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L'En Dehors


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Compte-rendu du Rendez-vous d'Earth First !
--> Nous serons ivres, nous raconterons des histoires des "bons vieux jours", nous nous assierons et regarderons les autres planètes détruites plus tard !
Une nouvelle fois, je suis de retour au Rendez-vous de Round River, le rassemblement d'Earth First! des tribus et du carnaval de la débauche hédoniste dans l'ivresse. Le rassemblement de cette année des écologistes "radicaux" de l'Amérique du Nord a eu lieu parmi les magnifiques sapins Douglas, les cèdres, les cigües de la partie occidentale des Monts Hood ( Wy East ) dans la forêt nationale de l'Orégon. Avec une courte randonnée et le lac clair comme du cristal, les averses hors saison étaient les seules barrières physiques à une excellente aventure d'été...Ouais et tous les activistes. Cette année a marqué le 25ème anniversaire de la fondation d'Earth First!, c'était donc le bon moment de prendre le pouls d'un mouvement vieillissant.


J'essaye de faire ce pélerinage annuel ( quand le temps et l'espace le permet ) pour trainer, jouer, me reconnecter et partager des libations alcooliques avec des gens qui ne vivent pas dans ma biorégion et que j'ai rarement la chance de voir. En dépit de différences politiques diverses, j'ai avec beaucoup d'Earth First!ers (avec certains l'affinité politique est tout à fait forte ) des liens personnels et culturels ( par manque de meilleurs termes ) qui fonctionnent profondément. En cela, je veux dire qu'en dépit des divergeances d'opinion, de stratégies, de projets et d'objectifs que nous manifestons dans nos vies, une profonde connexion à la Terre, une douleur pour sa destruction et un désir d'une existence sauvage, nous lie.
Des étrangers pourraient appeller cela un lien basé sur des principes partagés d'Ecologie Profonde ou de biocentrisme mais je dirais que c'est simplement la réalisation commune que nous faisons partie de la vie et non de quelques espèces superposées qui peuvent seulement se relier au niveau social ou politique, aussi bien qu'un désir de stopper la dévastation de notre monde.
En dépit des désaccords que nous pouvons avoir, je me sens plus à la maison avec cette tribu que dans la plupart des rassemblements anarchistes, même lorsqu'ils sont composés la plupart du temps de post-gauchistes ( c'est à dire ceux qui regardent au-delà de la tradition et de la routine gauchiste pour l'influence et les liens politiques ). Le fait que le rassemblement est dans un endroit sauvage, sans ordre du jour rigide ou autorisations de l'Etat le sépare de manière significative des universités et cadres urbains trop bien arrangés avec des coupures pour le déjeuner et le diner au restaurant vegan local, avec des événements formels en soirée. Cette différence peut peut-être être simplifiée en disant que c'est quelque chose qui ressemble au monde vers lequel nous déirons aller, en l'assimilant à son installation courante. Bien que j'ai beaucoup de critiques à faire de cette représentation, une partie de moi est à Earth First!, bien que je ne pourrai jamais me joindre à un groupe d'EF! ou a une de ses campagnes, si tout va bien, il y a un endroit pour moi ici.
Une autre raison primaire de s'occuper du Rendz-vous est de rappeller aux gens l'intention originale d'EF! qui est : "Aucun compromis pour la défense de la terre !" ( endépit de certains problèmes anthropocentriques et paternalistes avec "pour la défense de" ) et pour apporter plus d'analyse et de pratique anticivilisation dans le mouvement, le liant plus fermement à un élan contre la civilisation elle-même. EF! a sensiblement changé de position depuis ses débuts au centre-droit pour la conservation des régions sauvages, jusqu'à employer ensuite le sabotage et l'isolationnisme, puis devenir un mouvement libéral/gauchiste éco-social qui soutient un éventail de tactiques mais semble en réalité employer et préconiser une coalition pour une éducation de terrain, des bannières à accrocher, des passes pour ouvrir des serrures et des clefs à molettes légales. Prendre en main cette histoire confuse et contradictoire ( et oui, parfois source d'inspiration ) tout en essayant d'infuser des idées anarchistes et faire passer un message tactique est toujours valable à mon avis, au moins une semaine par an, particulièrement depuis que le journal d'Earth First! échoue généralement à cet égard. Tandis que le terme "eco-guerriers" semble être une grossière exagération, il reste quelque chose de plus intéressant sous la surface que chez la plupart des écologistes moyens.
