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De la gestion anarcho-syndicale des autobus en Catalogne en 1936
--> Spanish Cockpit, journal révolutionnaire
Ce texte est issu de "Spanish Cockpit: rapport sur les conflits sociaux et politiques en Espagne (1936-1937)" de Franz Borkenau aux éditions Ivrea.

8 août

J’ai visité ce matin une entreprise collectivisée, les ateliers de la Compagnie générale des autobus. Le succès ou l’échec de la révolution dépendra dans une large mesure de l’aptitude des syndicats à gérer les usines expropriées. En Russie, la socialisation a signifié d’abord, et pour une assez longue période de temps, la dislocation de la machine industrielle. Qu’en est-il dans le cas de l’Espagne ?
Indéniablement, l’usine que j’ai vue est un point fort à mettre à l’actif de la C.N.T. Trois semaines après le début de la guerre civile, quinze jours seulement après la fin de la grève générale, tout fonctionne parfaitement, comme si rien ne s’était passé. J’ai vu les hommes au travail. Les locaux sont propres, les activités se déroulent normalement. Depuis la socialisation, deux autobus ont été réparés, un véhicule en construction a été achevé et un autre assemblé de A à Z. Ce dernier porte la mention « construit sous le contrôle des travailleurs ». on me dit qu’il a été terminé en cinq jours, contre une moyenne de sept sous la précédente direction. Succès complet, donc.
C’est une grande usine : impossible de tricher pour donner le change à un œil innocent. Je ne pense pas non plus qu’on se soit mis spécialement en frais à l’occasion de ma venue. Mais il serait cependant abusif de tirer des conclusions générales à partir de cette simple expérience. De nombreux facteurs concourent à faire de cette entreprise un exemple privilégié. A commencer par le fait que la Catalogne n’est pas l’Espagne. Le peuple catalan a toujours eu un sens des affaires aiguisé et le comité de direction (formé entièrement d’anciens travailleurs de l’usine) m’a entretenu des questions financières avec une passion toute naturelle chez des Catalans mais qui rendrait un son étrange dans la bouche de véritables Castillans. Tout d’abord, ces Catalans ont inauguré leur gestion en procédant à une réduction sensible des dépenses, chose dont ils sont apparemment le plus fiers. Ensuite, l’entreprise est dirigée par des techniciens de la mécanique, qui représentent dans le monde entier la partie la plus intellectuellement avancée de la classe ouvrière. Que peut donner ce système appliqué à l’industrie textile catalane ? ( N.d.A. A mon retour à Londres, j’ai entendu des propos sévères sur la désorganisation de l’industrie textile et la destruction des machines dans ce secteur. Là encore il faut sans doute se garder des conclusions hâtives). Enfin , la C.N.T. a veillé à me présenter une entreprise fonctionnant entièrement sous contrôle anarchiste, c’est-à-dire sans rivalité C.N.T.-U.G.T. La nouvelle direction a été élue au moment de la reprise du travail par les travailleurs eux-mêmes ; mais en fait il semble s’agir de l’ancien comité d’entreprise de la C.N.T., qui avait su asseoir son influence bien avant la guerre civile. Il ne doit pas être très difficile à une telle direction de se faire obéir. Techniquement parlant, la tâche n’a rien de spécialement ardu. Barcelone n’a pas un besoin pressant de nouveaux autobus et l’essentiel du travail consiste à entretenir le matériel existant. Les mécaniciens, qu’ils se réclament de la C.N.T. ou de l’Esquerra, sont tous disposés à coopérer : on évite ainsi l’obstacle, qui s’est révélé si catastrophique en Russie, de