La vitesse à laquelle la société devient complètement technologisée n'a rien d'étonnant. Nous vivons maintenant dans une technoculture dans laquelle l'existence sociale est uniformisée, isolée, négociée, homogénéisée et irréelle. La génétique, les nano-technologies, la vidéo-surveillance (1) et le clonage colonisent la vie d'une façon sans précédent, alors que l'expérience directe et le sens de soi deviennent des accidents de l'impératif technologique. "La société industrielle et son futur" de Kaczynski explique qu'en somme, tout cela progressant, l'individu a moins de liberté et peut moins s'épanouir.
La crise générale des fondements de la société - environnementale, sociale, personnelle - est à la base le résultat de la vague technologique. Qui ne renverse jamais le cours des choses, ne retourne jamais en arrière, dévore de plus en plus la vie, la texture de la vie, le sens de l'enchantement, la possibilité, la réalité de la vie. De moins en moins de gens parviennent à voir la technologie comme une solution mais plutôt comme un problème mais très peu réfléchissent activement à des questions au sujet de son impact.
Parmi ceux qui ne soulèvent pas de questions, il y a beaucoup d'anarchistes, malheureusement, qui évitent de se confronter à une réalité crue parce qu'ils ne sont pas prêts à faire face aux conséquences. Les conséquences sont de se rendre compte que notre monde est ravagé par quelque chose qui éclipse (2) la notion d'être "anti-capitaliste". Comme si cela était possible, sans traiter la génèse du capitalisme. Ses institutions fondamentale, telles que la division du travail et la domestication ont mené à la société divisée et à la civilisation elle-même. Sans aborder ces causes à la racine, l'analyse et l'action demeurent emprisonnées dans des formulations secondaires.
Cette confrontation n'est pas facile mais elle est probablement essentielle. Sans riposter à la civilisation technologique, la norme globale en ce moment, il n'y aura pas de vision libératrice, de dépassement de la période critique des horreurs quotidiennes et familières. Les choses continueront à aller plus mal, beaucoup plus mal.
Pour nous des perspectives "post gauche" (3) rendent nécessaires l'examen de ce qu'est ce techno-monde, comment il fonctionne et comment y mettre un terme.
La technologie selon les écrits de Paul Piccone est la "troupe de choc de la modernité". Modernité ou société de masse sont devenues insupportables, exemptes de promesses. La production en série, la culture de masse sont des créations de la logique technologique dont le caractère désemparé devient plus évident chaque jour.
Traduction par Libertad de l'éditorial de
Green anarchy #22 printemps 2006
(1) NdT : la traduction serait plutôt surveillance "futuriste"mais en français cet adjectif n'évoque pas grand chose pour le présent alors que le terme vidéo-surveillance rend compte d'une réalité.
(2) NdT : a aussi le sens "d'écraser"
(3) NdT Difficilement traduisible tant la notion de "post" est devenue récurrente dans les analyses aux USA.