Cette année mon temps a été partagé entre des rencontres personnelles, l'animation d'ateliers et des interventions anarchistes au cours d'autres discussions. Les interactions personnelles ontpermis de raviver de vieilles relations, en nous racontant les histoires de nos vies (luttes, douleurs et accomplissements ) en élaborant des stratégies sous l'empire du whisky, racontant des conneries, partageant des connaissances, aidant des amis, luttant, partageant des repas, contribuant aux efforts collectifs, discutant en ayant véritablement des liens authentiques avec ces personnes.
Dans une partie de mon emploi du temps, je co-facilitais plusieurs ateliers avec un ami proche, membre du Collectif Wildroots. Briser le rôle problématique des spécialistes, toutes les discussions ont eu lieu après une introduction limitée ( 5-15 minutes ) suivie par un débat plus spontané et plus participatif avec seulement quelques interventions pour poser un nouveau sujet ou une question. La première discussion était une conversation d'ordre général sur l'anti-civilisation qui a introduit quelques idées fondamentales et a permis que les gens expriment leurs perspectives. La discussion suivante portait sur la "spiritualité", lachement basée sur un article du numéro 20 de Green anarchy, "Méditation sur la médiation". Ce qui a mis en évidence certains aspects plus personnels et moins intellectuels de ce qui motive certains d'entre nous pour obtenir une expérience plus directe avec le monde et avec nous-mêmes, traversant notre aliénation vers un contexte plus profond. Inutile de dire que cette discussion était à la carte. Il y avait un noyau d'athés purs et durs, des dogmatiques religieux, des praticiens du New Age, à mon avis la plupart des gens ont eu une forme saine, holistique, libre de raccordement personnel au sujet traité. Après avoir abordé le thème immense du numéro 20 de GA, il était intéressant de voir où les gens en étaient, ce que je décrirais généralement avec une optimiste précaution par quelque chose de plus profond que la politique. Le forum final que nous lancions était très significatif et s'intitulait "au-delà de l'activisme". Après un temps avec toujours plus d'épuisement et de frustration, après des années de motions de résistence inefficaces, beaucoup renégocient leur rapport avec "l'activisme" ou l'abandonnent tout à fait. Notre but n'était certainement pas d'encourager l'apathie ou l'inactivité, mais à la place de donner de nouvelles priorités à nos vies basées sur nos désirs, plutôt que remplir nos devoirs d'activistes. Les gens généralement sont d'accord pour admettre que les actions les plus significatives qu'ils font, sont guidées par leurs passions et non par un programme chargé de culpabilité. En rejettant les tendances moralistes et sacrificatoires pour celles de l'urgence directe et dans une certaine mesure pour notre intérêt, non seulement nous pouvons nous sentir plus reliés mais nous pouvons finalement rester plus sains et cohérents et avons une meilleure chance de réaliser nos buts à court et à long terme.
L'emploi du temps principal de mon programme ( et le divertissement ) était d'intervenir ( avec respect si possible et souhaitable ) dans certains ateliers, pour saper la formation de la puissance dynamique de la hiérarchie ( formelle et informelle ) qui tend à dominer ce genre d'événements. C'est quelque chose que j'encouragerais chaque anarchiste à faire, toutes les fois qu'ils sont intégrés dans des groupes qui ne sont pas spécifiquement antiautoritaires...
