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Han Ryner : Petit Manuel Individualiste, Chapitre IV

De la Société

N'ai-je de relations qu'avec des individus isolés ?

J'ai des relations non seulement avec des individus isolés, mais aussi avec divers groupes sociaux et, d'une façon générale, avec la société.

Qu'est-ce que la société ?

La société est la réunion des individus pour une oeuvre commune.

Une oeuvre commune peut-elle être bonne ?

Une oeuvre commune peut être bonne, à de certaines conditions.

A quelles conditions ?

L'œuvre commune sera bonne si, par amour mutuel ou par amour de l'œuvre, les ouvriers agissent tous librement, et si leurs efforts se groupent et se soutiennent en une coordination harmonieuse.

En fait, l'œuvre sociale a-t-elle ce caractère de liberté ?

En fait, l'œuvre sociale n'a aucun caractère de liberté. Les ouvriers y sont subordonnés les uns aux autres. Leurs efforts ne sont pas les gestes spontanés et harmonieux de l'amour, mais les gestes grinçants de la contrainte.

Que concluez-vous de ce caractère de l'œuvre sociale ?

J'en conclus que l'œuvre sociale est mauvaise.

Comment le sage considère-t-il la société ?

Le sage considère la société comme une limite. Il se sent social comme il se sent mortel.

Quelle est l'attitude du sage en face des limites ?

Le sage regarde les limites comme des nécessités matérielles et il les subit physiquement avec indifférence.

Que sont les limites pour celui qui est en marche vers la sagesse ?

Pour celui qui est en marche vers la sagesse, les limites constituent des dangers.

Pourquoi ?

Celui qui ne distingue pas encore pratiquement, avec une sûreté inébranlable, les choses qui dépendent de lui et les choses indifférentes, risque de traduire les contraintes matérielles en contraintes morales.

Que doit faire l'individualiste imparfait en face de la contrainte sociale ?

Il doit défendre contre elle sa raison et sa volonté. Il repoussera les préjugés qu'elle impose aux autres hommes, il se défendra de l'aimer ou de la haïr ; il se délivrera progressivement de toute crainte et de tout désir à son égard ; il se dirigera vers la parfaite indifférence, qui est la sagesse en face des choses qui ne dépendent pas de lui.

Le sage espère-t-il une meilleure société ?

Le sage se défend de toute espérance.

Le sage croit-il au progrès ?

Il remarque que les sages sont rares à toute époque et qu'il n'y a pas de progrès moral.

Le sage se réjouit-il des progrès matériels ?

Le sage remarque que les progrès matériels ont pour objet d'accroître les besoins artificiels des uns et le travail des autres. Le progrès matériel lui apparaît comme un poids croissant qui enfonce de plus en plus l'humanité dans la boue et dans la peine.

L'invention des machines perfectionnées ne diminuera-t-elle pas le labeur humain ?

L'invention des machines a toujours aggravé le travail. Elle l'a rendu plus pénible et moins harmonieux. Elle a remplacé l'initiative libre et intelligente par une précision servile et craintive. Elle a fait de l'ouvrier, jadis maître souriant des outils, l'esclave tremblant de la machine.

Comment la machine, qui multiplie les produits, ne diminue-t-elle pas la quantité de travail à fournir par l'homme ?

L'homme est avide et la folie des besoins imaginaires grandit à mesure qu'on la satisfait. Plus l'insensé a de choses superflues, plus il veut en avoir.

Le sage exerce-t-il une action sociale ?

Le sage remarque que, pour exercer une action sociale, il faut agir sur les foules, et qu'on n'agit point sur les foules par la raison, mais par les passions. Il ne se croit pas le droit de soulever les passions des hommes. L'action sociale lui apparaît comme une tyrannie, et il s'abstient d'y prendre part.

Le sage n'est-il pas égoïste d'oublier le bonheur du peuple ?

Le sage sait que ces mots : "le bonheur du peuple" n'ont aucun sens. Le bonheur est intérieur et individuel ; on ne peut le produire qu'en soi-même.

Le sage n'a donc pas pitié des opprimés ?

Le sage sait que l'opprimé qui se plaint aspire à devenir oppresseur. Il le soulage dans la mesure de ses moyens, mais il ne croit pas au salut par l'action commune.

Le sage ne croit donc pas aux réformes ?

Il remarque que les réformes changent les noms des choses, non les choses elles-mêmes. L'esclave est devenu le serf, puis le salarié. On n'a jamais réformé que le langage. Le sage reste indifférent à ces questions de philologie.

Le sage est-il révolutionnaire ?

L'expérience prouve au sage que les révolutions n'ont jamais de résultats durables. La raison lui dit que le mensonge ne se réfute pas par le mensonge et que la violence ne se détruit pas par la violence.

Qu'est-ce que le sage pense de l'anarchie ?

Le sage regarde l'anarchie comme une naïveté.

Pourquoi ?

L'anarchiste croit que le gouvernement est la limite de la liberté. Il espère, en détruisant le gouvernement, élargir la liberté.

N'a-t-il pas raison ?

La vraie limite n'est pas le gouvernement mais la société. Le gouvernement est un produit social comme un autre. On ne détruit pas un arbre en coupant une de ses branches.

Pourquoi le sage ne travaille-t-il pas à détruire la société ?

La société est inévitable comme la mort. Sur le plan matériel, notre puissance est faible contre de telles limites. Mais le sage détruit en lui le respect et la crainte de la société comme il détruit en lui la crainte de la mort. Il est indifférent à la forme politique et sociale du milieu où il vit comme il est indifférent au genre de mort qui l'attend.

Le sage n'agira-t il donc jamais sur la société ?

Le sage sait qu'on ne détruit ni l'injustice sociale ni l'eau de la mer. Mais il s'efforce de sauver un opprimé d'une injustice particulière, comme il se jette à l'eau pour sauver un noyé.

Han Ryner

Ecrit par Cercamon, à 20:56 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  10
23-02-06
à 07:10

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Your blog is really very interesting.
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