l’obstruction systématique du personnel technique hautement qualifié. S’occupant principalement de réparations, l’entreprise a des besoins en matières premières réduits, ce qui lui permet d’échapper à la plus grande source de difficultés que doit affronter l’industrie catalane à l’heure actuelle. On parle beaucoup dans la ville de cette question des matières premières. En fin de compte, la compagnie des autobus se trouve dans une situation économique privilégiée : elle tire l’essentiel de ses rentrées financières de la vente des billets à bord des véhicules, qui continuent à être perçus comme en temps de paix. Elle n’a pas de problèmes de débouchés à trouver pour ses produits.
Il serait prématuré de généraliser à partir d’un cas particulier correspondant à une situation plutôt favorable, mais un fait demeure : la réussite d’un groupe d’ouvriers qui, ayant repris en main une entreprise industrielle, a su en l’espace de quelques jours la faire tourner avec autant d’efficacité que par le passé. Une réussite à mettre toute entière à l’actif du niveau d’efficience du travailleur catalan et des capacités organisationnelles des syndicats de Barcelone. Car, il ne faut pas l’oublier, nous avons affaire à une firme qui a perdu la totalité de son personnel de direction. J’ai pu consulter le registre des salaires et paies et je me suis aperçu que le président, les directeurs, l’ingénieur principal et l’ingénieur en second étaient tous portés « disparus » (euphémisme pour dire qu’ils ont été tués). Comme me l’ont expliqué très sereinement les membres du comité, cela s’est traduit par des économies pour l’entreprise- cela joint à la suppression des rentes versées aux amis personnels de l ‘ancienne équipe de direction et au plafonnement des salaires à mille pesetas par mois (les travailleurs n’ont pas été augmentés depuis que la socialisation est intervenue). Chez le peuple catalan, l’impitoyable cruauté inhérente à la guerre civile va de pair avec un sens des affaires qui ne se dément jamais.
Dans l’après-midi, j’ai servi d’interprète à mon ami britannique qui rencontrait un dirigeant du P.S.U.C. Au P.S.U.C., on est parfaitement au courant des projets anarchistes quant à ce qui se passera après la chute de Saragosse et ce n’est pas une mince source de tracas pour les dirigeants du mouvement. Visiblement, on ne s’aime guère d’un côté comme de l’autre, et cette inimitié ne date pas des événement récents. Le souci majeur du P.S.U.C. semble être de briser la prépondérance des anarchistes au sein du mouvement syndical de Barcelone. Mais l’affaire ne se présente pas sous des auspices très favorables. Il y a quelques jours de cela, les trois dirigeants de la minorité U.G.T. parmi les travailleurs du port ont été assassinés par des anarchistes. La C.N.T. a décliné toute responsabilité dans l’affaire et condamné officiellement cet acte, mais rien n’autorise à penser que de tels faits ne se reproduiront pas à l’avenir.
La violence anarchiste n’épargne personne. Le P.O.U.M. en sait quelque chose. Hier, un groupe de miliciens poumistes, en armes, s’apprêtaient à tenir une de ses réunions habituelles quand une colonne de camions anarchistes est venue prendre position devant l’immeuble ; les poumistes ont dû rendre leurs armes sous la menace des mitrailleuses tandis que les anarchistes déclaraient ouvertement qu’ils ne voyaient aucune raison de laisser le P.O.U.M. s’armer pour battre en brèche la domination de la C.N.T. Le P.O.U.M. a élevé une protestation officielle auprès du Comité central des milices, mais il n’y a rien eu à faire pour revenir sur le fait accompli.

