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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Entre les USA et le Canada : histoire d'émigration et d'anarchie 1
Attilio Bortolotti (1903-1995), originaire du Frioul, émigre très jeune, en 1920,vers l'Amérique du Nord, il adhèrera très vite à un anarchisme qui n'est pas seulement une vision politique, mais qui peut-être est surtout une passion éthique. Ce récit, enregistré au Canada en 1980, couvre les vingt premières années de son histoire américaine, celles qui ont été marquées aussi bien par les vicissitudes liées à l'immigration clandestine, aux risques d'expulsion et à la grande crise économique, que par celles liées à la lutte antifasciste, à la campagne pour sauver Sacco et Vanzetti et à la mobilisation pour la révolution espagnole. Ce sont vraiment les "années rugissantes" qu'Attilio traversera sans jamais reculer, avec cette détermination et cette générosité qui des décennies plus tard seront encore ses traits les plus caractéristiques.



Quand je suis arrivé à Windsor en septembre1920 je ne savais rien de ce que voulait dire le fascisme, le socialisme, l'anarchisme, le communisme, même si j'en avait entendu parler en bien et en mal. Un samedi soir, quelques mois après mon arrivée à Windsor, je me retrouve chez des amis avec entre les mains un journal socialiste "La voix du peuple", publié par le professeur Bertelli à Chicago, je l'ai emmené à la maison et il m'a beaucoup plu. J'ai envoyé les deux dollars pour l'abonnement et commença ainsi ma lecture de la presse socialiste.

Quelques mois plus tard, j'ai rencontré les deux premiers anarchistes -ils se disaient anarchistes individualistes- et en parlant avec eux il me sembla que leurs arguments étaient bien fondés, mais j'étais encore vierge du point de vue politique. Pourtant à chaque fois que j'en avais la possibilité je voulais en savoir plus, je voulais savoir pourquoi le fascisme montait en Italie et était de plus en violent...Mais revenons en arrière.

Moi la guerre je l'ai subie...je suis né sur la rive droite du Tagliamento, tout près du front, et comme la maison familiale était une grande maison à trois étages - le troisième servait pour l'élevage des vers à soie - dès le premier jour de la guerre nous avons eu environ 200 soldats installés au troisième étage.
J'ai entendu des propos pour et contre la guerre, j'ai entendu les plaisanteries contre le roi, contre Badoglio, j'ai entendu ceux qui blasphémaient en rentrant du front découragés...j'ai vu deux soldats, deux pères de famille, être fusillés car ils étaient revenus de permission avec quelques jours de retard, et que pour les punir, pour montrer que les officiers avaient de l'autorité, on les a placés contre le mur du cimetière, et là on les fusillés...Après Caporetto ça a été encore pire, c'était terrible de voir une armée jeter les armes , dire "rentrons à la maison,la guerre est finie" tandis que d'autres disaient "non, ils nous faut tenir bon et résister à l'ennemi qui avance"...
Ces expériences m'ont préparé à accepter quelque chose dont je ne savais pas encore de quoi il s'agissait, mais heureusement à Windsor (au Canada) j'ai trouvé une réponse en m'approchant des idées anarchistes, jusqu'au jour ou, pendant l'automne 1920, je me suis déclaré anarchiste au cours d'une conversation avec un autre anarchiste : Giuseppe Tubero.
Quelques semaines plus tard j'entendis parler de Sacco et Vanzetti, au sujet desquels "La voix du peuple" avait publié quelques articles disant qu'ils étaient innocents des crimes dont les autorités les accusaient. Je me suis tout de suite intéressé à cette affaire, et j'ai demandé à mon frère s'il existait une salle de bal ou il serait possible d'organiser une fête afin de recueillir quelques fonds pour aider le comité de soutient à Sacco et Vanzetti. Mon frère m'indiqua une salle près du port ; les deux anarchistes individualistes m'aidèrent pour les tracts et les billets : ce fut un succès dans la petite communauté italienne de Windsor. [...]

En Italie la réaction allait croissant, et chez nous on en venait presque aux mains avec ceux qui disaient que le fascisme avait sauvé l'Italie du chaos révolutionnaire. Au même moment les premiers réfugiés arrivaient d'Italie : des socialistes, quelques communistes du congrès de Livourne.
Un jour quelqu'un de Pordenone, qui pendant la première guerre mondiale s'était enfuit des USA pour ne pas faire la guerre, d'abord vers le Mexique puis vers le Canada, me demanda d'aller à Detroit pour y porter une lettre à l'adresse d'un certain Cernuto, un sicilien qui s'était acclimaté au métier de commerçant. Quand ce dernier lut la lettre que je lui avais apportée, il me dit d'attendre la réponse et m'invita à jeter un oeil sur les livres pour patienter. Une paroi entière du magasin était couverte de livres et de brochures, je commençais à les éplucher. Peu après j'avais accumulé une vingtaine de brochures : Malatesta, Gori, que des choses nouvelles. Cernuto revint avec une lettre de réponse et 200 dollars à remettre au camarade. Je fus très ému de me voir confier une somme pareille... Cernuto me donna aussi le premier numéro de "L'assemblée des réfractaires", dont le rédacteur était Emilio Coda : je me souvient encore de sa rhétorique tonitruante.

A Detroit, toujours chez Cernuto, je rencontrais aussi un groupe d'une vingtaine d'anarchistes, parmi lesquels Ugo Valdi, qui était médecin et organisait des représentations de théâtre engagé. Puis j'ai rencontré Arturo Bertoli. Leurs débats étaient très profonds, bien qu'à l'époque je n'y comprenais pas grand chose : ils parlaient de Kropotkine, de Bakounine... mais plus le temps passait plus ma passion grandissait.

Suite ici et ici.

Texte original en italien publié dans le numéro 24 du bulletin du Centre d'Etudes Libertaires - Archives Centre Pinelli.
http://www.centrostudilibertari.it/

Traduction Rokakpuos
Ecrit par rokakpuos, à 04:59 dans la rubrique "Culture".



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