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Les dessous de Coronis : "Je viens brusquement de prendre conscience de la véritable raison ou plutôt nature du malaise ( tenu mais néanmoins présent ) qui me tient perplexe depuis quelques temps…
Je suis poly-sexuelle, poly-sensuelle, polyandre mais non poly-amoureuse… Ca semble tout simple énoncé ainsi, mais croyez-moi, une telle simplicité directionnelle de pensée ne s'obtient pas si facilement… D'ailleurs, alors que je l'écris, j'ai tendance à associer cette simplicité au simplisme et à me dire, dans le même temps, que c'est forcément beaucoup plus complexe au niveau psychologique… Mais bon, laissons là cette perspective, pour tenter un début de développement…
Donc, voilà une des différences fondamentales qui me sépare de Dionysos.
Voilà où l'incarnation du paradoxe vivant pose ses lézardes…
Voilà en quoi je ne suis jamais ceci ou cela.
En "langue vernaculaire" cela s'appelle "avoir le cul entre deux chaises". Mais, en réalité c'est pire que ça, je ne suis nulle part à ma place…
Au tout début de ce journal, je me suis prétendue libertine. Depuis, l'introspection a fait du chemin et même si les libertins et la notion de libertinage exerce encore sur moi une sorte d'attraction, voire de fascination, je sais aujourd'hui que je suis loin d'en posséder la trempe…
Parce que oui, il faut de sacrées dispositions pour être libertin(e).
Libertinage est indissociable de ludicité et détachement, qu'ils soient spontanés ou resultat de réflexions, qu'il soit justification d'une propension, d'une nature ou volonté d'atteindre une sorte d'absolu, d'idéal… Ou tout cela en même temps…
Parce qu'il ne faut pas croire qu'il s'agisse là d' une forme d'inconséquence…
D'ailleurs, pour ceux qui en auraient mal saisi la portée et le sens, dans une approche holistique ( il peut y avoir tant de nuances, autant que de personnalités représentatives d'ailleurs ), voici une phrase que Sade se plaisait à lancer, par boutade, à un auditoire ébahi : "La frivolité est le seul vice que je n'ai pas !"
-Fin de la citation et de la digression-
Donc, personnellement je ne suis détachée de rien et je suis loin de pouvoir me targuer de rapport ludiques aux choses, aux concepts, ou bien aux relations humaines… Il y a trop de remous, d'extrêmes en mon for qui s'expriment dans tous domaines, y compris sexuel…
Le jeu, oui, mais bien précisément circonscrit... Et non comme moteur... Mon moteur à moi c'est plutôt la passion et la compulsion ou la curiosité...
Seulement voilà, si aujourd'hui, je cesse de me proclamer libertine pour toutes ces raisons, et la certitude de ne pas l'être, j'appartiendrais alors au clan des non libertins, étiquette oblige…
Or, si je ne suis pas libertine, je ne suis pas davantage non libertine ou alors les deux tour à tour et même, mentalement synchroniquement…
Evidemment, je suis capable de multiplier les expériences sexuelles sans aucune difficulté, ou "incapacité" ( physique, émotionnelle ). Mais au final, elles ne constituent pas ce que je vis de plus fort…
L'intensité étant un objectif fondamental à mon existence. Elle se manifeste alors plus facilement dans la fantasmagorie ou le désir que dans la réalisation concrète.
De fait, je suis également capable de nourrir plusieurs fantasmes orientés sur des objets sexuels différents et par voie de conséquence, si l'occasion se présente, de vivre conjointement plusieurs histoires érotiques…
Tant qu'il ne s'agit que de cela, tout va bien.
Les problèmes apparaissent lorsque intervient l'attachement affectif, quelle que soit l'intensité du sentiment ou sa pérennité…
Je perds, alors, tout repère. Je deviens temporairement incapable de scinder l'amour du désir. Tout se mêle inextricablement.
Là, j'entends déjà certains me dire : "et alors, où est le problème ?"… Et bien, problème il y a, indiscutablement et il se love exactement à cet endroit : l'instabilité… Amoureuse, je ne suis pas davantage capable de rester fidèle, ni même de fixer ce sentiment dans quelque chose que l'on puisse apparenter au durable. Mais je suis en même temps difficilement capable d'être infidèle dans le sens sentimental du terme. Il se crée une hiérarchie tacite, ambivalente, alternative et consécutivement un tiraillement entre les deux tendances...
Si je tente de scanner objectivement et diachroniquement mon évolution affective, sur un laps de temps assez large, ça donne deux séquences distinctes et cyclothymiquement réversibles : périodes de relations monoandres dans une perspective sentimentale ( même en l'absence de projet social ), séparées entres-elles par des intervalles "masculin ( féminin )-pluriel" placé sous le signe du divertissement et de la mobilité. Justement parce que les deux cohabitent mal, et, que, très recemment la tentative inconsciente de fusion, s'est révélée assez équivoque au niveau de l'implication psychologique.
Voilà, pour schématiser, l'association est possible mais non optimale. Et au bout du compte une des deux tendances prendra l'ascendant sur l'autre c'est évident, ou il y aura transfert d'affection…
Bon, j'ai mis des mots sur un paradoxe et non qu'il ne soit encore présent, du moins est-il identifiable et identifié…
Pour le reste advienne ce que doit…
Coronis Coronis