Un domaine dans lequel vous ne pouvez absoluement voir aucune différence entre ce type de rassemblement et n'importe quel autre conférence libérale/gauchiste/quasi-anarchiste est la façon dont les activistes types ( qui peuvent être une minorité qui sait très bien se faire entendre ) s'occupent du privilège et de l'oppression politique ( la politisation du racisme, du sexisme, de l'homophobie, etc... ). Sans entrer dans une longue polémique compliquée, je dirai juste que si j'apprécie la volonté de prendre au sérieux ces formes systématiques et interpersonnelles de domination, je constate souvent que leurs efforts sont minés par une approche à courte vue. Par exemple, pendant une discussion sur le racisme ( qui a eu quelques effets positifs ), il y avait une tonalité de jugement vertueux à l'égard de ceux qui n'avaient pas participé à cet atelier ( qui a été programmé peu judicieusement le dernier jour ). Les gens qui ont choisi de ne pas y venir ou ceux qui exprimèrent leur manque de désir de rester jusqu'au bout d'un atelier de culpabilité de Racism 101 animé par de jeunes blancs pompeux qui se disent être " peu disposé à traiter leur merde" ou "ne prennent pas le racisme sérieusement". Mais à moins que les attitudes prétentieuses des animateurs de l'antiracisme changent, nous continuerons à tourner dans le vide avec ceux qui approuvent de la tête et ceux qui regardent à distance et comptent les points. Aller au-delà du peu recherché "le racisme est mauvais" d'ateliers élémentaires ou paternalistes " comment nous aidons les faibles minorités" ou le prévisible et opportuniste "obtenir les mêmes droits", la première étape est d'aborder sérieusement la racisme ( ou toute forme d'oppression trop simplifiée adoptée par l'Identité Politique and Co* ).
Pendant les ateliers "Comment devenir de meilleurs activistes ?" et "Leadership non autoritaire", les discussions menées par les "chefs" du rassemblement ( c'est à dire les organisateurs ) étaient également une source prévisible d'amusement et ils ont reçu leur dose de critique, ce qui leur a hérissé le poil, une de mes joies favorites à chaque Rendez-vous c'est de miner la monarchie d' EF! et sa prise charismatique d'attention. Il y a un type en particulier qui est une vraie étude de cas pour la quintescence de la conduite du chef activiste égocentrique mais je ne donnerai pas de nom ( principalement parce qu'il considère n'importe quelle publicité comme bonne ). Les anarchistes à Eugène et les activistes de la forêt dans tout le Nord Ouest pourraient écrire un livre sur l'histoire de ce caméléon et sur tous les rebondissements dans sa conduite des campagnes, sautant devant les caméras et changeant ses identités politiques pour atteindre son objectif d'audience. Malheureusement, cette année son programme était serré et il pouvait seulement rester quelques jours avant de partir à son prochain concert (?) Cependant, ces quelques jours où il nous faisait la grâce de sa présence, il nous a vraiment gaté. Parmi ses ateliers, il y avait "Récupérons Jésus" un stratagème de manipulation pour utiliser la foi en Jésus Christ dans un lavage de cerveau à "notre bénéfice". Il a étudié Jésus recemment et il trouvé que le "fils de Dieu" a beaucoup de choses positives à dire que nous pourrions apprendre et appliquer à notre lutte ( comme la moralité, la justice, le leadership, etc...) et je suis certain que cet activiste aimerait se voir dans un rôle de néo-Messie. Il a également animé une discussion appelée "Pas d'Apoclypse" qui était fondamentalement une rationalisation pour continer toujours le même activisme pépère et inefficace jusqu'à la fin ( crise, effondrement, etc..). Peut-être s'est-il mis à parler de ses options politiques quand les médias sont mystérieusement apparus ( je me demande qui les a appelé ? ) et la personne qui devait leur parler n'étant pas là ( probablement appellée par quelqu'un pour un problème de sécurité ou pour creuser des chiottes à ce moment là ) et qui s'est trouvé justement être là pour le remplacer ? Vous vous en doutez. Mais peut-être le moment le plus pathétique, ce fut quand le journalistea marcha jusqu'à lui et qu'il a saisi le seul bébé du rassemblement pour une charmante photo. Non, merde.
En général, le rassemblement était un bon endroit pour avoir des discussions tactiques et stratégiques, pourtant elles sont souvent limitées par les zones de confort des individus et les politiques pour se sentir bien.
