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L’intégration dynamique des handicapés
Lu ici : Les mots “ dynamique” et “ intégration ” entendus dans une exposition consacrée aux handicapés, en octobre 2004 à Paris, place de l’Hôtel de Ville, posent problème, car si ces mots ont un sens bien précis lorsqu’ils sont utilisés en physique et en mathématiques ils deviennent incompréhensibles lorsqu’ils sont appliqués à la vie de tous les jours et plus précisément aux handicapés.

Dans la prose de certains journalistes, ou associations, le mot “ dynamique ” a fini par prendre le sens d’ “énergique ”, de “ ferme ” ” ; mais s’il signifiait à la lettre “ qui illustre les principes de la dynamique ”, il devrait qualifier des gens qui “ suivent leur bonhomme de chemin et en dépensant un minimum d’énergie ”. C’est ce que font déjà les handicapés en fonction du principe de “ moindre action ” qui est l’une des bases de la dynamique. Ainsi la Terre-satellite ne tourne pas autour du Soleil parce que celui-ci “ lui commande ” de le faire . Elle tourne autour du Soleil parce qu’elle se déplace sur une géodésique qui est fonction de la courbure de l’espace- temps créée par celui-ci et que ceci lui facilite son déplacement. Dire d’une personne qu’elle est “ dynamique ” c’est dire qu’elle poursuit sa route en “ économisant ses forces ”, et en évitant de se “ cogner ” contre les autres. La façon qu’a Einstein de concevoir la gravitation met les anarchistes dans un état proche du “ nirvana social ” tellement c’est proche de la finalité du système social qu’ils préconisent.

L’autre mot qui pose problème est celui d’ “ intégration ”. Jusqu’en 1925 le mot “ intégration ” avait pour synonyme “ calcul de primitive ”, et n’avait qu’un sens mathématique : opération qui consiste à trouver l’intégrale d’une équation différentielle ; ce n’est qu’à partir du milieu du XXe siècle que l’ “intégration ” est définie comme l’opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité ou à un milieu.

Si en mathématiques le mot “ intégration ” est bien défini, dans tout le reste c’est un fourre-tout.

L’on “ intègre ” aussi bien les noirs que les femmes, les immigrés que les handicapés. Et qui plus est, il arrive même qu’on intègre des écrivains anglo-saxons, qui résidant en France, savent tout sur les vins du “ Médoc ” et de “ Saint-Émilion ”, et apprécient à sa juste valeur “ un bœuf au raifort. ” Les mêmes pensent qu’une bonne “ intégration ” doit passer avant tout par la connaissance de la langue de “ Rabelais ”. Gargantua et Pantagruel se pourlèchent par avance les babines en pensant à la chair fraîche préformatée par les médias “ people ” qui doit leur être servie pour que les handicapés soient intégrés. Si la connaissance de la langue “ française ” ne suffit pas et qu’en plus il est demandé aux handicapés de savourer des plats succulents et de vins haut de gamme, hors de portée de leur bourse, alors ils craquent. S’intégrer à quoi, à qui, pourquoi ? Qu’un minuscule virus vienne élire domicile dans la moelle épinière d’un nourrisson, la saccageant et causant des dommages irréparables à son organisme et nous voilà face à un futur “ intégrable ”, si par chance il arrive à survivre dans une société scandaleusement “ intégrée ” dans ses “ inégalités de droits”. Devenu homme, on lui fait comprendre qu’il doit “ manifester sa volonté ” de s’intégrer. S’intégrer à quoi ? à la patrie, à la nation, à la société, à l’espèce humaine , à la gastronomie française ? . Comme les intégrateurs sont imprécis, l’handicapé s’inquiète, se sent menacé, se demande ce qu’on lui veut, se fâche et déclare : “ Je suis contre l’intégration des personnes handicapées à la société ! Pourquoi ? Parce que j’en fait déjà partie intégrante, tout simplement ! ” Vous entendez bien : il fait deja partie de la société ! . Parler d’intégration pour un individu ou un groupe, employer seulement ce mot, c’est admettre qu’il ne fait pas partie à priori de la société, que cela ne va pas de soi, que cela se mérite et peut-être accordé ou refusé à chacun.

