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Les OGM aiguisent l’appétit des semenciers
lu sur altermonde-levillage : "  Sur un marché des semences OGM en pleine croissance, les outsiders se structurent pour déstabiliser le leader incontesté Monsanto. L’enjeu est de taille avec l’arrivée de la prochaine génération d’OGM.

 

Cible privilégiée de la fronde anti-OGM, Monsanto continue pourtant à régner sur le marché des semences génétiquement modifiées (OGM). Le groupe américain possède 40 %du marché mondial des semences OGM de maïs et de soja. Et ce chiffre grimpe à 90 %, en considérant les semences commercialisées avec des caractéristiques génétiques Monsanto. Décidés à l’ébranler, les numéro 2 et 3 du secteur - l’américain Pioneer Hi-Bred International, filiale de DuPont, et le suisse Syngenta - viennent de créer une société commune de commercialisation des semences OGM et matériel génétique sur le maïs et le soja en Amérique du Nord.

Le groupe français Limagrain veut aussi jouer dans la cour des grands. Il vient de transférer toutes ses activités semences au sein de sa filiale cotée Vilmorin pour renforcer ses moyens financiers. « Nous voulons faire appel au marché pour financer notre développement et conclure des acquisitions », souligne Daniel Chéron, administrateur directeur général de Vilmorin Clause & Cie, qui devient ainsi le numéro 4 mondial des semences. Le marché des semences se complexifie et exige d’atteindre une taille et des moyens financiers conséquents au niveau de la recherche et du développement (R&D), afin de répondre aux demandes de plus en plus pointues des agriculteurs. La division agriculture et nutrition de DuPont, dans laquelle est intégré Pioneer Hi-Bred International, a vu ses budgets de recherche augmenter de 31 % entre 2002 et 2006, pour atteindre 588 millions de dollars cette année. La majorité de cette somme est investie en semences. Même ordre de grandeur chez Monsanto. « Monsanto investit 10 % de son chiffre d’affaires en R & D, soit un budget de 600 à 700 millions d’euros, dont 80 % dans les semences et les biotechnologies », souligne Jean-Michel Duhamel, P-DG de Monsanto France.

Ces montants importants s’expliquent par la durée de développement de nouveaux OGM (dix à douze ans) et par l’évolution rapide des techniques. En 1996, la première plante OGM intégrait un seul nouveau gène. En 2006, plus de la moitié du maïs OGM aux Etats-Unis a intégré une combinaison de gènes, la plante devenant à la fois résistante à plusieurs insectes ravageurs et tolérante à un herbicide. « La diversité de l’offre en semences va augmenter et les moyens génétiques sont de plus en plus pointus pour répondre aux besoins des transformateurs et clients finaux », commente Jean-Michel Duhamel.

Les recherches se spécialisent Pour être sûr de réussir son offensive, Syngenta vient de créer un fonds de capital-risque de 100 millions de dollars qui investira dans des start-up. Ce rythme soutenu d’innovation ne laisse la place qu’à quelques grands groupes et devrait entraîner une consolidation au niveau des acteurs les plus petits. Les semenciers doivent aussi s’adapter à une spécialisation des marchés. Le développement de biocarburants et de bioéthanol a ainsi déclenché une recherche spécifique sur le maïs. Syngenta est en attente d’homologation aux Etats-Unis pour une variété de maïs qui permet un rendement plus fort de production de bioéthanol. Même chose pour l’huile de soja. L’industrie agroalimentaire américaine a demandé des huiles de soja différentes afin de ne plus avoir d’hydrogénation dans le process de fabrication des plats préparés et des gâteaux. Les recherches se spécialisent également selon les régions géographiques et leurs caractéristiques spécifiques. Pioneer travaille ainsi sur la résistance à un parasite très présent en Europe de l’Est.

Mais tous préparent leurs armes pour les deux grands marchés de demain, les plantes mieux adaptées à notre environnement (moindre consommation d’eau ou meilleure utilisation d’azote) et celles qui produiront des aliments santé (enrichis en oméga 3 par exemple). Vilmorin compte bien devenir un acteur de poids sur ce terrain. « La première génération d’OGM aujourd’hui sur le marché avec les résistances aux herbicides ou aux insectes a plutôt demandé un savoir-faire d’agrochimiste. Notre stratégie dans ce domaine s’appuie sur des partenariats. Mais les nouveaux OGM (comme ceux résistants à la sécheresse) entrent dans notre savoir-faire d’amélioration des plantes. Nous allons donc développer notre expertise avec Biogemma et Keygene, nos deux structures de biotechnologie, complétées par des partenariats ciblés », annonce Daniel Chéron.

Un contexte européen difficile Vilmorin devra tenir compte des difficultés à réaliser les recherches en biotechnologies végétales en France. Alors que les semis de maïs ont commencé, Biogemma attend toujours le feu vert des autorités pour les demandes d’essais en champ déposées. « Au-delà du 20 mai, cela n’aura plus de sens de semer », indique Michel Debrand, directeur général de Biogemma. Le ministère de l’Agriculture vient d’annoncer qu’il donnerait ses réponses avant le week-end de l’Ascension ! Pas étonnant que la plupart des expérimentations se fassent en Amérique du Nord. « Nous avons des essais en champs aux Etats-Unis depuis plusieurs années et leur nombre augmente. On maintient des essais en France car nous avons besoin de ces références européennes », constate Michel Debrand. Face à ce contexte défavorable, l’entreprise a décidé de recentrer ses équipes de recherche sur deux sites près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), et près de Toulouse (Haute-Garonne), en fermant celui d’Evry (Essonne) et celui de Cambridge, au Royaume-Uni. Son effectif va passer de 123 à 86 salariés.

Malgré ce contexte, les acteurs européens maintiennent un reste d’essais en champ en Europe. Il est nécessaire d’avoir des données sur chaque continent car les variétés de plantes cultivées ne sont pas les mêmes et l’environnement non plus (climat, insectes ravageurs...). Cependant, les semenciers y réfléchissent à deux fois, car ces essais coûtent cher. « Une expérimentation en champ de maïs résistant à la chrysomèle, insecte ravageur, atteint la somme de 200 000 euros. Il est clair que je ne prends pas le risque de le faire en France », indique Jean-Michel Duhamel. On le comprend. Depuis cinq ans, en France, entre la moitié et les deux tiers des essais sont détruits par des militants anti-OGM. Les conséquences ne sont pas anodines. La France est en train de perdre toute une partie de son expertise en biotechnologies végétales. Les semenciers présents en France espèrent que le cadre fixé par le projet de loi destiné à encadrer les cultures et les essais d’OGM permettra de reprendre une véritable activité de recherche dans ce secteur. La loi devrait être promulguée à l’automne. En attendant que les français s’accordent sur les OGM, le marché mondial continue sa progression à deux chiffres chaque année. Avec sa nouvelle structure, Vilmorin devra avoir une stratégie agressive pour garder une place dans la compétition mondiale.

Anne Pezet
Source : www.usinenouvelle.com

(GIF)

Ecrit par patrick83, à 08:13 dans la rubrique "Ecologie".

Commentaires :

  lecathare
19-05-06
à 14:15

si la contamination ogm n'est pas stoppé et interdite d'ici quelques années je me fais "coupé les couilles", ils n'auront jamais mes genes, et je ne ferais pas de gosse dans ce monde pourri, je participerai pas à ce système qui veut faire de nos enfants les futurs esclaves des industries  dans un environnement et une nature massacré par la génétique !!!
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