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Abolitionnisme = sexisme !
L’abolitionnisme est une idéologie violente qui se bat contre des femmes. Nous avons voulu démontrer en trois temps comment fonctionne cette violence. En premier lieu, l’abolitionnisme est une idéologie essentialiste qui définit une identité unique de pute, anhistorique, presque naturelle, et avant tout féminine. En second lieu, l’abolitionnisme est une forme de paternalisme qui décrète des femmes incapables d’exprimer leur consentement, les infantilise, confisque toute parole et légitimité. Enfin, l’abolitionnisme entretient le stigmate de putain, qui sert de police du genre contre les femmes et nourrit leur division et ségrégation.

  
  L’abolitionnisme est une idéologie sexiste car il repose sur des présupposés essentialistes.
  
  La prostitution est considérée comme une violence en soi et les prostituées des victimes par essence depuis toujours quelque soit la période ou le pays où elles se trouvent. Tout acte de violence contre une prostituée serait ainsi le fait de la prostitution en tant que telle et non des conditions de son exercice ou du
stigmate de putain. Or, supposer un service sexuel payant comme une violence en soi empêche de rendre visible et d’analyser les « vraies » violences qui existent dans la prostitution, pire cela les relativise. Elles ne peuvent en effet d’après les personnes abolitionnistes être évitées qu’en arrêtant la prostitution. Les putes ne pourraient échapper à leur destin de malheur et de souffrance.
L’abolitionnisme donnant pour tout explication de ce malheur que nous n’aurions pas la possibilité de nous « en sortir », que la prostitution ne pourrait en aucun cas être un choix, car bien entendu aucune femme sensée n’accepterait ce malheur et ce déshonneur. Les  prostituées qui refusent d’arrêter la prostitution et osent l’exprimer publiquement en contradiction totale avec ce qu’elles sont censées être, sont donc considérées par les personnes abolitionnistes comme des complices du système prostitutionnel qui les exploite et comme responsables des violences qu’elles subissent, peut être même les méritent elles. L’idéologie abolitionniste ne se contente pas d’essentialiser les violences mais défend aussi un essentialisme sexiste car il prétend toujours sauver avant tout des femmes et des enfants, jamais ou presque les hommes et trans’ travailleuSEs du sexe. Ceux-ci forment pourtant environ un tiers des travailleuSEs du sexe dans les pays du nord. Mais ils et elles posent problème, donc autant ne jamais en parler et minimiser leur nombre. Ils ne correspondent pas à l’image de la victime de sexisme. Comment parler en effet de violence contre les
femmes quand il s’agit de prostitution homosexuelle entre deux hommes ? Même les trans’ se
voient souvent reprochéEs de ne pas être légitimes car nées hommes, d’avoir acquis et de reproduire des schèmas de dominants. Elles sont purement et simplement renvoyées du côté des hommes et accusées de défendre une violence sexiste au profit des dominants, qu’elles seraient toujours un peu. Autre stéréotype sexiste, les femmes sont toujours rangées du côté des prostituées, l’abolitionnisme nie qu’elles puissent être clientes. C’est un renforcement des rôles sociaux de sexes : à la femme la prostitution, à l’homme l’argent.
  
  L’abolitionnisme est une idéologie sexiste car il repose sur des mécanismes paternalistes.
  
  La défense d’un statut de victime pour les femmes les réduit à des êtres qu’il faut protéger. Pour la black féministe Bell Hooks, l’idéologie sexiste apprend aux femmes qu’être femme c’est être victime. Or, certaines féministes ont repris ce point de vue, faisant de la victimisation partagée la base de leurs liens, et
participant ainsi au déni des capacités des femmes. (Hooks, 2000 : 40)
L’abolitionnisme nie la libre disposition de notre corps, notre autodétermination, notre capacité de consentement comme pour les mineurs de moins de 15 ans. Il infantilise les femmes prostituées. Cela renforce encore l’idée que les putes sont des « pauvres filles » stupides et incapables, sans conscience de leur aliénation, et incite certains hommes à penser qu’ils peuvent nous agresser plus facilement que les autres femmes considérées « respectables » parce qu’elles se conforment au contrôle du corps qui pèse sur elles.Ne comprenant pas et niant notre choix, les personnes abolitionnistes  pensent le viol comme le conditionnement d’un devenir pute. C’est un moyen de casser la légitimité de toute prostituée militante victime de viol, mais aussi de toutes les travailleuses du sexe dont on soupçonnera en permanence une cause de violence dans l’enfance afin d’expliquer leur déchéance et ne jamais les écouter.
C’est également nier à toutes les victimes de viol leur capacité de choix. Les mouvements abolitionnistes censurent et confisquent la parole des premières concernées. Ils rejettent tous les mouvements de putes actuels depuis qu’ils ont échoué à instrumentaliser le premier, celui de 1975. Nos mouvements sont pourtant de plus en plus nombreux et importants dans le monde entier. Ils tentent alors d’effacer et de falsifier notre histoire en faisant croire que toute prise de parole publique est forcément le fait d’une manipulation de proxénètes, accusation facile quand en réalité ce sont les premiers à tenter de nous manipuler, on le voit avec les « survivantes », ces ex-prostituées qui se disent contre la prostitution. Les mouvements abolitionnistes se battent contre toute auto organisation des putes, y compris de ces «survivantes », dont ils ne rapportent le plus souvent que des témoignages anonymes et qui ne forment jamais par elles-mêmes des groupes militants autonomes sur le modèle des mouvements de travailleuses du sexe. Il faudrait toujours passer par leur aide pour « s’en sortir ». En militant contre toute forme de
reconnaissance de notre travail, ils nous empêchent ainsi d’accéder à nos droits comme pour les autres travailleurs. Certaines d’entre nous se voient donc refuser de l’aide dans leurs associations pour obtenir certains services sociaux qui sont conditionnés au fait de paraître victimes et de les apitoyer. La boucle est bouclée et ils peuvent donc continuer de dire que nous ne sommes que des victimes alors qu’ils sont les premiers à nous enfoncer et nous refuser nos droits. Ils y ont certes intérêt car toutes  leurs subventions et leur business reposent sur notre prétendu malheur.
  