EF! est truffée d'imperfections mais cette année la principale déception pour moi, fut le lancement des deux campagnes principales qui s'inspirent réciproquement ( souvent en ayant recours aux émotions des personnes ).
Actuellement ils ont la campagne "Biscuit", une croisade pour arrêter les feux dans la région sauvage de Kammiopsis dans l'Oregon méridional et "Montain Justice Summer", une tentative de stopper le pillage ( pour le charbon ) dans les Appalaches méridionales. Ces deux campagnes semblent avoir des approches très semblables en essayant de former des coalitions larges d'écologistes radicaux, de libéraux (1), de riverains ( en dépit de nombreuses tendances bibliques lancinantes ), de forestiers, de mineurs qui effectuent le sale boulot. Alors que cela peut faire bien sur le papier, ça a été essayé des centaines de fois avec pratiquement le même résultat : l'échec complet. Pendant que ces coalitions superficielles sont crées avec des personnes aux objectifs complètement différents, les forêts disparaissent. Tandis qu'ils discutent au sujet de la tactique etdénoncent ceux qui exercent leur autonomie, des montagnes sont nivelées.
Tandis que les gens se concentrent sur les médias pour augmenter leur nombre, la terre est détruite autour d'eux. Et tandis que le gens se compromettent, la libération est perdue. Ceux qui sont le fer de lance de ces campagnes éloignent des personnes des combats dans leurs propres biorégions et leurs propres vies, les sacrifiant souvent à l'Etat par leurs protestations symboliques pendant qu'ils jouent hors jeu en se faisant des illusions sur leurs droits civils - ère des chimères alimentant leurs égos.
Les activités d'un Rendez-vous sont comme le fouillis dans un sac. Alors que c'est malheureusement un centre de recutement pour activistes ( booo ! ) cela peut également être un endroit pour avoir des discussions critiques. Quelques ateliers ont continué pendant le week-end inclus : grimper aux arbres, faire des barricades, l'histoire d'EF!, lecture de cartes, surveiller les ventes de bois de construction, s'embrasser, divers compte-rendus de campagnes de soutien, des compétences primitives, lancer de hache, marche pour découvrir les plantes et d'autres encore. Naturellement la semaine eu sa part de jeux, de poésie ( bonne et mauvaise ) et des vieilles chansons fatiguées de feu de camp ( durant lesquelles j'ai eu la chance d'être assez ivre au point de ne rien faire d'autre que d'être un belligérant ). En fin de compte, je me suis senti bien ici, pour m'être éloigné du béton et de ce fichu ordinateur pendant une semaine et donner à mon foie une séance d'entrainement. Alors que j'ai peu d'espoir de ce qui se passe ici ou dans n'importe quel "mouvement", finalement la foule avec qui j'ai passé la plupart du temps se sentirait plus chez elle aux  Rassemblement des Visions Sauvages ( cliquer ici pour un compte-rendu du rassemblement de cette année ). Je sens qu'il est positif de maintenir des liens avec ce lieu.
Pour citer un T-shirt du Rendez-vous 2003 de Round River d'Earth First! ( qui se foutait des pacifistes et résume ma vision particulière des choses ) :
Earth First!
Up Against the Wall Muthafucka!(2)

par Felonious Skunk

* "co" est apparemment un terme au genre neutre ( dérivé, je crois du mot camarade(3)
) qui a été introduit virtuellement par la force dans le milieu écologiste radical, activiste et anarchiste. Alors qu'il peut être important d'examinerde nombreuses masculinisations du langage, certains ressentent cela comme étant un aspect superficiel de problèmes beaucoup plus graves. Certains sont partisans de se foutre du langage pour pointer des problèmes ou pour développer des voies "moins oppressives" de communication, mais trop souvent cela devient une nouvelle méthode de contrôle et de standardisation ou un moyen de faire honte, d'exclure et souvent de punir si l'on ne joue pas le nouveau jeu présenté par l'élite du milieu.

Texte traduit de l'anglais par Libertad et paru sur Green anarchy # 21 automne-hiver 2005-2006

(1)NdT : libéral au sens américain, signifierais plutôt gauche ici.
(2) NdT : nom d'un groupe d'affinité anarchiste de New York crée en 1966, voir Wikipédia ( en anglais )
(3) NdT : comrade en anglais

Ecrit par libertad, à 00:02 dans la rubrique "Ecologie".



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