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L'En Dehors


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L'ABONDANCE DURABLE
--> article issu de la Revue S!lence
Lu sur kropot.free : Vouloir remettre en cause la croissance ne peut se faire sans remettre en cause l'économie de marché. Penser un autre système économique où les ressources sont distribuées équitablement devrait permettre de sortir de la société de consommation, et donc d'arriver à un niveau soutenable.

L'article-manifeste de Vincent Cheynet et Bruno Clémentin constitue une mise au point nécessaire. A nous de comprendre que l'expression «décroissance soutenable» n'est pas simplement un meilleur terme pour dire «croissance soutenable». Elle enjambe sur un changement de culture. Il s'agit en effet de passer d'une société aux besoins infinis, disproportionnés par rapport aux ressources et injustement répartis, à une société dont les besoins seraient «justes» au double sens de justice sociale et d'adéquation au capital planétaire disponible.

Si ce message pouvait se concrétiser, la fin du siècle serait sans aucun doute plus vivable. J'en approuve donc totalement les attendus. Il manque cependant de recul par rapport au système qu'il critique et d'ambitions à la hauteur des possibilités qui sont aujourd'hui les nôtres.

LE NEZ SUR LE GUIDON

Ses auteurs ne m'en voudront pas, j'espère, si je les décris le nez sur le guidon. Ils ne ménagent certes pas leurs efforts, mais participent malgré eux à une course jouée d'avance. Cette course est celle du Marché, auquel le modèle qu'ils proposent consent d'ailleurs une part. Or ce Marché n'a de sens que si on y fait des bénéfices croissants,synonymes de Croissance.

Dans une économie de marché, il ne peut pas y avoir de bénéfice «en équilibre», ou ce ne seraient plus des bénéfices. Dans une économie de marché, aucun entrepreneur ne peut maintenir son entreprise sans faire des bénéfices croissants.Il est toutefois injuste de décrire l'entrepreneur comme avide de bénéfices uniquement pour les bénéfices et pour mener grande vie. Il ne peut pas ne pas en faire et en chercher toujours davantage. Ils le garantissent contre les perfectionnements techniques dont ses concurrents risquent de s'emparer avant lui, ils lui permettent d'occuper plus largement son «créneau», etc.

On ne peut s'en prendre à «la croissance» sans s'en prendre au marché, ni aux instances mises en place pour «réguler» ledit marché, en d'autres termes sauver sa profitabilité par tous les moyens.

Mais pour que le marché soit favorable aux entreprises, pour leur assurer des bénéfices croissants — pour que l'abondance des produits et services ne fasse pas chuter les prix — il faut limiterconstamment le nombre de ces produits, pour en rendre les clients captifs. Il faut réduirele nombre de concurrents, les mettre à sa botte. Il faut sélectionnerles technologies profitables, notamment celles qui diminuent le nombre d'emplois. Il faut constamment assainirles marchés par des destructions, des quotas, des mises en jachère, des restructurations, des mesures qui bafouent la liberté des peuples à se nourrir, s'éduquer, s'équiper, décider eux-mêmes.

Il est donc clair que les plus en avance en matière d'écologie, en s'engageant pour «la croissance soutenable», se trompent encore de combat.

Ils justifient les impératifs raréficateursque l'économie actuelle cultive sous couvert de Croissance. Ils négligent que les malheurs qui menacent la planète et ses usagers sont en fait imputables à la victoire de l'humanité sur la pénurie et son détournementpermanent par les raréfactions (voir plus haut) qu'exige le «bon» fonctionnement du marché.

A cette victoire tous les peuples ont participé, et à tous les échelons. Même s'ils ne l'ont pas expressément voulue, elle est là, disponible sous la forme d'un immense potentiel technique dans lequel il est aujourd'hui facile de puiser pour le bien comme pour le mal. On n'a pas le droit de la leur voler.

Faisant preuve d'un minimum de cohérence avec ses idéaux et l'observation des faits, ceux qui ont le cœur à gauche s'honorerait donc en rompant avec le thème démagogique de «la redistribution plus juste», qui sacrifie au totalitarisme de marché. Pourquoi ne mettraient-ils pas l'abondance durableà l'ordre du jour ? C'est en tout cas à travers elle, quant à nous, que nous envisageons la décroissance soutenable.

LOIN DES GADGETS


Prenons du recul. Nous avons aujourd'hui les moyens de résoudre tous les besoinsquasiment en temps réel. Nous en sommes empêchés par la non-profitabilité primaire (voir l'affaire des médicaments contre le sida) ou secondaire (par surproduction ou saturation du marché : voir téléphones portables et autres trottinettes). Mais nous en sommes avant tout empêchés par le fait qu'il nous faut, pour survivre, avoir un salaire que seules les entreprises à forte profitabilité peuvent offrir et supprimer à leur gré.

Beaucoup plus grave, et qui reste encore largement inaperçu, est le fait que les usagers que nous sommes n'ont pas la maîtrise de leurs usages.

Ces usages, ils sont réduits à les penser en terme de besoins,précisément, des besoins qu'il leur faut résoudre en dépensant les salaires qu'ils ont gagnés en participant eux-mêmes à cette réduction.

