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Sarkozy vs Lipovetsky : vainqueur ? le goût du vide

Nicolas Sarkozy profite des congés d’été et de la vacance des cervelles qui va de pair pour sortir en « Témoignage » un programme de gouvernement en forme d’autobiographie à la première personne rédigé par un autre, un « nègre » comme on dit dans les milieux littéraires, ce qui ne manque en l’occurrence pas de sel, considérant la politique prônée par le personnage en direction des gens de couleur.

Ainsi qu’il va de soi lorsqu’on est un ministre de premier plan en charge des affaires intérieures du pays, secrétaire général d’un grand parti et qu’on passe ce qu’il vous reste de temps entre un hélico et deux caméras de télévision, on n’a vraiment pas le loisir d’écrire, même tard le soir, car on a une femme qui a besoin qu’on s’occupe beaucoup d’elle pour qu’elle ne fasse pas de ces bêtises dont s’emparent les gazettes populaires, des enfants toujours susceptibles de déconner en boîte comme tous les gosses de nantis en mal d’affection et des tas d’obligations mondaines auxquelles on ne peut pas toujours déroger, surtout quand, les mondanités, on adore ça.

On aura compris que Nicolas n’a pas davantage pondu une ligne de son nouveau bouquin que de ceux qui l’ont précédé, mais qu’à cela ne tienne, ce qui compte, n’est-ce pas ? est qu’il approuve, signe et que son nom, comme sésame vendeur, figure en gros sur la couverture.

Certes, tout le monde est supposé connaître ces pratiques de marketing et de commerce, les journalistes les premiers, mais il ne serait peut-être pas inutile, plutôt que de considérer le public pour plus savant qu’il ne l’est, de rappeler à chaque interview du considérable auteur qu’en réalité un illustre inconnu lui a prêté sa plume et les conseillers de Bush Jr leurs pensées.
Cela remettrait dans les têtes futiles des consommateurs d’infos prémâchées par les médias de masses quelques idées en place et Sarkozy à la sienne, celle d’un faiseur.

130 000 exemplaires annoncés pour un premier tirage, c’est pas mal, 20 fois plus en tout cas que pour « Le bonheur paradoxal » de Gilles Lipovetsky, tout récemment sorti*.
Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Lipovetsky est le plus pertinent épigone de Jean-François Lyotard, le penseur de la postmodernité (1), et le socio-philosophe qui a le mieux cerné et cela à peu près avant tout le monde, en particulier dans « L’ère du vide » (83) et « Le règne de l’éphémère » (87) les nouveaux modes de pensée, enjeux économiques et processus d’intégration sociale nés de la fin des « grands récits » (encore qu’il conviendrait de démontrer que le marché n’est pas aussi, à l’instar du judéo-christianisme, du marxisme, de la mystique nationaliste et d’une façon générale de toutes les utopies fédératrices, un « grand récit »(2)).

Quel parallèle à établir entre Sarkozy et Lipovetsky, hormis l’actualité éditoriale (3) et à part la rime en y, puisque l’un ne croit qu’à toujours plus de production et de consommation (saupoudrées de beaucoup de spéculation, mais c’est mal vu de l’écrire) et que l’autre, sans jeter aux orties le confort matériel et une certaine jouissance ludique de consommer, nous rappelle l’illusion qu’il y a de chercher le bonheur dans la possession compulsive des objets ?
Eh bien, il s’agit d’évaluer les poids médiatiques respectifs d’un grand penseur infiniment plus discret que les petits maîtres qui encombrent revues et écrans (les Ferry, Finkielkraut, Bruckner, Levy et Cie) pour y développer avec componction des truismes et d’une marionnette politicienne infiniment envahissante, poids qui donnent bien la mesure du vide qui nous sert de futur politique et du goût effréné qu’éprouvent pour ce néant, sinon les foules, du moins les voix de la presse qui s’informent et s’expriment pour elles.

1) à quoi Lipovetsky a substitué le concept « d’hypermodernité » qui désigne l’individu postmoderne intellectuellement souple, incrédule, plus ou moins cynique et très adapté au changement, confronté à l’anomie, à l’angoisse nouvelle que produit dans la société l’absence de normes indiscutables.

2) l’islam est évidemment aussi un grand récit, mais situé, sinon hors de la sphère, du moins à la périphérie du monde occidental, et qui se trouve loin de toute phase « postmoderne » (il serait plutôt, même pas « classique », disons néo-archaïque).

3) « Le bonheur paradoxal » a paru fin mars 2006, mais un essai, ça ne « s’installe » ni ne s’oublie comme une savonnette sarkosienne ou strauss-kahnienne, il est donc encore –et pour longtemps- d’actu’.

 * 6000 ex. source Gallimard. Les ouvrages cités sont tous publiés chez cet éditeur.

Mathias Delfe

 

 
Ecrit par MathiasDelfe, à 12:25 dans la rubrique "Pour comprendre".



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