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Mouvement anti-CPE : le piège Sarkozy
--> A la veille de la manifestation du 4 avril
Maintenant que les jeux de pouvoir et la répartition des rôles apparaissent plus clairement, le danger pour le mouvement social contre le CPE n'en est que plus grand avec l'arrivée de Sarkozy comme ordonnateur des négociations.
Bien sur il serait possible d'en rester à la surface des chose et de n'y voir qu'une concurrence entre politiciens de droite pour la course à la présidentielle, c'est ce que les médias tentent de nous faire croire pour masquer les enjeux réels qui se dessinent derrière cette rivalité de deux hommes : Villepin contre Sarkozy.
Rupture ou « modèle à la française » ?
L'oligarchie qui dirige ce pays et essaye de le mettre en coupe réglée selon les lois dites de l'ultra-libéralisme ou plus prosaïquement du capitalisme sauvage hésite entre deux stratégies et l'on voit bien d'ailleurs que le MEDEF louvoie sur la question du CPE.
Faut-il attaquer frontalement les « acquis sociaux », démanteler le code du travail, en un mot choisir la rupture de la contre-révolution libérale ?

Faut-il essayer de négocier la flexiblité avec les syndicats, trouver chez eux des alliés prêts à signer des accords dits de donnant-donnant en fait de « moins pire » : c'est ce genre d'accords que signe la CFDT, toujours avec le même discours : « si nous n'avions pas signé, ça aurait été encore pire ».
Cette stratégie dite également de « refondation sociale » a trouvé pendant plusieurs années une sorte de consensus allant de la droite au PS et du MEDF à la CFDT. Mais elle avait semble-t-il l'inconvénient de ne pas aller assez vite au goût d'une fraction de la bourgeoisie détenant en particulier l'ensemble des médias.
Cette fraction ultra-libérale s'est donné une représentation politique avec Sarkozy et sa « rupture ». Mais l'inconvénient pour Sarkozy, était d'avoir construit sa politique sur une image réactionnaire, proche du FN, si cela permet de gagner à droite, cela donne très peu de chances d'être élu à cause du rejet de cette image dans l'opinion publique, Sarkozy allait se retrouver assez rapidement avec un effet « Le Pen » qui lui aurait barré l'accès à l'Elysée.
A côté de ce camp de la « rupture » celui de la négociation et du compromis ( « le système social à la française » pour parler comme les médias ) reste présent. Il s'est incarné ( la politique et l'économie ayant horreur du vide ) par Villepin qui dans un premier temps à construit son image médiatique sur ce modèle contre celui de la rupture. Le problème c'est que cette alternative bourgeoise et patronale est aussi le fond de commerce du PS et que Villepin s'est trouvé directement concurrencé sur ce terrain par une autre présidentiable : Ségolène Royal.
Villepin ne pouvant arriver à s'assurer une assise suffisante avec la montée en puissance de Royal a cru pouvoir élargir la sienne à droite en reprenant à son compte la politique rupturiste de Sarkozy : ce fut le CPE, remise en cause du droit du travail, désormais un employeur pouvait licencier sans motif pendant deux ans. Et pour bien signifier la rupture ce contrat fut imposé comme un coup de force : aucune négociation de forme avec les syndicats, « 49.3 » à l'assemblée, Villepin espérait bien montrer à la droite et à la bourgeoisie qu'il était le meilleur pour faire passer le capitalisme sauvage par la méthode bonapartiste, veille tradition française.

Un mouvement anti-CPE explosif

Mais Villepin avait sous-estimé deux facteurs :
  • il ne se doutait pas que refusant la discussion avec les syndicats il allait créer un front syndical du refus qu'on avait pas connu depuis longtemps. Il n'avait pas compris que les meilleurs alliés du patronat pour une politique de compromis : la CFDT, la CGC et la CFTC allaient constituer le ciment d'une intersyndicale qui s'opposerait bec et ongle au CPE. Pour ces directions syndicales réformistes, la politique de Villepin, du coup de force constitue un casus belli, leur arrêt de mort si elle triomphe. Il n'est donc pas étonnant qu'elles soient ainsi devenues du jour au lendemain des syndicats « combatifs » non pas pour défendre les salariés mais pour défendre leur place et leur boutique. Il ne faut donc passe leurrer sur la solidité de l'intersyndicale, elle n'est solide que sur ce refus de la rupture ultra-libérale.
  • il n'avait pas compté non plus sur le réveil de la jeunesse étudiante et aussi lycéenne. Les mouvements lycéens récents lui avaient laissé croire qu'il suffisait de jouer sur le calendrier des vacances scolaires pour décourager toute tentative de lutte, il s'était calé sur ce calendrier et par le biais de la procédure d'urgence et du « 49.3 » croyait bien dissiper tout problème de ce côté. Mal lui en a pris et le mouvement étudiant s'est construit dans la durée, s'élargissant à chaque mobilisation, ce que nul ne pouvait prévoir et se radicalisant dans le temps et dans l'action.
La fusion de ces deux phénomènes ( intersyndicale forte ) et mouvement étudiant solide et politisé allait créer un mélange explosif que le pouvoir n'avait pas prévu dans ses expériences de laboratoire entre ses deux alternatives politiques ( le laboratoire social à grande échelle comporte toujours une part d'incertitude ).
La dynamique pour gagner qui avait manqué lors du mouvement des retraites s'est trouvée réunie contre le CPE. L'alliance entre la fraction la plus radicale ( pas forcément révolutionnaire ) des salariés et la jeunesse étudiante et lycéenne semble bien constituer un levier suffisant pour arriver créer un rapport de force face au patronat et à l'oligarchie.

