebelles, les guerres à répétition ont tout brisé. J’aurais voulu vivre il y a cent ans, quand les gens faisaient l’amour pour faire des enfants et allaient le dimanche, derrière un petit rideau, choisir leur Maire, leur Député, leur Président. Ils ressortaient heureux et fiers d’avoir fait leur devoir de citoyen. Malheureusement, un jour, ils ont dû mal voter !

François Cailleau

Ecrit par , à 08:12 dans la rubrique "Le privé est politique".

Commentaires :

  le bateleur
03-07-07
à 09:02

Archives du département d'histoire de l'humanité

C'est une vieille histoire
...
depuis nous en sommes sortis (sourire)

voir Archives du département d’histoire de l’humanité


Le bateleur
Du Fagot des Nombreux
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  Oliv Bonobo
03-07-07
à 10:32

Encore un texte qui lie anarchie et chao ? Sarkozy va tout faire péter et nous mener vers la fin du monde / l'anarchie. Bof.
Répondre à ce commentaire

  tetatutelle
03-07-07
à 14:30

 "J’aurais préféré naître dans les années deux mille. C’était sûrement une époque plus douce, plus naturelle. La plupart des gens faisaient l’amour pour assurer leur descendance. Leur enfant provenait alors du fruit de l’amour ou d’un désir, d’un sentiment réel. Cent ans plus tard, chacun a acquis le droit de « produire » son rejeton."

Et bien voilà encore la meilleure ! Du machisme anarchiste maintenant ! Qui eut cru que ça existait ? Je n'en crois pas mes yeux : du "vaticanisme" personnifié ! Deux seules alternatives dans cette affaire : soit on impose le pensionnat libertaire, c'est à dire l'éducation de l'enfant assurée intégralement hors de la famille, auquel cas on remet en cause la liberté de l'enfant dont le choix affectif peut très bien se porter sur la famille ; soit on impose d'en rester au système actuel et je ne vois pas comment dans ses conditions, sauf se résigner à laisser ses gosses livrés à eux-mêmes avec l'issue incontournable que ça implique, la femme mère de famille pourrait avoir d'autre choix que de "rester à la baraque" contre sa volonté. Le seul restant libre dans l'affaire : le mec pour ne pas changer ! Le partage des tâches, me répliquera-t'on ? Réalisable en tous domaines, loin de moi d'en douter mais en matière éducative....là encore l'écoute nécessaire de l'enfant oblige à mettre de l'eau dans le vin : reconnu que la tendance affective penche "un peu plus" du côté de la mère. Un enfant n'est ni un balai, ni un chiffon, ni des courses, ni de la mécanique mais un être humain qui se laisse prendre par qui il veut quand il veut. Quant aux homosexuels, je ne savais pas qu'lls avaient le pouvoir de procréer ensemble, tu me l'apprends ! Que font-ils là au milieu ? S'ils l'ont fait artificiellement, ce n'est pas une procréation homosexuelle puisque l'enfant n'est pas biologiquement celui des deux personnes.

Ma réponse est sans appel : non-liberté de procréation, femme en prison

têtatutelle

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  mais c'est toi
03-07-07
à 19:49

Re:

Avant de fantasmer sur une éventuelle meilleur-des-modisation de cette société pourries , mieux ne vaut il pas constater dans quelle mouise nous sommes déjà? Je suis dans la merde (juste un peu), tu es dans la merde (à peine), il est dans la merde (oh ben oui), nous sommes dans la merde (oui , ils ont augmenté le prix du gaz!!!), vous êtes dans la merde ( oui mais justes les doigts , on aime ça), ILS SONT DANS LA MERDE!!! (et oui que voulez vous...???).
Bon sang , mais c'est bien sûr , les lecteurs de l'en dehors ne sont pas vraiment dans la merde , il font  semblant... Tout juste se sentent ils solidaitres du pauvre clandestino, futur noyé , qui s'entasse à l'heure même ou j'écris dans un cerceuil flottant.  Mais le lecteur se donne bonne conscience surtout en écrivant son commentaire , car au plus profond de son coeur , il en a rien à battre.
Répondre à ce commentaire

  Thomas Slut
04-07-07
à 20:33

Re:

Je suis d'accord avec le fond de ce texte, car nos libertés sont effectivement en train de se réduire. Du fichage de nos paiements par carte bleue (liberalisme outrancier), des caméras dans les rues et l'ensemble des espaces public, du gps et bien d'autres choses encore réduisent nos libertés, car nous finiront par etre coupable d'exister... Enfin, c'est la où le contexte politique actuel nous amène, à l'ettouffement de nos personnalités pour la bienséance d'une société normatrice ou l'on peut etre ce que l'on veut qu'à condition de bien entrer dans le moule...

Or, je me pose une question, si "on gueule" tous dans des sens différents, ne risquons nous pas de nous "foutre sur la gueule"  pour rien plutot que d'essayer d'avancer ensemble pour éviter contre un pareil chao ?
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