L'En Dehors

Membre fidèle du CIRA depuis de nombreuses années, notre ami José Salamé Miro est décédé à l’hôpital de Perpignan lundi 18 juin 2007. Ceux et celles qui l’ont rencontré se souviendront de son accueil chaleureux, de sa gentillesse et de son sourire malicieux.

José est né en 1920 à Vinebre près d’Ascó au bord de l’Ebre dans la province de Tarragone (Catalogne).
En 1936, il participe aux combats révolutionnaires dans les rues de Barcelone. Il est témoin de la mort de Francisco Ascaso. Il intègre ensuite la Colonne Durruti en mentant sur son âge et part sur le front de Saragosse. En 1938, à Barcelone, il doit intégrer un bataillon militaire et participe à la bataille de l’Ebre. En 1939, devant l’avancée franquiste, il passe la frontière française à Cerbère. Blessé au bras, il est soigné sur un bateau hôpital à Port-Vendres. Comme tant d’autres, il découvre « l’hospitalité » française au camp d’Argelès et à celui d’Agde. Il se retrouve après dans une compagnie de travailleurs à Bordeaux puis doit travailler pour l’organisation Todt dans la base de sous-marins de Lorient dans laquelle il échappe aux bombardements.
Il suit ensuite une formation d’électricien à Paris. Après avoir défendu des ouvriers arabes, il se retrouve au placard (dans une armoire électrique !). Les Cégétistes font courir le bruit qu’il est un agent de Franco.
À cette époque, il rencontre sa compagne Renée et part avec elle s’installer dans le sud de la France. Il devient « père aubergiste » dans des auberges de jeunesse de la FUAJ (Fédération unie des auberges de jeunesse). C’est dans ce cadre qu’il remet en état un fort sur l’île Sainte-Marguerite (au large de Cannes). L’auberge est fréquentée par des jeunes de toute l’Europe. Des rencontres avec des anarchistes ou des socialistes y sont organisées. Sur ses photos, on pouvait voir Georges Fontenis ou Suzy Chevet. Il possédait encore un exemplaire de Paroles de Prévert (1947) qui faisait partie de la bibliothèque de l’auberge et qui était usé jusqu’à la corde tant il avait été lu.
Il est notamment père aubergiste à Nice. Il y fréquente les milieux anarchistes. Il s’oppose au négationniste Paul Rassinier, alors anarchiste, à propos de la célébration du 1er Mai.
À l’indépendance de l ‘Algérie (1962), il participe à un chantier du SCI (Service civil international) à El Khemis, au sud de Tlemcen. Il participe à des opérations de déminage en lançant des pierres sur les mines. Il entre en conflit avec les villageois qui préfèrent construire une mosquée plutôt qu’un barrage et se fait engueuler lorsqu’il récupère des pierres tombales pour les réutiliser. Il rencontre les derniers ajistes encore présents en Algérie à Oran et Alger.
Militant actif à l’ORA (Organisation révolutionnaire anarchiste) dans le groupe Makhno de Nice dans les années 70, il rentre en conflit avec la CNT espagnole (Confédération nationale du travail) qui présente cette organisation comme un groupe armé. Son père évite alors de venir lui rendre visite. À l’âge de la retraite, il s’installe à Amélie-les-Bains-Palalda (Catalogne Nord). Il continue d’y fréquenter les anarchistes des deux côtés de la frontière. En 2006 notamment, il était encore au col du Perthus pour célébrer le 65e anniversaire de la Retirada.
Ses obsèques auront lieu au Funérarium de Canet du Roussillon vendredi 22 juin 2007 à 9H20, l’incinération suivra à 10H.

Informations transmises par le CIRA de Marseille