Les tenants du pouvoir économique se sont rendu compte que l'expérience Villepin, si elle les agrée sur le plan politique pouvait devenir dangereuse pour leurs intérêts : il a donc été nécessaire de siffler la fin de la partie et de mettre l'apprenti-sorcier sur la touche : Villepin est donc temporairement au placard.

Sarkozy risque de gagner sur tous les tableaux

En bon vieux politicien opportuniste Sarkozy durant toute cette affaire du CPE s'est rendu compte que sa politique de rupture ultra-libérale n'avait aucune chance de succès ( trop marquée à droite ) et le coup de force de Villepin qui lui coupait l'herbe sous le pied le privant de programme, lui servit aussi de leçon : il devait à tout prix reconquérir une image d'homme de dialogue ou tout au moins d'homme réussissant à mettre un coup d'arrêt au mouvement social ( il ne faut pas oublier que c'est la feuille de route des hommes de la droite et aussi du PS ). Face à l'échec de Villepin qui avait amené le pays au bord d'un conflit comme on en avait pas vu depuis longtemps, la bourgeoisie joue cette fois la carte du dialogue avec pour seul but de faire tout rentrer dans l'ordre et confie cette tâche à Sarkozy.
Pour y arriver celui-ci tente une double opération :
  • essayer de miner le mouvement par la désinformation en laissant entendre que le CEP est mort et enterré, ce qui pourrait démobiliser les manifestants et laisser croire que l'objectif est atteint. Si cette désinformation réussit, le débat parlementaire pour voter la nouvelle loi sur le CPE étant suffisamment long ( à dessin ) cela permettra d'y faire figurer la période d'essai d'un an au lieu de deux et surtout la non motivation du licenciement ( en dehors d'un entretien purement formel ), le CPE n'aura pas été abrogé et ce sera un premier ballon d'essai qui facilitera d'autres remises en causes ( le contrat unique de travail par exemple )
  • si le mouvement social persiste et si l'intersyndicale reste unie ( ce qui semble le cas en ce moment ) jouer sur ce rapport de force pour faire abroger par la négociation la loi sur le CPE et apparaître comme un homme d'état capable de ramener par le dialogue la paix civile dans le pays et du coup couler Villepin.

Le mouvement social contre le CPE se trouve donc à la croisée des chemins et pris en étau entre deux alternatives qui risquent fort d'amener Sarkozy sur la voie royale de l'homme providentiel. Ne nous leurrons donc pas non plus sur la force de ce mouvement, s'il triomphe ( l'abrogation du CPE ) ce sera grâce à une division interne de la bourgeoisie qui hésite entre deux options.
Toutefois, nous devons gagner aussi, quelles qu'en soient les circonstances : après l'échec de la lutte sur les retraites il est un important de renouer avec la victoire même si elle est à la Pyrrhus.
Il ne faut pas s'y tromper, Sarkozy n'a nullement renoncé à sa stratégie politique sur le fond, il adapte la forme simplement, le danger est toujours là.
Restera en cas d'abrogation à construire la victoire pour aller au-delà : le CNE tout d'abord, premier objectif à abattre et bien sûr la remise en cause et la lutte contre la politique de capitalisme sauvage que l'oligarchie va essayer d'imposer par tous les moyens possibles.
L'anti-capitalisme est redevenu d'actualité car la période moderne et la mondialisation ne nous offrent que deux alternatives : le coup de force ou la régression négociée.

Libertad
Ecrit par libertad, à 21:55 dans la rubrique "Pour comprendre".



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