Ecrit par Rakshasa, à 21:35 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Vladimiryapadchef
15-04-07
à 23:40

La violence anarchiste n’épargne personne. Le P.O.U.M. en sait quelque chose. Hier, un groupe de miliciens poumistes, en armes, s’apprêtaient à tenir une de ses réunions habituelles quand une colonne de camions anarchistes est venue prendre position devant l’immeuble ; les poumistes ont dû rendre leurs armes sous la menace des mitrailleuses tandis que les anarchistes déclaraient ouvertement qu’ils ne voyaient aucune raison de laisser le P.O.U.M. s’armer pour battre en brèche la domination de la C.N.T. Le P.O.U.M. a élevé une protestation officielle auprès du Comité central des milices, mais il n’y a rien eu à faire pour revenir sur le fait accompli.


Hé ben c'est du beau...
Un autre lien pour alimenter l'article mis en ligne par rakshasa.

P.S pour Libertad. Quelle est la politique du site sur les extraits plus ou moins long de livres ? A savoir que dans les bibliothèques, les étudiants ont souvent recours à la photocopie de plusieurs pages de livres ( c'est 10% me semble t-il, mais je pourrai en avoir rapidement la confirmation ) pour alimenter leurs thèses, doctorats, et tutti quanti... Doit-on nécessairement retrouver l'article sur internet pour qu'il puisse figurer ici ?

Sinon, je m'interroge. Jusqu'à quel point des récits journaliers s'étalant sur 1 mois et demi environ sont-il susceptibles de suciter de reels débats ? Que peut-on en comprendre ??
Répondre à ce commentaire

  libertad
15-04-07
à 23:47

Re:

Pour les extraits de livre, il y le problème du copyright, sauf si c'est une édition anarchiste dans ce cas c'est copyleft en général.
D'autre part les extraits ne doivent pas être trop longs non plus car ça finit par prendre de la place sur le serveur et notre espace est limité, par ailleurs la lecture de longs trucs sur le net est fastidieuse.
Répondre à ce commentaire

  Vladimiryapadchef
16-04-07
à 00:49

Re: Re:

Oki merci pour la précision. J'vais voir si j'peux obtenir l'autorisation ( c'est anar, mais pas sous copyleft à ma connaissance ). Ce qu'on trouve de lui apparement sur internet porte plus sur les crimes staliniens que sur les réalisations anarcho-syndicales espagnoles. Ce serait donc pas mal d'en faire un petit combiné. ( hap, j'vais quand même aller voir ce qu'il y sur la bibliothèque libertaire qui vient de rouvrir... ).
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
16-04-07
à 01:54

Tricoter une autre couverture ?

La première partie sur les conditions de l'autogestion de cette structure me semblait intéressante, parce qu'elle soulevait la question des matières premières, de l'organisation et de la rémunération. Sur ce dernier point par exemple, en Argentine, aujourd'hui, dans certaines entreprises récupérées, les travailleurs ont plus que quintuplé leurs revenus. La question de l'amélioration quantitative des moyens de subsistance des individus était-elle moindre ou inexistante en Espagne, alors que le pays avait été touché durant des décennies par la disette et la privation ?
La deuxième partie sur le caractère sanglant de l'époque, et bien, j'aurais pu ne pas la mettre, n'ayant finalement que peu de rapport avec l'autogestion, mais je n'ai pu m'y résoudre. Parce qu'il me semble important d'être critique quant à l'histoire du mouvement anarchiste pour ne pas répéter celle-ci en l'idéalisant ou pour ne pas l'idéaliser tout court. Camarades, soyez rassuréEs les autres en avaient autant pour leur compte de crimes politiques si ce n'est plus! (voilà, ça va mieux ?) Mais vous en conviendrez peut-être, ces méthodes aujourd'hui ont un arrière goût de cadavre qui me permet de douter des chantres du militantisme musclé de tout bord.
Cela pour dire qu'il me semble nécessaire d'envisager la lutte qui fait rage entre nous et les capitalistes (bon d'accord il y a très peu de ces derniers qui savent que l'on existe...), avec d'autres stratégies, peut-être moins frontales. Se placer dans le jeu politique actuel, comme le font les orgas militantes, n'est-il pas ce placer dans un "jeu" de belliqueux ? Le syndicalisme ne pourrait-il pas plutôt organiser et faciliter la sortie du système économique et politique , que de tenter de tirer la couverture, même si le voeu est fait de l'autogérer un jour ? Car encore faut-il avoir la force de l'arracher des mains des capitalistes !

Répondre à ce commentaire

  Vladimiryapadchef
16-04-07
à 04:10

Re: Tricoter une autre couverture ?

Oki Rakshasa, merci pour tes précisions.

Pour le livre auquel je pensais, on le trouve déjà sur internet en fait. Donc, deux liens supplémentaires pour alimenter les bases de cet échange.