  L’abolitionnisme est une idéologie sexiste car il entretient le stigmate de putain à l’encontre de toutes les femmes.
  
  Comme l’explique Gail Pheterson, le stigmate de putain sert de contrôle sexistecontre les libertés des femmes, que ce soit dans leur vie sexuelle mais également économique, politique, migratoire, etc. L’insulte de pute agit comme une police du genre. Autrement dit, la peur d’être désignée comme pute limite toute volonté ou prise de liberté des femmes. Or, l’abolitionnisme ne combat pas le stigmate de putain mais pousse les femmes à s’en démarquer, le renforçant, et excluant ainsi celles qui l’incarnent. L’abolitionnisme participe à la ségrégation des femmes entre celles qui se démarquent de l’injure et les putes. Il reprend ainsi la distinction entre la figure de la mère et la figure de la putain qui, étaient à l’époque distinguées par le droit, une femme ne pouvant être que l’une ou l’autre.
C’est souvent une forme de sexisme intériorisée de la part des bourgeoises qui rejettent les femmes du peuple comme donnant une mauvaise image d’elles mêmes et de toutes les femmes  en général. Car pour certaines personnes abolitionnistes, les putes entretiendraient l’idée que les hommes peuvent s’approprier le corps des femmes.
Les putes créeraient d’après elles une pression sexuelle sur l’ensemble de la classe des femmes. Cette idée est entretenue dans les amalgames entre prostitution et viol légal ou prostitution et esclavage. Les prostituées sont donc vues comme des femmes qui consentent à vendre leur corps, à le donner, à se faire violer pour de l’argent. Comment en outre, ne pas voir dans cette expression de vente du corps la même idée que celle de vendre son âme que nous reprochait déjà au Moyen Age l’Inquisition catholique ? Nous pensons au contraire, que c’est en parlant de vente de corps, que se renforce l’idée d’appropriation des putes et des femmes comme objets, tandis que les travailleuses du sexe tentent d’imposer les termes de vente de services sexuels dans le cadre d’un échange économique entre deux sujets. C’est par la
professionnalisation des services sexuels que les femmes peuvent mettre fin à un travail gratuit et obligatoire ou bien en exiger une contre partie que ce soit par l’échange de plaisir ou pourquoi pas rémunération. Comment parler d’appropriation de nos corps quand nous sommes au contraire celles qui imposons nos limites et rendons visible le contrat sexuel ? De plus, l’argument selon lequel les prostituées le seraient devenues suite à des viols subis dans l’enfance, relativise le nombre des viols dans la population générale alors qu’ils sont tout autant nombreux parmi les jeunes filles qui ne deviendront jamais prostituées. Dans le
cadre des rapports sexuels eux-mêmes, supposer un service sexuel payant comme une violence en soi omet de questionner les violences et la domination masculine dans les autres services sexuels rendus eux gratuitement. Ces manques d’analyse empêchent de rendre visibles les pratiques de négociation dans les contrats sexuels payants ou sado- masochistes et qui pourraient servir de modèle dans les rapports sexuels gratuits.
Les personnes abolitionnistes privent donc les femmes hétérosexuelles des savoirs que pourraient leur transmettre les putes dans leurs relations avec les hommes. Les femmes minoritaires sont pourtant une richesse pour les mouvements des femmes. Les lesbiennes avaient elles-mêmes révolutionné le féminisme dans les années 1970 en cassant le mythe de la complémentarité des sexes, et démontrant la possibilité de
refuser le contrat hétérosexuel. Il ne remet d’ailleurs pas en cause les normes hétéro- sexistes dans la sexualité des femmes. Les femmes déclarent par exemple à 66% lier l’acte sexuel au sentiment amoureux quand seuls 33% des hommes le font.
Enfin, l’abolitionnisme impose le dogme de la désirabilité dans l’accès à la sexualité ce qui se retourne le plus souvent contre les femmes elles-mêmes, devant vivre encore majoritairement leur sexualité dans les cadres du couple, de la fidélité et de « l’amour ». L’accès à l’espace public et nocturne n’est jamais défendu comme une possibilité pour les femmes, les seules femmes en ayant le droit, au sens social, étant les putes.
  
  
  L’idéologie abolitionniste est dangereuse. Alors qu’il s’agissait à la base de lutter contre la réglementation de la prostitution, elle est devenue aujourd’hui une lutte contre la prostitution en tant que telle et donc contre celles qui l’exercent. Nous trouvons dommage que cette idéologie chrétienne soit également portée par des mouvements féministes. C’est pour nous quelque chose d’incompréhensible. Nous ne comprenons pas que celles qui devraient être nos meilleures alliées soient en effet celles qui luttent le plus contre nous. Il est temps que les mouvements féministes arrêtent de lutter contre des femmes.
  
  Contacts :
  
  Maîtresse Nikita       06 60 08 34 67
  Zezetta Star              06 16 95 31 23
  
  www.lesputes.org
Ecrit par libertad, à 14:28 dans la rubrique "Le privé est politique".



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