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SDF superstars ou les Enfants de Séguéla

Note liminaire : article rédigé il y a une semaine et autocensuré je me demande finalement bien pourquoi.

On se souviendra de Jacques Séguéla comme du plus médiatisé des publicitaires des années 70 et 80 du siècle passé. Toujours bronzé, toujours souriant, infiniment satisfait de soi-même, le bougre avait parfaitement bien compris que pour vendre beaucoup, il fallait commencer par se vendre bien, c’est-à-dire se montrer le plus possible et sous son meilleur jour à la télévision, se faire entendre à la radio, pontifier dans une presse toujours avide des conseils de « spécialistes » dont le seul succès vaut compétence.

Séguéla, promoteur de la « force tranquille » et de cette « génération Mitterrand » dont les bébés ne vénèrent pas tous aujourd’hui leur géniteur symbolique, se vantait un peu partout d’avoir fait élire personnellement François 1er à la présidence en 1981 sans que personne ne le contredise vraiment et encore moins frontalement, car on manque d’arguments face à un homme qui roule à gauche parce que c’est son boulot et qui vote à droite parce qu’il a dans l’idée que c’est ce qui protégera le mieux ce même boulot.

Là est la grande force des gens qui osent tout, qui sont souvent moins cons que ne le prétendait Audiard, mais plus avides : il n’y a que deux réponses à leur culot sans frein, ou la soumission ou la colère. La plupart du temps, redoutant que leur emportement ne leur donne le mauvais rôle en transformant le fanfaron en victime, pose dans laquelle il excelle dès qu’on le démasque, les individus civilisés choisissent de se soumettre.

Séguéla, quoique toujours puissant manitou au sein de l’empyrée où l’on surfe sur l’opinion avant de la rentabiliser, est aujourd’hui l’âge venu un peu sur la touche, mais sa descendance se porte bien.
Ainsi l’association Les enfants de Don Quichotte (rien que le nom dénote la récupération tapiesque ou séguélienne) a-t-elle optimisé des effets spectaculaires qu’elle n’a pas inventé –d’ailleurs Médecins du monde rappelle à qui veut l’entendre que l’idée est sienne- afin que le pouvoir d’Etat, contraint par des médias toujours complaisants avec ce qui met de l’ambiance dans le poste, n’ait plus que le choix de se soumettre au moins dans la forme, d’autant qu’il paraîtrait que les Français, quand ils ne glissent pas aux sports d’hiver ou ne courent pas les soldes, seraient saisonnièrement sensibles au sort des sans-abris.

Là où l’éthique échoue, où l’équité s’enlise, où le discours de la raison ne rencontre que celui du pognon, la pub réussit.
Une poignée de guitounes, on l’espère offertes par Décathlon vu le bénéfice que la marque en retire (1), quelques nantis que, magnanime, on suppose plus préoccupés de rédemption que de promotion personnelle semés devant les caméras en quelques lieux stratégiques suffit à pousser le gouvernement à légiférer dans l’urgence, élections prochaines obligent, afin de prouver, quoique un peu tard, qu’il n’a pas qu’un portefeuille, mais aussi du cœur.

Evidemment –sans même évoquer un décret d’application qui, dans ce genre d’affaire, allez savoir pourquoi, n’est jamais assuré d’être signé- la loi à venir ne prendra au mieux effet qu’à partir de fin 2008 pour les cas les plus dramatiques (ceux qui n’ont véritablement aucun toit) et pas avant 2012 pour tous les autres, c’est-à-dire aux calendes grecques en matière de politique, d’autant que d’ici là l’exécutif (2) aura changé et plutôt que de recueillir le bébé pourrait bien le noyer.
Enfin, les étrangers, qui représentent entre 50 et 75% des SDF, pourront comme d’habitude aller se faire voir ailleurs, en admettant qu’ils prennent le risque de se faire repérer par l’administration (3).

Qu’à cela ne tienne ! à l’effet d’image répond l’effet d’annonce, et tout le monde semble content, les médias dominants en tout cas, qui distribuent des bons points à chacun, à commencer par eux-mêmes, tellement ravis qu’ils sont d’avoir à l’occasion de la nouvelle année commis une bonne action chrétienne et surtout rentable.
Comme on n’a pas tous les ans un raz-de-marée dévastateur (4) à proposer à la compassion des masses, on fait avec le tsunami social qu’on a sous la pogne, et, ma foi, ça ne fonctionne pas trop mal, coco.

Maintenant, que restera-t-il de ce cirque d’hiver le printemps venu ?