Le premier, toujours sur les transports gérés par la CNT espagnole. Le second plus précis sur le tramway, à l'époque le moyen de transport le plus important de Barcelone. En bas de ces liens, la possibilité est donnée de revenir au sommaire et aux autres chapitres.
Je rappelle également que le premier lien que j'ai mis dans mon premier message donne la possibilité de lire la totalité du carnet de voyage cité par Rakshasa.


La deuxième partie sur le caractère sanglant de l'époque, et bien, j'aurais pu ne pas la mettre, n'ayant finalement que peu de rapport avec l'autogestion, mais je n'ai pu m'y résoudre. Parce qu'il me semble important d'être critique quant à l'histoire du mouvement anarchiste pour ne pas répéter celle-ci en l'idéalisant ou pour ne pas l'idéaliser tout court. Camarades, soyez rassuréEs les autres en avaient autant pour leur compte de crimes politiques si ce n'est plus! (voilà, ça va mieux ?)

Lol... nan, mais ne t'inquiète pas Rakshasa, j'ai rien dit à propos de ce passage dans mon commentaire. On entend si souvent cette autre vérité que les anarchistes et le POUM se sont fait désarmés par les brigades aux ordres de Staline que j'étais un peu déçu d'apprendre que ç'avait commencé un peu avant entre anarchistes et poumistes. Bien que ça ne me semble pas du tout de l'ordre du ragot, j'essaierai de vérifier l'info. Mais tu as raison sur le fond, il est important d'être critique, et de ne pas idéaliser. Quoique ce soit. Personnellement, même du temps où je militais, je me suis souvent demandé comment on pouvait prétendre imposer l'anarchisme par la force, comment cela pourrait éviter à n'importe qui de faire n'importe quoi, le tout, au nom de la lutte, au nom de l'anarchisme. Et, en même temps, tu n'as pas tort de rappeler qu'autogérer un jour réclame la force de l'arracher aux capitalistes.

En 36, les capitalistes ont jeté franco et ses armées pour briser les volontés de changements radicaux et profonds. Dans ces conditions, l'usage ou non de la violence ne peut plus se poser. Tu demandes si aujourd'hui "le syndicalisme ne pourrait pas plutôt organiser et faciliter la sortie du système économique et politique" ?
Pour les grands syndicats d'aujourd'hui, je n'crois pas qu'ils aient envie de le faire. Et pour ma part, je ne suis pas anarcho-syndicaliste. Donc j'éviterai de détailler ma réponse dans ce fil, puisqu'on comprendra bien qu'elle est négative. D'autres, comme Murray Bookchin l'ont fait bien mieux que moi. Et je renvoie à son livre "Une société à refaire" pour de plus amples explications.

Quant aux autres stratégies, il y a sans doute un rapport à envisager avec l'autre fil de Patrick Mignard sur l'abstention. J'ai pas réussi à faire progresser le fil d'un iota, donc je n'y reviendrai pas cette fois. Et puis les couvertures ne se tricotent plus, allons, allons...
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  Rakshasa
16-04-07
à 12:19

Re: Re: Tricoter une autre couverture ?

Les couvertures ne se tricotent plus ? Bien sûr que si, pour les bébés ! N'avons-nous pas d'un nouveau monde à accoucher ?
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  Vladimiryapadchef
16-04-07
à 20:01

Re: Re: Re: Tricoter une autre couverture ?

hé hé, fort bien vu Rakshasa... Comment ai-je pu faire exprès d'oublier en plus le cadeau d'une de mes vieilles voisines pour ma fille, lol...
Pour ce qui est d'accoucher d'un nouveau monde, les progrès de la mèdecine ont fait de gros progrès dans l'otique d'accouchements sans douleurs ( ce qui est encore vite dit je trouve... ). Mais j'ai souvent entendu la comparaison révolution violente/accouchement dans la douleur. Les progrès de la mèdecine semblent donc se rapprocher d'un certain point de vue. N'est-ce pas qu'un choix au final ?
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