Dans un débat, ne pas employer les mots et le langage de l’adversaire, mais nos propres mots, notre propre langage, c’est déjà combattre en terrain favorable. Bien sur, ceux qui demandent l’intégration des personnes handicapées à la société, que ceux-ci soient des handicapés physiques, sociaux, raciaux, etc., veulent en réalité la reconnaissance de leurs droits, et l’adaptation des structures de la société à leurs besoins. Mais alors, pourquoi ne pas dire clairement : Nous voulons clairement la reconnaissance dans les textes et dans les actes de cette appartenance ! C’est pour la même raison qu’il faut être contre l’aménagement des lieux publics, etc.. pour les rendre accessibles aux handicapés : TOUTE la ville, avec ses rues et ses édifices, doit être accessible à TOUS. Et ce n’est pas une nuance : les aménagements des lieux publics et des édifices pour les personnes handicapées se révèlent toujours utiles et favorables à l’ensemble des usagers, qu’ils soient valides ou en situation de handicap. De même que des mesures sociales en faveur des personnes défavorisées par leur lieu de naissance, leur milieu social, la couleur de leur peau, etc., ne peuvent que favoriser tous les autres. Alors, s’il vous plait, requalifions le crime, et mettons la société en examen pour non-reconnaissance de la personne plutôt que pour non-intégration. Refusons de demander notre intégration à une société qui ne nous reconnaîtrait pas déjà de fait pour membre. Si l’on demande à un handicapé les deux choses à la fois, “ intégration et dynamisme ”, alors il ne comprend plus rien à rien et une envie irrépressible le prend de casser tout ce qui “ intègre ” et “ dynamise ”.

La valeur d’une société

Pour qu’un sujet soit reconnu dans une société il faut que celle-ci reconnaisse sa différence, l’aide a conquérir son autonomie, lui reconnaisse son altérité et ses droits, et traduise en actes ses intentions. L’individualisme petit-bourgeois et le narcissisme qui l’accompagne, le culte du “ héros ”, du plus “ fort ”, du “ bon diseur ”, du “ beau gosse ”, caractérisent dans nos sociétés la négligence envers la collectivité, le repli sur soi, les minables petites stratégies personnelles, l’exclusion des autres, les “ petits ”, les “ sans défense ”.

Aussi une société qui n’aurait de valeur que par l’importance qu’elle donne aux plus forts, aux gagnants, à tous ceux que le hasard de leur naissance aurait doté de “ qualités ” supérieures, selon les standards du moment, se condamne à l’insignifiance et à l’éclatement. Jean Rostand dans son livre “ L’homme ” pensait que “ c’est l’honneur d’une société d’assumer et de vouloir ce luxe pesant, que représente la charge pour elle des incurables, des incapables.... Si cela ne devrait pas être, je ne suis pas sûr que la société mériterait encore être appelée une société humaine ”.

Tous les projets doivent tenir compte des besoins des handicapés et peuvent, par effet induit, profiter à tous les autres : enfants en bas âge, femmes enceintes, traumatisés, personnes âgées, personnes transportant des charges, etc. Il serait vain d’espérer qu’une société qui ne s’occuperait pas des plus démunis puisse suivre une voie révolutionnaire, car une société qui nierait la personne handicapée se condamnerait à perpétuer les discriminations, l’exploitation et la hiérarchisation des individus. Emploi et formation des handicapés.

“ Comme vous êtes handicapé et que vous n’êtes pas titulaire d’un diplôme du niveau Bac+2, il n’y a pas d’emploi pour vous. Nous voulons des handicapés performants !

D’après les statistiques de l’INSEE il y aurait en France près de 12 millions de personnes handicapées, près de 3% de la population. Ces personnes sont pour une bonne part des handicapées de naissance ou bien victimes sociales de déficiences parfois invisibles. La diversité des populations handicapées met en échec tous les systèmes globalisateurs car chaque type de handicap doit être traité spécifiquement. C’est pour cette raison que, quel que soit le pays, la globalisation des traitements a échoué. En Europe chaque pays a sa méthode. En Grande-Bretagne aucune loi ne prévoit l’obligation d’emploi des personnes handicapées. La France, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et l’Autriche ont instauré des quotas, dont le pourcentage est fonction de la taille des entreprises.

Les sociétés dont le profit individuel est le moteur peuvent-elle réussir l’insertion de leurs handicapés dans la vie productive, et leur permettre une vraie autonomie ? Comment espérer que des sociétés qui ont pour but principal de tout rentabiliser ne mettent pas à l’écart, sous une forme ou une autre, les personnes handicapées ?

La solution de l’emploi des handicapés ne pourra être résolu que par une révolution de l’enseignement et de la formation, car le vrai problème est culturel. Les jeunes handicapés sont pratiquement exclus du système de l’Education nationale. Combien de jeunes handicapés voit-on dans les écoles, dans les lycées ? Un fossé culturel se creuse dès le départ, quasiment impossible à combler par la suite, et isole la personne handicapée dans son ghetto. Comment s’étonner alors que les jeunes, qui n’ont pas côtoyé dans son enfance des handicapés, arrivés à l’âge adulte, acceptent sans aucun état d’âme que l’on laisse sur le bord du chemin tous ceux qui sont hors norme : handicapés, personnes âgées, marginaux, détenus.

L’amélioration de la situation des handicapés demandera des moyens considérables. Et cela ne pourra se faire que par l’amélioration de la gestion des monstres administratifs qui s’occupent des handicapés et par la réduction drastique du budget militaire, et l’affectation des sommes récoltées à l’aménagement des écoles.

Antonio Martin Bellido

(CNT- Syndicat de l’Industrie Informatique)
Ecrit par rokakpuos, à 05:59 dans la rubrique "Social".



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