(1) off the record, ne doutons pas que l’enseigne se plaindra que l’image de ses « clients » ne fera guère vendre de tentes cet été, car personne dans les campings à la Dubosc ne souhaitera être confondu avec un SDF.
(2) cela expliquerait-il la prudence du PS en la matière ?
(3) de l’autre côté, prétendre qu’on peut loger confortablement la terre entière relève de la démagogie bien-pensante la plus dégoulinante.
(4) à propos duquel subsiste dit-on des dons considérables encore inutilisés deux ans après. Ces sommes ne pourraient pas être mis au service des démunis plutôt qu’à celui des banques qui ne les font certainement pas fructifier par simple désintéressement humanitaire ?

Mathias Delfe

Ecrit par MathiasDelfe, à 18:53 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Anonyme
09-01-07
à 19:58

Et oui Mathias je me posais des questions comme pas mal de "chieurs" et sur Indy média il y a eu des témoignages et des questions ...Les réponses sont hélas arrivées ...La bande à Augustin a décidé de "lever le camp" car d'aprés eux tout est réglé ou en passe de l'etre et rapidement....
Reste les "naufragés" qui vont etre "priés"de dégager et d'aller voir les services sociaux qui pourront leur proposer pas grand chose en échange de leur engagement à vouloir s'INSERER....
Certains "campement" se désolidarisent de la "comédie" . La réponse ne viendra pas des services sociaux comme on l'imagine tristement ....
Encore une arnaque médiatique dont le seul but est de faire croire...que la classe politique est sensible au sort des victimes de sa propre politique


Répondre à ce commentaire

  libertad
09-01-07
à 20:46

Re:

Tout à fait d'accord Mathias, nous étions quelqu'uns uns à commencer à nous interroger sur les Enfants de Don Quichotte, voici ce que j'écrivais le 4 janvier : "un peu trop de consensus :  Peut-être pourrions-nous engager une discussion à propos de l'action des "Enfants de Don Quichotte" vis à vis des SDF. Elle me semble poser poser plusieurs problèmes : l'unaninisme de la "classe politique" tout d'abord, de Boutin aux Verts c'est le soutien sans conditions. Cette unaninisme est en général le symptôme d'un phénomène qui masque mal un fond judéo-chrétien : période des fêtes ( Noël ) faire un geste pour les pauvres, voilà qui peut réunir pas mal de monde dans une action pleine de bon sentiments et sur un fond de victimisme très consensuel.
L'action se fait pour les SDF, elle n'est pas une lutte des SDF, il ne me semble pas qu'il y ait quelque part volonté d'auto-organisation des sans logis. L'association joue à plein le processus de personnalisation des médias dominants : voir aujourd'hui par exemple un article de libération avec en photo les responsables de l'assos devant des tentes.
Cette action peut réunir autant de monde car elle ne pointe pas les causes de l'exclusion : à savoir le coût exorbitant des logements qui profite à la classe la plus riche de la société, rien n'est prévu pour contrer ce phénomène d'enrichissement sans cause qui se fait au détriment des classes populaires.
Enfin, l'action si elle porte ses fruits pourrait aboutir à une rélégation des "pauvres" dans des zones où ils deviendraient invisibles, certes logés ( mal ) mais surtout on ne les verrait plus et pour la bourgeoisie parisienne ce serait un "ouf!" de soulagement d'écarter les miséreux de leur vue, comme ils l'ont fait pour les prostituées avec le soutien de Sarkozy.
Après la guerre les "pauvres" étaient relégués dans des bidonvilles, comme c'était trop voyant, on a crée les cités de transit, puis les HLM devenus aujourd'hui les quartiers ghettos. Faisons attention de ne pas reproduire le même phénomène avec les SDF que l'on parquera dans des zones où les bourgeois ne les verront plus mais où le problème restera entier : celui de l'enrichissement sans frein d'une classe exploiteuse qui jette à la rue les classes populaires.
A ce sujet lire l'excellent article de François Ruffin : "Penser la ville pour que les riches y vivent heureux" ( le Monde diplomatique de janvier 2007
Les riches n'aiment pas voir les pauvres, ça leur donne mauvaise consience car ils savent d'où vient leur argent."
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  MathiasDelfe
10-01-07
à 13:17

Re: 2ème couvert



J’aurais dû lire ton texte d’abord, Libertad. Rien à redire sur le fond. En fait, j’ai l’impression qu’on se sent un peu « coincé » par ce type « de propagande par le fait » justement parce que c’en est et qu’il nous faut décortiquer le bestiau afin de distinguer dans la pratique spectaculaire une action d’opposition frontale au léviathan étatico-industriel (telle le fauchage d’OGM) et une opération de marketing social à visée purement cosmétique qui se garde bien de toucher aux fondements du système.
Et ce n’est pas facile !

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