Sur le thème de l'efficacité, de l'économie, de la rapidité, de la modernité, du «mieux», voire de «respects» bien ciblés, ils se laissent imposer ou s'imposent à eux-mêmes un mode de vie qui passe par la faible qualité des produits et des services. Ce qui les oblige à chercher des compléments obésifiants à leur alimentation carencée, à renouveler plus souvent leur parc de machines, à les doubler ou tripler par d'autre tout aussi futiles et vicelardes. Du coup la croissance devient insoutenable — et la décroissance inenvisageable.

L'histoire des États officiellement reconnus comme totalitaires l'a suffisamment montré : la maîtrise de l'instrument de production ne résout pas le problème. Soumise aux impératifs prix-profits, la production par petites unités, communalisées et autogérées, ne réduirait pas pour autant le surgâchis de l'offre et de la demande.

La maîtrise de l'instrument de production et celle de leurs usages par les usagers ne peut être envisagée sérieusement, dans un premier temps tout au moins,qu'à partir du moment où les usagers tireront leur revenu (et non plus leur salaire) directement de la masse des produits et services aujourd'hui disponibles avec de moins en moins de travail.

Ce revenu «direct» et inconditionnel calculé en chiffrant la valeur d'usagedes produits et services, il ne sera plus nécessaire de créer du travail salariépour survivre et faire survivre des entreprises qui ont de moins en moins l'usage de travailleurs.

N'est-ce pas là ce qu'on appelle «revenu d'existence» ? Tel qu'il est actuellement conçu, celui-ci, hélas, est financé par ses généreux promoteurs par ce qu'autorise la redistribution étatique, elle-même asservie aux profits des entreprises.

Comme tous les nécessaires revenus de complément, il sera donc à la merci des politiques actionnariales et assujettira plus durement encore les usagers aux impératifs de la Croissance !

LA DÉMOCRATIE DES USAGERS

Envisageons — dans un premier temps, avons-nous dit — de distribuer à tous les usagers, de leur naissance à leur mort, un revenu proportionnel aux richesses disponibles.

1. Le chômage ne menace plus personne.

2. L'existence n'est plus divisée en trois périodes quasi étanches. Chacun pourra poursuivre ses activités favorites aussi longtemps qu'il le désire sans menacer l'emploi de quiconque.

3. Vous «démocratisez» une capacité jusqu'à présent réservée aux classes possédantes ou des cas d'exception : celle de s'investir à tout âge dans les activités de son choix.

4. N'ayant plus pour but le profit monétaire, l'éventail des activités est profondément modifié. Vous pourrez consacrer tout le temps que vous voudrez à la recherche, à réfléchir à ce que vous faites de votre vie, à la pertinence des produits et services encore considérés comme indispensables, à améliorer ce qu'on appelle les conditions de travail», devenues des conditions de responsabilité et de bonheur.

5. Tout ce qui sera entrepris pourra l'être à titre expérimental, contrôlé et réversible.

6. La liberté d'entreprendre connaîtra un essor que les plus «libéraux» n'ont jamais osé espérer.

7. Aucun peuple ne sera plus laminé par des modes de vie ou des techniques qui leur sont étrangers.

Toutes sortes d'idées généreuses — comme celles exprimées dans l'article auquel nous répondons — vont déjà dans ce sens. Mais elles sont marquées par la façon même dont le Marché raréfacteurnous a appris à voir l'avenir : étriqué et malheureux.

Dans ce sens aussi vont des «mesures» dont personne ne se plaint mais qui n'interviennent qu'à titre de pansements sur les plaies produites par l'économie de marché. Ex : le RMI, les allocations de rentrée scolaire, l'abaissement de la durée du travail, la formation continue, le commerce éthique, les dettes qu'on éponge, les SEL...

Beaucoup d'autres passent inaperçues ou sont tenues pour folkloriques. Cette erreur d'appréciation tient au fait que nous ne disposons pas de méthode de lecture ou de projet de société qui les valoriserait.

Nous devons donc y être attentifs et les adapter non plus aux modèles actuels mais mettre en œuvre des fondamentaux politiques en accord avec les possibilités qui sont aujourd'hui les nôtres. C'est l'hypothèse de travail adoptée par la revue Prosper,qui poursuit et rénove ainsi les options connues sous le nom de distributisme.

Dans un deuxième temps— mais pourquoi pas tout de suite ? — il sera possible d'envisager de s'en tenir uniquement à une comptabilité matière et de suspendre l'usage même de la monnaie.

La chose est encore difficile à imaginer. Mais elle rendrait caduque toute discussion sur l'égalité ou l'inégalité des revenus. Or c'est l'inégalité des revenus qui engage les classes les mieux payées à une demande accrue de produits distinctifs, par lesquels elles justifient aujourd'hui les différences de salaires et justifieront demain les différences de revenus, avec les incidences immédiates et souvent dramatiques sur la quantité de travail, d'énergie, de matériaux nécessaires pour satisfaire cette demande. L'article auquel nous répondons le signale bien : la supériorité des revenus d'un vingtième de la population mondiale lui permet de s'arroger 80% de la consommation des ressources naturelles. L'écologie bien comprise est tout aussi incompatible avec le marché qu'avec la moindre différence de revenus.

Jean Depuydt
de la revue Prosper
Ecrit par rokakpuos, à 04:38 dans la rubrique "Economie".



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